Après avoir signé les scénarios des quatre derniers opus de la saga Saw (2004-2010) et réalisé le dyptique The Collector (2009) et The Collection (2012), Marcus Dunstan revient avec The Neighbor, thriller haletant et alléchant sur le papier. Fais Pas Genre vous dit ce qu’il en est réellement.
Querelle de voisinage
Comme énoncé plus haut, The Neighbor est le nouveau film de Dunstan en tant que réalisateur après les intrigants et efficaces The Collector et The Collection. Rassemblant la même équipe dont le co-scénariste Patrick Melton – collaborateur de toujours de Dunstan – et l’acteur Josh Stewart, héros de ces deux précédents efforts, Dunstan se remet au travail avec l’envie d’explorer d’autres horizons avec l’histoire de John, vétéran et intermédiaire dans les trafics du caïd local et oncle. Ce dernier n’a qu’un seul rêve : tout quitter pour se la couler douce avec sa compagne Rosie. Alors que le grand jour arrive, John constate que cette dernière a disparu. Se rendant chez son voisin pour savoir si il ne l’a pas aperçu mais aucune réponse. Il pénètre par effraction dans la maison et va découvrir que son voisin n’est pas ce qu’il prétend être.
Réalisateur habile et ayant créé une filmographie jusque-là cohérente, les deux premiers méfaits de Dunstan que sont The Collector et The Collection puisaient beaucoup dans son travail de scénariste sur les films Saw. Le dyptique peut être vu comme du néo-slasher teinté d’une perversité et d’un esprit de jeu sadique que Jigsaw en personne n’aurait pas renié. On retrouve la même démarche dans The Neighbor qui puise des éléments dans ces deux premières réalisations entre autres mais dans un contexte et un genre différent ; c’est un peu The Collector chez les rednecks. En effet, exit la figure silencieuse, menaçante et supposée increvable des films et place à un antagoniste humain avec des motivations bien définies au pourquoi de ses actions dans un récit assez similaire – un criminel en bas de la chaîne qui se retrouve confronté à quelqu’un de bien pire que lui – mais Dunstan opère un changement en décidant d’ancrer l’histoire dans le genre du thriller plutôt que dans l’horreur. Le but est de créer de la tension et non provoquer la peur chez le spectateur.
Le film prend son temps pour introduire les personnages principaux et le monde qui les entoure – la petite vie du couple, les tensions entre John et son Oncle et la préparation du départ – le tout dans le cadre peu flatteur du Midwest. Si cette première partie est un peu longue et assez téléphonée, la disparition de Rosie fait basculer le film dans le thriller. Avec une mise en scène peu originale mais astucieuse, Dunstan parvient à créer de bons petits moments de tension ainsi que des scènes assez gores sans pour autant tomber dans l’outrance. Le réalisateur s’éclate à nous balader – on n’arrête pas de se poser la question de qui va mourir – dans une seconde partie beaucoup plus rythmée jusqu’à un final convenu mais pas pour autant inintéressant.
Mais le film souffre quand même de sa première partie, bien trop longue ainsi que de quelques partis pris visuels ne fonctionnant qu’à moitié. Si la photographie du film en 16mm avec ses noirs profonds, collés, et son grain si particulier donne un look au film invoquant le Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) ou The Devil’s Reject (Rob Zombie, 2005) et tente de retranscrire la décadence dans laquelle les personnages sont plongés, elle manque quand même de mordant dans des cadrages qui ne semblent pas toujours exploiter au mieux les décors du film. La présence de plans en Super 8, intéressante esthétiquement parlant dans le générique de début, vient parfois parasiter le métrage, créant un point de vue qui parfois ne semble venir de nulle part et cassant le rythme de certaines scènes. Divertissant et rondement mené, The Neighbor est un bon petit film qui nous prend par la main et nous emmène avec lui mais qui ne renouvelle pas le genre. Une œuvre honnête mais qui nous laisse sur notre faim.