Dora et la Cité Perdue


Adaptation en prises de vue réelles du célèbre dessin animé, Dora et la Cité perdue débarque dans les salles françaises avec une bonne dose d’aventures, de blagues et d’animaux qui parlent.

Affiche du film Dora et la cité perdue (critique)

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We did it, yeah!

Co-production américaine et australienne tournée en Australie, Dora et la Cité perdue arrive sur grand écran après l’immense succès de la série animée diffusée chez nous sur TF1 depuis 2001. On trouve à la réalisation James Bobin à qui on doit entre autres Alice de l’autre côté du miroir (2016) et Les Muppets (2011), et à l’écriture Matthew Robinson et Nicholas Stoller, le dernier étant également réalisateur de comédies à succès comme Nos pires voisins avec Zac Efron (2014). Malgré le fait que les auteurs originaux du dessin animé (Valerie Walsh, Eric Weiner et Chris Gifford) soient peu impliqués dans cette adaptation, l’esprit de Dora transpire à grosses gouttes dans chaque scène de l’adaptation sur grand écran. À la tête du casting, Isabela Moner tient là l’un de ses premiers grands rôles au cinéma aux côtés d’Eva Longoria (on avait presque oublié qu’elle était actrice) et Michael Peña (dont la filmographie sur petit et grand écran est nettement plus impressionnante). Seuls Chipeur et Babouche – avec respectivement les voix de Benicio Del Toro et Danny Trejo dans la version originale – sont élaborés numériquement pour une incrustation à la limite du catastrophique. Avec un budget de 49 millions de dollars, c’est quand même dommage d’avoir raté des personnages si emblématiques.

Babouche dans le film Dora et la cité perdue (critique)

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Niveau scénario, pas de grosses surprises, si ce n’est que Dora n’est enfant que dans la séquence d’ouverture. On la retrouve ensuite en pleine adolescence, forcée de quitter sa jungle natale car ses parents explorateurs partent à la recherche d’une cité d’or. Elle rejoint alors son cousin Diego (Jeffrey Wahlberg) dans son lycée californien et peine bien sûr à s’acclimater. Le premier acte repose donc sur l’éternel choc des cultures façon Tarzan ou George de la jungle (Sam Weisman, 1997) où la gentille mais naïve Dora se frotte aux lois impitoyables des adolescents américains d’aujourd’hui. On se demande un peu à quoi sert ce premier acte très bateau sauf peut-être à justifier la présence des amis de Dora dans le reste du  récit. Lors d’une visite au musée, Dora et ses amis se font kidnapper et envoyer au Pérou par des mercenaires qui espèrent utiliser les connaissances de la jeune fille pour voler le trésor de la cité. Mais la petite bande ne se laisse pas faire aussi facilement et parvient à échapper à la vigilance de ses ravisseurs. Commence alors une course contre la montre pour Dora et son clan afin de retrouver ses parents avant les pilleurs de trésors. La force du long-métrage n’est pas dans son scénario, on l’a bien compris, donc si l’on va voir Dora et la Cité perdue en espérant voir un chef d’œuvre, forcément ce sera la consternation. En vieillissant Dora par rapport au dessin animé original et en incluant des acteurs connus au casting et au doublage, la production cherche à toucher les enfants et les adolescents, mais aussi potentiellement les adultes, surtout ceux qui auraient grandi avec la série. Tout est bon pour attirer toutes les tranches d’âge et tous les types de spectateurs ; la France en sait aussi quelque chose en faisant par exemple doubler les dessins animés par des humoristes populaires comme Kev Adams ou Jamel Debbouze.

Dora et ses parents dans le film Dora et la cité perdue (critique)

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Si on accepte alors de regarder Dora et la Cité perdue sans jugement moqueur préalable, les points forts sont tout aussi indéniables que la fameuse coupe au carré de Dora. Certes on navigue dans les clichés de personnages stéréotypés à l’extrême comme dans tout bon film familial qui se respecte, mais les clins d’œil au dessin animé ne peuvent que faire sourire, surtout que c’est fait avec beaucoup d’ironie. Que ce soit les fameuses répliques de Chipeur, ou Dora qui pousse la chansonnette à tout bout de champ, les scénaristes ont préféré prendre le contrepied et en rire eux-mêmes, cherchant peut-être à anticiper les réactions du public. Le multi-culturalisme est également très important non seulement avec la présence d’acteurs d’origines hispaniques diverses (pas de whitewashing chez Dora), la langue quechua que la jeune actrice Isabela Moner a tenu à apprendre pour son rôle, et le respect de la culture inca. Bien qu’à ranger dans la case divertissement familial, le film se veut ponctuellement informatif vis-à-vis des coutumes sud-américaines, ce qui est loin d’être négligeable quand on connait les dérives racistes outre-Atlantique.


A propos de Emma Ben Hadj

Étudiante de doctorat et enseignante à l’université de Pittsburgh, Emma commence actuellement l’écriture de sa thèse sur l’industrie des films d’horreur en France. Étrangement fascinée par les femmes cannibales au cinéma, elle n’a pourtant aucune intention de reproduire ces méfaits dans la vraie vie. Enfin, il ne faut jamais dire jamais.

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