Le premier opus avait fait un flop dans les salles obscures, mais connut une seconde vie avec sa sortie DVD atteignant le rang de comédie culte. Vingt ans plus tard, Ben Stiller renquille avec les aventures des plus grands mannequins ayant jamais foulé un podium. Se donnant des airs de parodie de film d’action, Derek Zoolander et Hansel sont de retour pour une affaire des plus étranges, impliquant le meurtre de célébrités (RIP Bieber & Miley).
Relax, don’t do it !
Les fans invétérés du premier film se souviennent tous du look Magnum ou du délirant défi-défilé orchestré par David Bowie. On y aimait la naïveté stupide de Ben Stiller, alias Derek Zoolander, les revers d’un monde de la mode kitsch et ridicule, doublé par un scénario absurde et assumé. Le second volet se concentre plutôt vers le film d’action/thriller, où nos deux mannequins préférés se retrouvent dans une situation délicate, aussi bien professionnelle que personnelle. Zoolander a perdu sa femme lors de l’effondrement de son centre pour les enfants qui lisent pas génial, ainsi que la garde de son fils, Derek Jr. Hansel, blessé au visage également lors de l’accident, s’est exilé au sein d’un groupe polygame, dont tous les membres sont tombés enceint(e)s de lui. Tous deux sont contactés par Billy Zane qui leur propose de défiler pour la nouvelle manitou de la mode Alexanya Atoz (méconnaissable et immonde Kristen Wiig). Les deux acceptent, Zoolander afin de récupérer la garde de son fils, Hansel pour fuir sa responsabilité de père. L’agent Valentina Valencia d’Interpol, section de la mode (sexy Penelope Cruz), entre en contact avec eux suite aux meurtres de plusieurs chanteurs pop, tous posant une photo Instagram avant leur décès en imitant l’un des fameux looks de Zoolander.
Le pitch avait de quoi lancer un deuxième film tout aussi bon et fou que le premier. Malheureusement l’influence de l’original est si forte que l’on tombe dans le recyclage de gags plus ou moins réussis. Zoolander 2 tente toutefois de s’en détacher, abandonnant les podiums et coulisses de la mode pour un thriller décalé, faisant quelque peu penser au fameux Austin Powers (Jay Roach, 1997). Le film y perd malheureusement une grande part de son intérêt, se répétant encore et encore, alors que la perspective de la découverte d’un monde de la mode plus moderne et codifié que celui des 90’s pouvait lancer un axe narratif riche en péripéties. On se contente à la place d’un personnage (TRÈS) agaçant en la personne de Don Atari (Kyle Mooney), jeune styliste en vogue enchainant mimiques et verlan sans arriver à nous faire décrocher un sourire. La séquence est toutefois sauvée par l’incroyable Benedict Cumberbatch interprétant All, un modèle transgenre dérangeant, qui malheureusement n’apparaît pas plus de 5 minutes dans tout le film (la bande-annonce montre pratiquement toute la scène), un raté presque impardonnable au vu du personnage. Le film tarde à révéler son grand méchant, qui bien sûr est parfaitement prévisible. Ainsi Jacobim Mugatu (merveilleux Will Ferrell) ne se montre qu’aux deux tiers du film. Si ses intentions sont quelque peu décevantes, on reste tout de même heureux de retrouver son style si excentrique et son phrasé mordant. Les personnages de Zoolander et Hansel ont évolué, pas dans le bon sens. Derek a perdu de sa naïveté crétine pour presque devenir odieux par moments, tandis qu’Hansel semble avoir régressé, prenant presque la place d’idiot tenue jadis par son complice.
La question se pose : est-ce drôle ? Parfois oui, parfois bof. On retiendra particulièrement quelques personnages assez insolites pour s’en souvenir, et une pub pour lait où Zoolander interprète de manière ridicule un centaure-vache. Le final reste néanmoins la partie la plus aboutie et drôle, absurde à souhait. Tout comme le premier film, Zoolander 2 puise l’un de ses atouts dans un casting en or, où un nombre impressionnant de stars issues de la pop culture enchaînent les caméos. Le final en particulier, voit l’apparition de plusieurs grandes figures de la mode, Anna Wintour, Valentino, Alexander et Vera Wang ou encore Marc Jacobs. Là où Zoolander 1 gérait plutôt bien ces apparitions jusqu’à les rendre jouissives, le deuxième volet en fait trop, beaucoup trop, nous noyant dans la masse des célébrités qui deviennent davantage de simples figurants. Sting vient prendre la place de David Bowie, personnage récurrent et comique, Derek Jr (Cyrus Arnold) surprend par son poids non pas obèse mais XL et son intelligence, et le personnage de Matilda (Christine Taylors) revient sous forme de fantôme dans des apparitions sans grand intérêt. Niveau technique, le film reste très lisse et ne prend aucun risque, adoptant montage et mouvements de caméras dignes d’un James Bond low cost. La bande-son reste l’un des points positifs, entraînante et dynamique, aux airs d’action movie moderne.
Zoolander 2 manque de fraîcheur et de souffle, là où le premier film réussissait dans la comédie ridiculement stupide mais pas autant qu’on pourrait le croire. Ce second opus manque le coche d’un univers fashion plus riche que le précédent, pouvant parfaitement constituer un scénario solide et pas forcément redondant. On regrette l’époque où l’on frétillait à l’idée d’assister à un défi-défilé, regrettable grand absent. Zoolander 2 est le genre de suite tout juste sympa, amusante mais pas immanquable, dont on gardera un souvenir mitigé.