Dernier film du réalisateur anglais Bernard Rose, Sx Tape a été distribué en DTV un peu partout dans le monde, y compris chez nous où il est disponible depuis le 2 juillet chez nos amis de Wild Side. L’occasion pour le cinéaste de revenir au film d’horreur, genre auquel il ne s’était plus frotté depuis près de dix ans.
Pornormal Activity
Ça t’est déjà arrivé, toi qui me lis, de te réveiller le matin, de bonne humeur, sans savoir que la journée que tu vis va t’apporter l’un des plus mauvais films de l’année ? Moi oui, c’était il y a à peu près un mois de ça : tout a commencé lorsque j’ai ouvert ma boîte aux lettres et que j’y ai trouvé le DVD de Sx Tape. Innocent que j’étais, je me suis dit que peut-être le film n’allait pas être si mauvais que ça… avant que je n’insère le disque dans ma platine. La jaquette annonce fièrement (comme 80% des films d’horreur depuis 2010) « par les producteurs de Paranormal Activity et Insidious ». Encore un, ce qui doit élever le compteur à environ 257624 (à trois près). Mais ce qui a éveillé ma curiosité, c’est le « et le réalisateur de Candyman » juste en-dessous. Bernard Rose, cinéaste anglais prolifique mais toujours méconnu, a donc décidé de se remettre à l’horreur après le plutôt mauvais Snuff Movie (2005), dans lequel Jeroen Krabbé, le général Koskov de Tuer n’est pas jouer (John Glen, 1987), joue un réalisateur de films d’horreur. Entre temps, Rose a quand même réalisé le très bon Mr. Nice (2010), avec le légendaire Rhys Ifans en roi de la fumette, mais sa cote dans le cinéma d’horreur n’est valable que pour un seul film, le lointain mais cultissime Candyman (1992), qui profitait d’un scénario de Clive Barker, d’une musique de Philip Glass et d’une interprétation remarquable de Tony Todd.
Quand « les producteurs de Paranormal Activity » donnent carte blanche à des cinéastes d’horreur reconnus, ça donne The Bay (Barry Levinson, 2012) ou The Lords of Salem (Rob Zombie, 2013), deux œuvres remarquables. Pour Bernard Rose, ça donne Sx Tape. Ce qui est pratique avec ce film, c’est que son synopsis tient sur un grain de riz : Adam (Ian Duncan) et Jill (Cailtyn Folley) sont amoureux. Elle est peintre, il est… Il est quoi en fait ? Oh, on s’en fout, il tient une caméra pendant tout le film, donc il doit certainement être réalisateur. Anyway. Il a repéré un hôpital délabré qui conviendrait parfaitement pour que sa meuf puisse exposer ses peintures, alors ensemble, ils décident d’aller le visiter, mais, comme vous pouvez vous en douter, ils ne sont pas seuls, et dans l’hôpital, personne ne vous entendra pathologiser…
Difficile de savoir par où commencer, tant on ne saurait dire s’il y a trop ou trop peu à dire sur ce film. Vous vous souvenez de Hollywood Night ? Ces téléfilms qui passaient tard dans la nuit du samedi à dimanche sur TF1 dans les années 90 ? Si on devait en faire une version 2014, Sx Tape aurait largement sa place dedans. Et encore, peut-être même que le niveau du film n’est pas assez élevé, c’est dire. Alors on a nos deux tourtereaux de départ, l’invisible et silencieux Adam, et la trop présente Jill qui parle pour deux. Ensemble, ils vont vivre de grandes choses, comme par exemple un mauvais film dans lequel il ne se passe strictement rien pendant les vingt premières minutes, si ce n’est l’exposition des courbes de l’actrice principale, difficiles de louper tant elles sont présentes. Et puis les scènes de baise mal jouées. Bref, rien de bien intéressant. Et puis ils rentrent dans l’hôpital. Ah oui, je ne vous l’ai pas dit mais le titre est clairement mensonger puisqu’aucune sex tape n’est enregistrée dans l’hôtel. Peut-être que ça fait vendre… Bref. La meuf devient folle et violente parce qu’elle est possédée, son mec préfère filmer plutôt que d’aller l’aider, des potes à elle viennent les rejoindre, ils sont cons et ils humilient Adam… Des fois, on voit des ombres, des esprits, on essaie d’avoir peur mais on n’y arrive pas, alors on imagine bien le scénariste se dire, devant sa feuille blanche : « J’essaie de faire peur mais j’y arrive pas ». Parce que Sx Tape c’est ça, un film qui continue à exploiter des trucs vu mille fois (le found footage, les esprits, la possession, le cul), juste pour la forme, mais plus personne n’y croit, et c’est le cas depuis bien longtemps. Sx Tape, c’est le vide intersidéral, le film sans âme, sans personnalité, sans rien. Enfin si, l’actrice est bien foutue et du coup on finit par connaître son anatomie par cœur, mais je mets quiconque au défi de la supporter plus de quatre minutes. En comptant large. Et sans couper le son. Peut-être que la version avec Cameron Diaz et Jason Segel sera mieux foutue…