Conte macabre signé par un des maîtres de l’horreur Tom Holland Rimini Editions nous propose de (re)découvrir La peau sur les os (1996) pour la première fois en DVD et en Blu-Ray. Une adaptation fidèle au roman original de Stephen King, mais qui manque de l’ambition artistique de s’en démarquer.

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A la diète

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Qu’on se le dise, Stephen King est sans doute l’un des plus grands romanciers fantastiques de l’époque contemporaine. Si beaucoup d’auteurs ont prétendu à ce titre au cours des dernières décennies, Stephen King a toujours réussi à se distinguer de ses pairs par une originalité à toute épreuve. Non seulement il sait écrire des personnages attachants en dépit de leurs défauts, mais il parvient aussi à susciter l’horreur dans les choses les plus banales. Avec son style d’écriture très visuel, il était évident que le cinéma allait s’intéresser à ses œuvres. Depuis les années 1970s, on a vu poindre sur nos écrans des multitudes adaptations de ses travaux, tandis que peu ont réussi à transcender le matériau original. La peau sur les os (Tom Holland, 1996) représente assez bien les défauts des adaptations des romans du maître qui ont pullulé dans les années 1990 : productions sans âme qui se contentent de retranscrire le récit sans en tirer la substantifique moelle.
Pourtant avec son scénario narrant les mésaventures de Bill Haleck, un avocat obèse maigrissant à vue d’œil à la suite d’une malédiction, La peau sur les os aurait pu amener une réflexion intéressante sur la société américaine. Parler du rapport à la nourriture quand on connaît les problèmes d’obésité qui frappent les États-Unis, aurait pu être un angle d’approche pertinent. Hélas le long-métrage n’en fait rien. Il n’y a aucune fulgurance dans le scénario, aucune idée qui permet d’exploiter le potentiel du concept. Certes, on pourrait arguer que les maquillages et les effets spéciaux sont particulièrement réussis, comme en témoigne la transformation du personnage au fil du récit (le maquillage de Robert John Burke nécessitait cinq heures de travail). Cependant, si ceux-ci sont spectaculaires, ils sont gâchés par une direction artistique trop hasardeuse et une mauvaise gestion de la tension dramatique. De plus, même le côté anti-héros du personnage principal est mal exploité. Si dès le début, le personnage est présenté comme antipathique, à aucun moment la narration n’exploite cela.. Pour bien comprendre ce que cela implique, il faut faire un aparté sur l’œuvre originale. Dans le roman, tout l’intérêt du récit réside dans cette course contre la montre du personnage principal qui essaie de mettre fin à la malédiction. L’auteur arrive à retranscrire les peines du personnage principal et la gravité de sa situation. Avec son style très particulier, Stephen King parvient à nous décrire avec précision l’état de décrépitude dans lequel Bill se trouve, sans négliger son aspect anti-héros du qui ressort très bien : le personnage de Bill Haleck est hypocrite, malfaisant et on comprend qu’il méritait son sort.
Tom Holland, n’arrive jamais à retranscrire cela. Il n’arrive pas à donner du corps à ses personnages, beaucoup trop inexistants pour susciter la moindre tension. L’un des exemples les plus visibles, c’est le final anti-climatique et complètement bâclé qui aurait gagné à être plus développé. Le scénario n’est d’ailleurs guère aidé par une mise en scène beaucoup trop molle. Si Stanley Kubrick avait réussi à s’emparer du livre Shining pour proposer une expérience à la fois visuelle et auditive, à l’instar de Christine de John Carpenter (1983) quitte à prendre des libertés avec le récit, Tom Holland, pourtant réalisateur des excellents Vampire vous avez dit vampire (198) et Jeux d’enfants (1988), ne semble pas prendre de risque. La mise en scène est plate et n’offre aucune proposition originale. D’ailleurs, on a parfois davantage l’impression de se trouver face à un long épisode des Contes de la Crypte (1989-1996) qu’à un film sorti en salle… Malgré un beau coffret sur le plan plastique, étonnement Rimini Editions ne compense pas les défauts du film avec une multitude de bonus : aucun supplément, si ce n’est – ce qui n’est pas négligeable – le livret d’une vingtaine de pages rédigé par Marc Toullec.