Envisagé pour prendre la suite de la saga Pirates des Caraibes (2003-2017), focus sur John Carter (Andrew Stanton, 2012) – adaptation du roman Une Princesse de Mars de Edgar Rice Burroughs – qui s’est révélé être l’un des plus grands échecs de Disney au box-office. Pourtant, au delà de ses défauts, le film ne méritait clairement pas son désaveux public.
Une Autre Planète
Qu’on se le dise, le début de la décennie n’a pas commencé sous les meilleurs auspices pour les studios Disney. Si à la fin de la décennie précédente le studio a réalisé des investissements lucratifs en faisant l’acquisition de Marvel et de Pixar, il peine à lancer de nouvelles franchises. Ainsi, les productions Milo Sur Mars (Simon Wells, 2011), John Carter (Andrew Stanton, 2012) et Lone Ranger, Naissance d’un Héros (Gore Verbinski, 2013) se sont tous révélés être d’énormes échecs publics. Ces déconvenues sont d’autant plus préoccupantes qu’à cette époque, le studio était en pleine mutation. En effet, Disney venait de débuter la phase 1 du Marvel Cinematic Universe et cherchait à s’ouvrir à un nouveau public par la production de films plus « matures ». John Carter s’inscrit dans cette stratégie en voulant proposer un spectacle différent des anciennes productions Disney. Il narre les aventures de John Carter, ancien officier de la guerre de Sécession qui se retrouve téléporté sur Mars. Sur la planète rouge, s’affronte les habitants de Hélium et les Zodanga. Sur le papier ce John Carter avait tout pour plaire : adaptation d’un classique de la science-fiction qui a redéfini le genre, un budget à la hauteur du projet et un réalisateur solide aux commandes. Coté coulisses hélas, l’objet a souffert d’une campagne marketing désastreuse qui l’a vendu comme un film d’aventure bourrin et de rumeurs non fondées (dépassement de budget, sabotage de la part du studio…) qui ont enterré sa réputation auprès du public avant même sa sortie en salles.
Il faut dire que le film n’est pas exempt de défauts, bien au contraire. L’un de ses plus gros problèmes est son rythme. Bien que les personnages de John Carter et de Dejah Thoris soient très bien développés les autres personnages, Tas Tarkas et Sab Kahn pourtant essentiels dans le récit font de la figuration. A cause de cela, on a du mal à pénétrer dans l’univers et à en comprendre les enjeux. Ce soucis de rythme rend, par ailleurs, confuse la mythologie que le récit essaie de développer. En effet, malgré les nombreuses scènes d’expositions, on a du mal à comprendre l’histoire sans une recherche extérieure. Le deuxième problème majeur est la romance entre Dejah Thoris et John Carter : à aucun moment on ne voit se tisser un lien entre eux et leur romance paraît peu crédible. D’ailleurs le personnage de John Carter apparaît plus proche de Sola que de Dejah Thoris.
On a souvent reproché ) John Carter of Mars son manque d’originalité. Pourtant, il s’agit là d’une erreur de jugement. En effet, comme dit plus haut, le roman est un classique qui a redéfini le genre de la science-fiction. Par conséquent, certains éléments du récit ont été repris par d’autres auteurs voir plagiés ; il n’est donc pas étonnant que certaines scènes vous rappelle d’autres œuvres de science-fiction. Au demeurant, si certains poncifs apparaissent éculés aujourd’hui (le héros quasiment surpuissant, la demoiselle en détresse…) ils étaient novateur lors de la parution du récit original et il aurait donc été difficile de modifier certains éléments du scénario sans trahir la pensée de l’auteur. Malgré ces défauts, qu’on ne peut nier, le long-métrage possède toutefois beaucoup de qualités. Andrew Stanton – qui est fan des romans originaux – montre un profond respect pour l’univers qu’il développe. Alors qu’on pouvait s’attendre, avec le matériaux de base, que le réalisateur tombe dans de l’humour à la Marvel en se moquant de sa matrice, il fait preuve d’un grand sérieux dans le développement de sa mythologie. Par ce choix, les différentes intrigues apparaissent crédibles et on ne peut qu’être embarqué dans les scènes de batailles. De plus, le réalisateur a su mettre brillamment en scène la mise en abyme qui était présente dans le récit original tout en rendant un hommage salutaire à l’auteur. On ne peut que regretter que ce John Carter of Mars ne soit pas aussi réussi qu’il n’aurait pu/dû l’être, car si cela fut le cas, nul doute que le Disney que l’on connaît aujourd’hui ne serait pas tout à fait le même, et peut-être, sûrement, plus aventureux.
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