Produit phare de la consommation des abonnées de sa plateforme, la saison 4 de La Casa de Papel débarquait sur Netflix, le 3 avril dernier. Après une troisième partie en demi-teinte, nous allons pouvoir découvrir si la série continue sa régression vers la telenovela ou si elle arrive à réinventer sa propre hype, qui avait fait jusqu’alors sa renommée. La réponse ne va pas vous plaire.
Au feu, les pompiers… !
La maison de papier fume. Elle est en train de flamber à tous les étages, ses rouages avec elle. Voilà, le château de cartes s’effondre, en même temps que ses personnages tournent en rond ou que les acquis de la série trouvent leurs limites. La Casa de Papel n’est plus. Où est passée la superbe tension qui existait dans les deux premières parties ? Où est cachée ce jeu si bien huilé entre les braqueurs et les policiers, qui certes n’inventait rien mais avait le privilège de tenir les spectateurs en haleine ? Pour être tout à fait honnête avec vous, personne ne le sait. Depuis le « rachat » de la série, ou du moins son prolongement forcé, par la plateforme Netflix, La Casa de Papel ne vit pas très bien son changement de producteurs. Il est nécessaire de rappeler que les deux premières parties n’étaient pas des créations Netflix mais bien un achat pour diffuser à l’internationale une série espagnole – qui a d’ailleurs été sujette à des recoupes et remontages d’épisodes par rapport à sa diffusion originelle à la télévision espagnole. Les saisons suivantes n’étant qu’une demande du désormais géant américain pour prolonger un succès qui n’avait pas pour but de continuer plus loin. Mais passons… On vous parlait déjà de la troisième saison, l’année dernière, et l’on évoquait nos craintes de devoir s’enfiler moult et moult parties qui seraient sans fin – dans le simple but de faire revenir encore et toujours les pauvres spectateurs crédules que nous sommes. On peut aujourd’hui l’affirmer sans craintes : on avait pas mal raison.
Il faut avouer, qu’à la fin de la troisième partie, nous laissions nos protagonistes cambrioleurs dans un cliffhanger haletant, un réveil brutal après une poignée d’épisodes ronflants. Il sera inapproprié de la part de la série de nous ressortir la même ficelle, et de jouer sur la même corde sensible des spectateurs accros aux rebondissements que nous sommes : et bien sûr, c’est ce qu’elle réitère. Sur les huit épisodes de cette nouvelle salve, il faudra attendre les deux derniers – soit être patients durant six premiers épisodes – pour esquisser un semblant d’avancée scénaristique et de réelles envolées de tensions et de mise en scène. C’est long. Beaucoup trop long. Mais tel est le fardeau à porter pour une histoire à rallonges et à tiroirs qui n’avait pas demandé à exister. Alors ce n’est pas pour autant désagréable à suivre, surtout qu’on se laisse avoir par l’idée que le prochain épisode ne pourra être que meilleur que le précédent… et ainsi de suite. On vous épargne le traitement des personnages qui sont amenés, chacun leur tour, à montrer des failles personnelles et tourments amoureux. L’une des qualités des débuts de la série était de faire table rase des personnalités de chacun, en leur attribuant un nom de ville pour prénom et en les traitant comme des pions d’un échiquier, où chacun avait sa fonction. L’aspect humain des personnages n’a jamais été intéressant, bien au contraire, c’était leur inhumanité qui fascinait. De même, tout le propos économique et social des premiers épisodes est perdu sur l’autel de l’égocentrisme. C’est fort dommageable, tant l’humanité de la série passait avant toute chose par cet axe social des scénarios.
De manière assez simple, il est déplorable de constater l’échec d’une plateforme aussi créative et importante que Netflix dans cette volonté de faire d’un one-shot honorable, une série sans fin – mais qui permettra de faire rentrer suffisamment de nouveaux abonnés à chaque nouvelle livraison. À ce petit jeu, on se demande vraiment si Netflix sortira gagnant de ce pari, ou si cela aura pour simple effet de faire fuir progressivement les spectateurs, un à un. De notre côté, on a choisi. La Casa de Papel restera cette série que l’on ne terminera pas. Ils peuvent braquer tout l’or du monde, c’est décidé, on cadenasse notre téléviseur à double-tour.