Assassin’s Creed


Après Warcraft : Le Commencement (Duncan Jones – 2016), Assassin’s Creed est la seconde adaptation cinématographique d’une licence vidéo ludique à succès cette année. Ce film va-t-il tuer la prétendue malédiction pesant sur ce type d’œuvre ou est-il un énième ratage ? Fais Pas Genre a plongé pour vous dans l’Animus et vous en parle.

Le Saut de l’Ange

Sur le même modèle que Blizzard, Ubisoft a décidé de se lancer dans l’aventure cinématographique en s’impliquant directement dans le processus créatif de l‘adaptation de l’une de ses sagas les plus populaires. Refusant le fauteuil de spectateur, la firme française produit le film aux côtés d’un grand studio afin de s’assurer que l’univers lancé en 2007 soit respecté et en a confié les rênes à Justin Kurzel. Le réalisateur de Macbeth (2015) accouche donc d’une super-production ambitieuse qui respecte l’univers ainsi que le concept des jeux. Si vous vous attendez à une adaptation ultra fidèle et à retrouver le protagoniste Desmond, passez votre chemin. Le film se rapproche, dans un sens, de la démarche de Christophe Gans sur Silent Hill (2006) où c’est l’univers qui fait l’objet de toutes les attentions plus que les jeux en eux-mêmes. Le film nous raconte l’histoire de Callum Lynch, un condamné à mort qui va être récupéré par une étrange association – Abstergo – qui, grâce à une machine répondant au nom d’Animus, va lui permettre de revivre les souvenirs d’un de ses ancêtres, Aguillar de Nehra, un maître assassin ayant vécu durant l’inquisition espagnole et qui serait le détenteur d’un secret que Abstergo veut à tout prix.

Qu’on se le dise, Assassin’s Creed est un très beau film sur le plan visuel. Les effets spéciaux sont très impressionnants et assez bien pensés – l’Animus est bien plus intéressant visuellement que sa version vidéoludique – et le film jouit d’une photographie renversante, montrant le soin apporté par Kurzel pour créer des images qui reste scotchées à notre rétine. L’autre point positif du film est que tous les passages se déroulant pendant l’inquisition espagnole sont joués en espagnol. Un détail diront certains mais qui témoigne d’un certain respect dans la manière de recréer une époque historique qui profite également d’une direction artistique très soignée ainsi que des costumes d’une splendeur sans égale.

Malgré tout cela, le film ne parvient pas à être autre chose qu’un objet bien emballé sur la forme mais dont le fond est quasi-inexistant. Si le scénario reste cohérent, il n’est pas du tout à la hauteur de la maestria visuelle du film et peuple le récit de personnages relativement insipides qui font le travail mais sans plus. On n’est jamais impliqué émotionnellement parlant avec aucun personnage. À cela, il faut ajouter un découpage assez bancal à certains moments qui peut gâcher le plaisir que l’on a de voir de telles images, en particulier lors de combats ou de scènes de poursuites. Le film arbore en fait l’un des défauts principaux du jeu : il est répétitif. Les séquences s’enchaînent et se ressemblent au fur et à mesure que l’on avance dans le récit et que l’on découvre les vraies motivations de Abstergo et sur la lignée de Lynch et le destin qui lui est promis – le personnage est un patchwork de nombreux protagonistes des jeux.

Après Warcraft, il était difficile de savoir si le film allait vraiment changer la situation des adaptations de jeux vidéos au cinéma et ce Assassin’s Creed devait apporter un véritable début de réponse. Malheureusement pour nous, notre attente de voir nos jeux favoris se frayer un chemin jusque dans les salles obscures et être traités avec la déférence qu’ils méritent n’est pas prête de s’achever. Si des réalisateurs de talent ont été choisis – Duncan Jones et ici Justin Kurzel – il semble manquer quelque chose, telle qu’une véritable pensée de ce que peut être le jeu vidéo et ses codes. Vide et sans saveur, Assassin’s Creed ne parvient donc malheureusement pas à être le sauveur annoncé. Et c’est bien dommage.


A propos de Mathieu Pluquet

C'est après avoir découvert Le Voyage de Chihiro, Blade Runner et L'Exorciste que Mathieu se passionne pour le cinéma; depuis cette passion ne l'a pas quitté. Sinon il aime les comics, le café et est persuadé qu'un jour il volera dans le TARDIS et rencontrera le Docteur (et qu'il pourra lui piquer son tournevis sonique). Ses spécialités sont la filmographie de Guillermo Del Toro, les adaptations de comics et le cinéma de science-fiction.

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