Adapté d’un poème espagnol un peu morbide signé Gustavo Adolfo, ce film de Jess Franco, l’un des grands maîtres du nanar, devait initialement s’appeler La Nuit des Étoiles Filantes, car pour la faire court, dans ce film, il n’y a ni vierge, ni morts vivants.
La Malédiction du Grand Phallus
Comme souvent dans l’industrie du cinéma bis, les producteurs se permettent pas mal de choses, le réalisateur n’est qu’un faiseur qui rend sa copie de travail comme il l’entend, mais n’est jamais étonné de la voir totalement modifier par des producteurs sans scrupules. Jesus Franco en a fait les frais, les distributeurs du film – Eurociné pour les citer – décidèrent de faire appel à Jean Rollin, le grand prêtre français des films érotiques vampiriques avec Brigitte Lahaie – et accessoirement grand ennemi de Jess Franco – pour tourner des scènes additionnelles mettant en scène des zombies. Parfois trouvable sous le titre de Christina, princesse de l’érotisme, ce film qui ne raconte donc pas l’attaque de zombies sur une pucelle apeurée, ne contient pas de scène de viol dégoutante à l’horizon, rien de tout ça, simplement l’histoire de Christina qui doit se rendre dans le château familial pour assister à la lecture du testament de son père défunt. Les membres de la famille sont tous plus étranges les uns que les autres et Christina va vite se rendre compte que ce que l’on raconte sur la demeure aux abords du village n’est pas qu’une légende.
Plus une histoire de fantômes que de morts vivants, le film de Jess Franco est un nanar de compétition qui a le mérite de faire transparaître le regard singulier de son auteur – et ce même malgré les scènes ajoutées made in Jean Rollin. On retrouve les éléments récurrents de la filmographie de Franco, l’érotisme sale, sanguinolent, le vampirisme et les phénomènes paranormaux. Reste que le scénario traîne lamentablement en longueur, donnant même envie d’appuyer sur la touche accélérer car trop peu de répliques cultes viennent ponctuer les longues errances de l’héroïne – par ailleurs souvent dénudée. Les incohérences de scénario s’enchaînent aussi vite que la rafale de la mitraillette de Rambo, et s’enchaînent aussi des scènes de cauchemars hallucinatoires complètement sans queue ni tête dans lesquels Christina voit apparaître son père pendu un peu partout. Papa est pendu dans le bureau. Papa est pendu, le retour, cette fois c’est dans la forêt. Papa, la revanche, pendu dans son lit… Du grand n’importe quoi dans lequel Franco tente de faire transparaître une once d’onirisme et de philosophie dont lui seul ne semble même pas comprendre les aboutissants. Une séquence nocturne dans laquelle Christina se réveille avec une statue de phallus triomphante aux pieds de son lit, qui n’est pas sans rappeler les passages ésotériques du culte La Montagne Sacrée d’Alejandro Jodorowsky, mais le génie mexicain sait filmer (au contraire de Franco), et ne ponctue pas ses passages complètement barges par des répliques totalement dénuées de sens et à mourir de rire : “Idiote ! Il ne fallait pas frapper le grand phallus !”.
Au-delà de tout cela, Jess Franco a un style vraiment personnel. C’est bien une chose qu’on ne peut pas lui reprocher… Si ce n’est que son style consiste en l’utilisation systématique et quasi-obsessionnelle du zoom ! Zoom avant / zoom arrière, aucun plan fixe dans tout le film, systématiquement un zoom bien dégueulasse pour venir ponctuer ou démarrer un plan déjà bien pourri à la base. Dans les bonus du DVD édité par nos confrères de Mad Movies, Jess nous offre vingt minutes d’entretien dans lequel il affirme que ce film est son meilleur, celui qu’il trouve le plus personnel et le plus abouti, et entre les deux dernières dents qu’il lui reste, il vocifère à l’encontre de Jean Rollin – sans le nommer – des tonnes d’injures, considérant surement à juste titre que ce “salopard de Français sans couilles a fait quelque chose de dégueulasse”. Oui. Jean, tu as fait quelque chose de dégueulasse. Lorsque j’ai dégoté ce DVD à 50 centimes dans le magasin d’occasion du coin, j’ai immédiatement eu le sourire aux lèvres. Une Vierge chez les Morts Vivants… Une vierge. Des morts vivants. Quelle idée de génie ! Eh bah je dois dire que je l’ai bien eu dans le cul. Connard de français sans couilles va.
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