The Great Ecstasy of Robert Carmichael 1


Sorti sur les écrans en 2006, The Great Ecstasy of Robert Carmichael est un long-métrage britannique de Thomas Clay. Portrait d’adolescents paumés des classes moyennes du nord de l’Angleterre, prisonniers d’une ville côtière grise, qui s’évadent dans la drogue et la violence, sur fond de guerre en Irak. Sujet délicat donc, que le (très) jeune réalisateur aborde sans rappeler Haneke, ou même Elephant (Gus Van Sant, 2002).

L'acteur Daniel Spencer cadré en rapproché-poitrine entre deux rideaux, derrière une fenêtre dans le film The Great Ecstasy of Robert Carmichael.

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Sade et moi

Le jeune Robert (Daniel Spencer) vient d’une famille relativement bourgeoise, joue du violoncelle et se masturbe en lisant Les 120 jours de sodome du Marquis de Sade. Il prend régulièrement de la drogue et bien qu’il paraisse timide et semble être le loser de sa classe, il traîne avec les bad boys du lycée. Musique classique, réalisation glaciale : le film n’est tourné qu’en plans larges, ou plans américains… Aucun gros plan (du moins presque) ! On ressent alors réellement la monotonie de la vie de ces personnages, dont le quotidien se résume à traîner, boire et se droguer. Larry, le cousin d’un des amis de Robert, rejoint alors le petit groupe après être sorti de prison, mais même les scènes d’extérieur nous font ressentir l’enfermement. Une fois “Super Larry” en scène, les choses s’accélèrent : fini les joints et place à l’ecstasy et aux lignes de coke.

Thomas Clay semble d’abord nous dire que la délinquance s’engendre aussi bien dans l’aisance que dans l’ignorance et la pauvreté (rien de nouveau, vous me direz). Mais le véritable propos de son œuvre se traduit par la scène de viol la plus invraisemblable de l’histoire du cinéma (totalement suggérée, en plan séquence, où la caméra effectue un panoramique circulaire…) : Robert et un de ses amis sont dans la pièce d’à coté, drogués, regardant la télé (un discours agaçant de Tony Blair). Le point de vue ne changera jamais, nous n’entendons que les cris de la fille. Robert est alors le témoin consentant de cet acte. Il ne réagit pas. Assister – laisser faire – accepter : ce qui déclenche la violence c’est l’acceptation de la violence, nous dit Thomas Clay.

Les adultes (professeurs, parents…) étant quasiment absents du récit ou alors inutiles, Robert Carmichael pète totalement les plombs. Sa première scène de violence, qui n’arrive qu’après pas loin de 50 minutes de film, nous tombe dessus sans prévenir, de plus qu’elle n’est amenée par aucun élément visuel ou musical. Elle survient d’un seul coup, comme ça, lors du tournage du film scolaire (sorte de remake de Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg). D’ailleurs le thème de la guerre est un sous-texte très présent durant tout le long-métrage. C’est le début de la descente aux enfers pour le jeune homme. The Great Ecstasy of Robert Carmichael devient progressivement plus sombre (aussi bien visuellement que moralement)… jusqu’à la “grande extase” de la fin ! Clay cède surement un peu trop à la facilité dans sa dernière séquence choc, même si parfaitement maîtrisée. Peut-être nécessaire pour un premier film ? Marquer les esprits ? Lancer la polémique ? Suggérée ou dévoilée, le réalisateur nous offre différentes représentations de la violence, chacune maîtrisée avec brio. Puceau, solitaire, sans père, en manque d’affection et d’amitié… A travers ce tourbillon de sexe, de violence et de drogue, ce que cherche Robert Carmichael c’est avant tout… Le bonheur.


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