Totalement inédit en vidéo chez nous depuis sa sortie dans les salles en 1980, Terreur Extraterrestre ressort chez Crocofilms, une nouvelle maison d’édition vidéo qui remet en lumière des films d’exploitation oubliés. Forcément, on approuve.
Rencontre d’un certain type à éviter…
Rencontre d’un certain type à éviter. C’est ainsi que l’affiche française vendait le film à sa sortie et cela correspond particulièrement bien à Terreur extraterrestre, mauvais film de science-fiction mâtiné de slasher, sorti aux Etats-Unis sous le titre Without Warning et réalisé par Greydon Clark, l’un de ses hommes à tout faire du cinéma d’exploitation, tantôt scénariste, tantôt acteur, tantôt réalisateur – il a même produit l’un des films les plus nuls de tous les temps que nous vous avions déjà chroniqué, le mythique Hobgoblins (Rick Sloane, 1988). Sorti une année après le culte Alien de Ridley Scott (1979), le film tente de surfer sur la vague de terreur extraterrestre que le film susnommé a lancé, s’amusant à citer la fameuse scène du chat qui surgit de l’ombre dans un grand miaulement terrifiant. Mais plutôt que de réutiliser l’univers métallique, poisseux et organique créé par Ridley Scott, le film réemploie plutôt les ressorts scénaristiques et visuels des vieux films d’invasions d’aliens des années 50/60 qui pullulaient à Hollywood.
L’histoire est simple, car elle reprend les codes habituels de ce type de production. Une séquence d’introduction nous présente les fameux extraterrestres du titre, et leur mode opératoire. Ils attaquent avec des mini soucoupes volantes sangsues. Des créatures qui, après avoir atterri sur leurs cibles, sont assez convaincantes et dégoûtantes – Cronenberg ne les auraient pas reniées – mais leur arrivée tonitruante est si ridicule – elles tournoient à toute vitesse, bien aidées par des fils de pêche largement apparents – qu’on ne peut pas s’empêcher de sourire à chacune de leurs apparitions. Dès lors, tous les clichés du film d’horreur se suivent : l’action se déroule dans une campagne reculée ; une bande de jeunes cons stéréotypés y tombe en panne d’essence ; la station essence se révèle être une maison de chasseurs particulièrement inquiétante avec des trophées de têtes d’animaux aux murs ; le chasseur leur dit : « Vous ne devriez pas aller là-bas les enfants, la chasse est ouverte… j’dis ça j’dis rien » ; les jeunes disparaissent un à un dans des conditions mystérieuses et sont retrouvés les yeux dégoulinants de jaune d’œuf alien ; la voiture ne démarre pas au moment de s’enfuir, puis ils finissent par trouver de l’aide auprès d’une bande de rednecks locaux qui vont se liguer avec eux contre la menace alien.
Au casting, au milieu d’une foule d’inconnus, on retrouve quelques poids lourds tels que Martin Landau qui prend très au sérieux son rôle de militaire à la retraite qui prophétise une future invasion extraterrestre ou Jack Palance coiffé comme un Cherokee et qui s’arrache les aliens-sangsues de la jambe au couteau sans même pousser un râle de douleur. On retrouve aussi, dans un tout petit rôle de rouquin en mini-short moulant, un certain David Caruso qui commençait là sa carrière avant de devenir mondialement célèbre pour ses retirages de lunettes ultra-cool dans Les Experts : Miami. Mais plus amusant encore, le grand méchant du film, un impressionnant Alien (sic) qui saigne de la pisse et lance ses serviteurs sangsues-aliens comme des frisbees est interprété par un certain Kevin Peter Hall. Son nom ne vous dit rien ? Et pourtant, l’homme a joué sept ans plus tard l’un des plus célèbres extraterrestres de l’histoire du cinéma, le fameux Predator dans le film homonyme de John McTiernan. L’histoire ne dit pas si McTiernan avait été impressionné par sa performance en Alien du pauvre dans Terreur Extraterrestre avant de penser à lui pour le laisser se glisser dans son costume de monstre aux dreadlocks.
Le film étant totalement inédit en vidéo depuis sa sortie en salles en 1980, on n’en voudra pas à Crocofilms de nous proposer uniquement une version française et pas de version originale sous-titrée. Idem pour l’image et le son, difficile de juger à mal la qualité, tant on imagine que le master numérisé pour réaliser cette nouvelle édition a dû être compliqué à trouver. Rien d’inquiétant néanmoins, puisque l’on est loin d’une qualité déplorable. Disons que l’on a déjà vu bien pire, par des éditeurs non-indépendants, et pour des films beaucoup moins rares. Du côté des bonus, on aura le plaisir de retrouver une brève présentation du réalisateur qui revient sur l’aventure de son film et se vante d’avoir inspiré Predator (Arnold Schwarzenegger l’aurait lui même avoué) ainsi qu’un petit historique du film d’extraterrestre par Stéphane Leroux, chroniqueur chez nos confrères d’un mauvais genre du site Agressions Animales. Le tout complété par un petit court-métrage amateur offert en en-cas et intitulé Heroes of the Dark – Planet of Shadows, dont la vision est dispensable. Vous l’aurez compris donc, pour tous les amateurs de soirées nanars, de films d’exploitation un peu rares, Crocofilms risque vite de devenir l’un des éditeurs phares. Nous ne manquerons pas de vous chroniquer leurs prochaines sorties.