Toujours dans l’optique de nous faire découvrir des films méconnus, l’éditeur Elephant Films édite La Vallée de la mort de Dick Richards. Petite bande horrifique qui a fait les joies des vidéoclubs français et qui n’avait pas connu de ré-édition vidéo depuis le milieu des années 1980.
On the road again
Il serait intéressant de connaître la réaction des spectateurs de l’époque qui ont découvert ce film grâce à son affiche aguicheuse ; il est fort possible qu’ils ont été fort déçus. Alors que l’affiche et le synopsis laissent penser qu’on va se retrouver face à un thriller ou à une production d’horreur dans la même veine que Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980) on assiste, du moins pendant la première heure, à un road-movie familial au cœur de la Vallée de la mort en Californie. Le récit suit donc Billy (interprété par Peter Bilingsley qu’on retrouvera deux ans plus tard dans le cultissime A Christmas Story réalisé par Bob Clark) qui après le divorce de ses parents est emmené par sa mère et son nouveau compagnon en voyage dans la Vallée de la mort. Après s’être éloigné de sa nouvelle famille, il devient le témoin d’un massacre perpétré par un tueur mystérieux. L’originalité du script et de nous faire voir le film du point de vue de l’enfant. En effet, il va nous donner à voir, du moins dans sa première partie, une tragédie familiale (le divorce) du point de vue de cet enfant. En dépit de la difficulté que pose une telle performance de jeu pour un acteur, Peter Billingsley, malgré son jeune âge, reste toujours juste en n’essayant pas de sur-jouer les émotions, notamment dans les longues scènes où le personnage se retrouve avec son beau-père. On regrettera toutefois que la relation avec ce dernier ne soit pas assez bien exploitée.
Bien que la mise en place soit assez intéressante pour donner de la profondeur aux personnages, celle-ci s’avère, sur le long terme, assez rébarbative. Ainsi, on a plus souvent l’étrange impression, par moments, de se retrouver face à un téléfilm de l’après-midi que face à un véritable film d’horreur. De plus, en basculant dans un registre horrifique, le récit s’enlise et ne parvient pas à tenir sur le long terme. Cela se ressent notamment dans le traitement des personnages des tueurs en séries qui apparaissent comme sortis totalement de nulle part… A vouloir trop privilégier le réalisme, le film tombe dans son propre piège et ne parvient pas à créer une véritable atmosphère horrifique. Du point de vue de la mise en scène, il adopte une approche assez classique. On sent que le réalisateur s’est inspiré du film Duel (Steven Spielberg, 1971) notamment dans les plans de la Vallée de la mort. Ce parallèle devient encore plus évident lors de la scène de poursuite. On sent, par ailleurs, un véritable travail sur la photographie notamment lors des plans de nuits… Enfin aux côtés de Peter Bilingsley, La Vallée de la Mort peut se targuer d’avoir un casting solide. On retrouve plusieurs seconds rôles du cinéma horrifique dont Catherine Hicks (qui jouera quelques années plus tard dans Jeu d’enfant de Tom Holland) et Wilford Brimley, qui malgré les limites du récit parviennent à livrer une performance correcte.
Du coté des bonus, en plus de la bande annonce et des photos du tournage l’éditeur propose un entretien d’une vingtaine de minutes avec le Julien Comelli qui revient sur l’histoire du film. Une édition honorable sans être exceptionnelle, mais qui aura au moins pour mérite de redonner un peu d’exposition à un long-métrage qui n’avait pas connu de ré-édition enrichie depuis le milieu des années 1980.