Taram et le Chaudron Magique 1


Méprisé par la critique et les fans en son temps, Taram et le chaudron magique est considéré encore à ce jour comme le plus gros échec financier et artistique des studios Disney. Jugé trop sombre par certains, le film était tombé dans l’oubli depuis presque trente ans. Cependant, on assiste depuis quelques années à l’émergence d’une communauté de fans autour de ce film qui considère qu’il a été simplement trop en avance sur son temps. À l’occasion de notre dossier, penchons-nous un peu plus sur ce métrage, et tentons de le réhabiliter.

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Réhabiliter Taram et le Chaudron Magique

Avant de parler du film en lui-même, il est important de rappeler le contexte dans lequel il a été produit. Au début des années 1980 – et ce, depuis la mort de Walt Disney – l’entreprise n’avait plus produit de succès comme pendant son fameux âge d’or. Pour renflouer les caisses, les producteurs décidèrent étonnamment de faire un film qui allait à l’encontre des standards de la maison. Le héros ne sera pas une princesse mais un jeune homme, et surtout, il n’y aura aucun passage chanté. C’est le scénariste Ted Berman qui, après avoir lu Les chroniques de Prydain, propose d’en faire une adaptation. Le scénario narre les aventures du jeune Taram blackc2souhaitant empêcher le Seigneur des Ténèbres de s’emparer du chaudron noir, un puissant artefact ayant le pouvoir de ramener les morts à la vie. Le film entre en production dès l’année 1971 mais sera interrompu un temps, faisant les frais des nombreux problèmes financiers auxquels Disney doit faire face. Ce n’est qu’en 1982 que le projet est relancé et après deux ans de travail, le film sort enfin mais sera un échec cuisant qui faillit ruiner la firme aux grandes oreilles – il faudra attendre 1989 et le film La Petite Sirène pour que Disney entame enfin un nouvel âge d’or.

Avec notre regard d’aujourd’hui, que vaut le film ? A vrai dire, bien qu’il souhaite s’éloigner des standards de Disney, Taram et le Chaudron Magique est finalement rattrapé par les codes de la maison mère. Nous verrons tous cela en tant voulu mais pour l’instant, voyons le film comme s’il n’avait pas été réalisé par l’empire de Mickey. On remarquera d’abord que Taram et le Chaudron Magique reprend parfaitement les thèmes classiquement alloués à l’heroic fantasy. Le postulat du jeune héros, paysan rêvant d’aventure, est un lieu commun du genre qui est ici poussé jusque dans ses derniers retranchements – il se vante tout le temps d’être un futur héros. On comprend rapidement quelles seront les idées brassées par ce film : courage, abnégation, confiance en soi… Mais là où le bât blesse, c’est qu’elles sont très mal introduites dans le film. En effet, comme je le disais précédemment, en voulant se détacher de l’esprit Disney, le film réussit quand même à s’y enfoncer. Prenons le personnage de la princesse Éloïse, elle Black-cauldron-disneyscreencaps_com-1768n’est ici qu’une simple demoiselle en détresse comme on en trouve dans la plupart des productions Disney, ce qui par conséquent lui fait sacrément perdre en profondeur. De plus, on ne peut pas parler de Taram et le Chaudron Magique sans parler des personnages animaliers. En exceptant Tirelire (le petit cochon) qui a une réelle importance dans le scénario, les autres animaux sont totalement inutiles à l’histoire – surtout le chien Gorki – et ne servent qu’à divertir le spectateur.

Pour le reste, et notamment sa mise en scène, difficile de blâmer le film. L’animation est soignée,  d’une extrême finesse, et Disney tente de nouvelles choses, bien que son scénario soit, comme on l’a souvent dit, très sombre – il s’agit du premier film de Disney où l’on voit du sang ! On retrouve même des occurrences avec le chef-d’œuvre Fantasia (1940) – en particulier le personnage du Seigneur des Ténèbres, écho évident au démon Chernabog du segment Une Nuit sur le Mont Chauve. On notera de plus que le film se veut plus adulte que ses pairs, dans sa description des personnages particulièrement. La plupart des antagonistes que Taram croise durant sa quête ne sont pas dans la caricature du bon ou du méchant comme l’a souvent fait Disney, mais ont tous une personnalité très complexe. Certaines séquences, très impressionnantes, sont d’une extrême dureté pour le jeune spectateur – voir la scène de l’enlèvement de Tirelire, chroniqué en ces lieux – et marquent durablement les esprits, bien aidées, il faut le dire, par les incroyables décors, en particulier le château du Seigneur des Ténèbres, donjon d’aspect malsain.

Bien qu’ayant quelques longueurs et bons nombres de défauts, Taram et le Chaudron magique, film à part et hors pair dans la longue filmographie des studios Disney, par bien des aspects, mérite d’être réhabilité comme l’un de ses classiques de l’animation (un peu trop) oublié.

 


A propos de Freddy Fiack

Passionné d’histoire et de série B Freddy aime bien passer ses samedis à mater l’intégrale des films de Max Pécas. En plus, de ces activités sur le site, il adore écrire des nouvelles horrifiques. Grand admirateur des œuvres de Lloyd Kauffman, il considère le cinéma d’exploitation des années 1970 et 1980 comme l’âge d’or du cinéma. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rZYkQ


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