Dans le cadre de sa belle collection Cinéma Master Class, Elephant Films s’attarde sur la filmographie de Douglas Sirk. Notamment Capitaine Mystère, édité en DVD et Blu-Ray.
Ireland’s Call
Aux chers lecteurs de Fais Pas Genre amateurs du cinéma que nous défendons, le nom d’Elephant Films n’est certainement pas inconnu. Nous traitons régulièrement leurs sorties et pour cause : c’est un des éditeurs les plus notables à nos yeux, n’hésitant pas à se lancer dans une collection Universal Monster (chroniquée dans une grande partie mais pas intégralement) dénichant toutes les suites des Frannkenstein et autres Dracula. Cela dit Elephant Films ne se « résume » pas à ces galettes genresques, toute une place est faite à un cinéma disons plus classique, même si ça veut foutrement pas dire grand-chose selon les cinéastes. Parmi ces derniers, l’éditeur s’est particulièrement penché sur Douglas Sirk, et de manière admirable, proposant une réédition de nombre de ses films, auparavant chasse gardée de Carlotta. Dans de superbes éditions Blu-Ray et DVD, la seconde fournée des œuvres de Sirk (nous vous avions parlé il y a quelques mois du Signe du païen sur la première fournée) compte Les Amants de Salzbourg, Le Secret Magnifique et Le Capitaine Mystère, qu’on aborde précisément aujourd’hui, en presque film de cape et d’épée, sans épées.
Irlande, 1815, donc encore sous l’égide de l’Empire Britannique. Michael Martin (le comédien fétiche de Douglas Sirk Rock Hudson) est membre d’un groupe indépendantiste révolutionnaire. Plus extrême que les extrêmes, il finit par se mettre à dos ses camarades et est contraint de fuir pour échapper à la prison,, jusqu’à se retrouver par hasard en face du grand manitou de l’indépendantisme, le Capitaine Thunderbolt, qui va le prendre sous son aile et en faire son second…Tourné en 1955, Capitaine Mystère fait partie des incursions de Douglas Sirk dans des genres balisés, comme il avait tourné un péplum avec Le Signe du Païen (1954), un western avec Taza, fils de Cochise (1954) ou encore le film noir avec Jenny, femme marquée (1949), écrit par Samuel Fuller soit dit en passant et toujours inédit en France, si jamais Elephant Films nous lit (clin d’œil)…Fidèle à sa patte, Douglas Sirk utilise parfaitement son large format d’image et sait livrer un long-métrage historique proche dans l’esprit et le visuel des films de cape et d’épée que nous connaissons bien en France, la touche hollywoodienne en plus. Divertissement sans mystère, Capitaine Mystère dénote par là-même par sa légèreté, assez éloignée, quand même, de ce qui fait la sève mélancolique du cinéma sirkien d’ordinaire, et passe avec un intérêt relatif en comparaison avec le reste de son œuvre délicate et riche. Reste que les problématiques soulevées par le récit (la lute révolutionnaire, l’indépendantisme, les compromissions entre ces derniers et le pouvoir en place) ont un écho particulier à notre heure en 2017, qu’il est curieux de remarquer et de ressentir.
Parmi les bonii, au-delà des traditionnelles bandes-annonces sur les autres oeuvres de la collection Sirk et collections de la firme, Elephant Films nous propose à nouveau une présentation du film par Jean-Philippe Dionnet, assez anecdotique…Un aspect heureusement rattrapé par la featurette que je dirais surprise, un entretien avec Jean-Philippe Dionnet sur l’ensemble de l’œuvre de Douglas Sirk cette fois, mettant l’accent sur son impact sur les générations de réalisateurs ultérieures et sur nous spectateurs, livrant notamment une phrase qui m’a semblé assez pertinente : « J’ai d’abord été fasciné par Douglas Sirk, sans trop savoir pourquoi ». Ceux qui apprécient le cinéma de Hans Detlef Sierck (le nom d’origine du monsieur, allemand) comprendront.
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