Deux ans après Chair de Poule – Le film (Rob Letterman, 2015) que nous avions adoré, ce salopard de Slappy (le pantin maléfique), revient pour Halloween avec un plan diabolique dans Chair de Poule 2, les fantômes d’Halloween (Ari Sandel, 2018). Pour notre plus grand plaisir ?
Slappy, Fais moi peur !
Dans une petite ville américaine typique, habite Sarah (Madison Iseman, qu’on a vu dans l’atroce et oubliable Jumanji : Welcome to the jungle, Jake Kasdan, 2017) une adolescente atteinte du syndrome de la page blanche alors qu’elle doit rendre un essai sur la peur, pour rentrer à l’université. Ce n’est pas de chance. Son Frère Sam (Jeremy Ray Taylor, le petit Ben dans Ca I et Ca, chapitre II, Andy Muschietti, 2017 et 2019), un gamin un peu pataud dont le passe-temps préféré est de créer des court-jus, et l’ami de ce dernier, Sonny, qui lui, est plus débrouillard, décident de monter une petite entreprise de ramassage d’ordures, afin de trouver des trésors. Vous le voyez venir n’est-ce pas ? “L’événement” Chair de Poule, le déclencheur des péripéties que connaîtront nos héros. C’est donc en collectant des ordures dans un manoir abandonné, que les deux amis tomberont sur un manuscrit Chair de Poule, qu’ils ouvriront sans plus attendre. Comme dans le premier film, l’ouverture de ce livre libérera un monstre, et pas n’importe lequel : Slappy, cet enfoiré qui hante encore nos cauchemars d’adultes. Le diabolique pantin veut, cette fois-ci, faire partie d’une famille et avoir une maman. Si ce souhait est mignon, Slappy ne l’étant pas vraiment, souvenez-vous, cela va forcément partir en vrille. Et si cette histoire ne vous dit rien, ce n’est pas parce qu’elle n’a jamais été traduite en français, mais qu’il s’agit d’un Chair de Poule inachevé, le tout premier des manuscrits de R. L. Stine « Les fantômes d’Halloween ». En tout cas c’est ce qu’on raconte dans le film. Pour avoir une famille et une maman, Slappy réveille toutes les décorations de la fête des Morts, les déguisements deviennent vivants et les nains de jardins plus féroces que jamais. R. L. Stine justement, est appelé à la rescousse par le trio, et débarque après la bataille, mais permet à notre bien-aimé Jack Black de cachetonner pour cinq minutes d’apparition. Ces cinq minutes agréables qui font admettre à ce personnage que « son » style des débuts était très cliché et convenu – comme le long-métrage – et que le coup du ballon rouge du clown de Ca c’était bien son idée ! Souvenez-vous, la force du précédent opus était la rancœur de R.L Stine contre Stephen King qu’il accusait d’avoir fait sa célébrité en lui ayant volé ces idées. Mais dans cette aventure avant l’arrivée inutile de R.L Stine, les adolescents ne sont pas si seuls que ça, et sont aidés par un voisin quarantenaire des plus suspicieux, fou d’Halloween, membre du fan club des Chair de Poule, célibataire endurci proposant des bonbons aux enfants et de faire un tour dans sa cave. Si je n’ai absolument rien contre les quarantenaires célibataires – ce sont mes préférés – ceux qui ont des caves aux merveilles me font tiquer. Les sous-entendus sont peut-être dus au doublage français – on y reviendra – ou peut-être seulement destinés aux parents qui risquent de trouver le temps long devant ce produit vraiment destiné aux enfants. On retrouve également brièvement le vrai R.L. Stine, qui ne se peut s’empêcher des caméos, en proviseur cette fois-ci. En bref, tout se termine bien et rapidement, excepté le traditionnel cliffangher propre aux Chair de Poule.
Loin d’être aussi abouti que le premier film, Chair de Poule 2: Les fantômes d’Halloween ne démérite pas en bonne comédie d’horreur familiale. Malheureusement le doublage français est passablement honteux et irritant, Slappy étant doublé par le, lui aussi, passablement honteux et irritant, Jeff Panacloc, ce qui n’était pas le cas dans le premier épisode – Slappy, dans ce dernier uniquement, étant en VO doublé par Jack Black ce qui n’est pas anodin, car le pantin se considérait comme double de l’auteur et fils légitime qu’il fallait affronter. L’humoriste français rend un peu stupide le diabolique pantin en singeant, non sans peine, le doublage français de The Mask (Chuck Russell, 1994), à grand coup de « Splendiiiide » et de rires cartoonesques gênants, comme un hommage raté. En bref, alors qu’on pouvait y aller un peu à reculons, après avoir vu la bande-annonce d’un niveau amateur et l’affiche très moche qui a le mérite de ne pas mettre Jack Black en avant (alors qu’ils auraient pu) Chair de Poule 2 : Les fantômes d’Halloween, reste un divertissement raisonnable aux faux-airs d’un téléfilm Disney Channel, devant lequel on prend d’ailleurs, en tant qu’adultes, un peu plus de plaisir que devant La prophétie de l’horloge (Eli Roth, 2018) – également avec notre ami Jack Black qui commence à se spécialiser dans cette nouvelle génération de films familiaux – même si clairement, ce deuxième volume – et on espère le dernier – n’arrive jamais à la cheville du premier récit.