Alors que le nouvel opus, La malédiction de Chucky (Don Mancini, 2013), est sorti il y a quelques mois en DTV chez nous (une fois n’est pas coutume), Universal s’est occupé de dépoussiérer les deux premières suites de la saga pour une sortie en Blu-Ray le 1er avril dernier. On refait un saut au début des années 1990 pour retrouver le petit Andy Barclay et son éternel combat avec la « poupée de sang ».
La course au jouet
Après le succès plus que correct de Jeu d’enfant de Tom Holland, United Artists décide de produire une suite, qui ne put se faire à cause de son rachat en 1989 par la société australienne Qintex (qui coulera la même année). Le film a donc été produit par David Kirschner seul, puis distribué par Universal, comme la plupart des films de la saga par la suite. Un pari risqué, donc, mais qui remporta un succès encore plus considérable que celui du premier film. On y retrouve Andy Barclay, le héros du premier film, toujours joué par Alex Vincent, qui est placé dans une famille d’accueil après que sa mère se soit fait interner en HP. La poupée possédée par l’esprit du serial killer Charles Lee Ray est reconstruite, et Chucky compte bien retrouver Andy pour posséder son corps.
Ce second opus amène déjà un changement de ton – qui ne sera jamais abandonné – dans la saga, à savoir dévier vers un film qui tienne un peu plus de la comédie d’horreur que le premier volet. Brad Dourif, impayable dans le rôle de la poupée tueuse, livre ici la meilleure prestation de tout le film alors qu’il ne fait qu’une voix (désolé Scarlett, tu n’étais pas la première) et, à vrai dire, à part Alex Vincent et Christine Elise, sosie vestimentaire de Madonna qui vit dans la même famille d’accueil qu’Andy, le reste du casting n’est pas tellement mémorable. Le film, à l’inverse, se regarde avec un réel plaisir, les colères de Chucky sont irremplaçables (la séquence où la poupée écrit « Fuck you bitch » sur la copie d’Andy reste l’une des plus drôles de cette suite), les meurtres inventifs (notamment celui de la séquence initiale) et le grand final dans l’usine des poupées Brave Gars se pose comme l’une des meilleurs fins de films de la saga : aussi marrante qu’originale.
Chucky 3, à l’inverse, est l’épisode le plus faiblard de la série : produit et réalisé dans l’urgence alors que le 2 venait à peine de sortir, il se déroule huit ans après les événements de celui-ci. Justin Whalin remplace donc Alex Vincent pour le rôle d’Andy, que l’on retrouve cette fois dans une école militaire. La production des poupées Brave Gars, qui a stoppé à cause de scandales liés aux meurtres décrits dans les deux premiers films, reprend, et – comme par hasard – la toute première poupée sortie de l’usine est Chucky himself, qui sera offerte au directeur de la marque, Mr. Sullivan, qui mourra tout connement dans la scène d’intro. La poupée se met en route pour l’école militaire dans le but de retrouver Andy, qu’elle ne peut plus posséder – on imagine donc que c’est pour le tuer.
L’ambiance militaire sied très mal à la saga Chucky : on a l’impression de se retrouver dans Police Academy, avec les mêmes têtes de cons insupportables, la même bonnasse que le protagoniste essaie de se taper, les mêmes supérieurs qui sont constamment fous furieux sans aucune raison… Ah oui, et aussi un gosse noir de 6/7 ans dont on se demande bien ce qu’il peut foutre là, à part être la nouvelle cible de Chucky. Le film manque cruellement de souffle, mais son potentiel comique se révèle néanmoins assez élevé (la mort du colonel et la fusillade finale sont hilarantes) et est finalement le seul point vraiment réussi du film, avec l’animation de la poupée qui est toujours remarquable. Brad Dourif, comme à chaque fois, fait le taf avec son talent naturel, et Justin Whalin (qui jouera plus tard Jimmy Olsen dans Lois & Clark) est agréablement surprenant en Andy Barclay. Chucky 3, malgré les années et son statut indéniablement culte du fait de son lien avec le reste de la saga, arrive difficilement à convaincre, même s’il bénéficie d’un final inattendu et amusant qui se déroule dans le train fantôme d’une fête foraine. Le film a été un échec critique et public, et Don Mancini attendra plusieurs années avant de se décider à écrire un quatrième volet, qui sera pourtant La fiancée de Chucky (Ronny Yu, 1998), l’un des meilleurs (si ce n’est le meilleur) des six films.
Ce qui est très dommage chez Universal, c’est que leurs éditions vidéo sont, de manière générale, rarement à la hauteur des films qu’ils proposent. Ces deux Blu-Ray n’échappent pas à la règle, et cette réédition sur un nouveau support semble plutôt inappropriée, ou du moins inutile. La restauration de l’image est certes très propre et extrêmement fidèle aux looks originels – je rappelle que les films datent respectivement de 1990 et 1991, il est donc difficile, pour deux longs métrages qui n’ont eu droit depuis à aucune restauration ni aucune ressortie en salles, de faire mieux que ce qui nous est proposé ici – mais ne s’éloigne que de très peu de ce qu’est capable de nous offrir l’image d’un DVD. Pour ce qui est de l’audio, le travail est plus qu’appréciable, d’autant que la VO et la VF ne sont disponibles qu’en stéréo (mais avec un master HD pour la VO qui, il faut le dire, fait la différence). Côté bonus, et c’est le moment où je vais faire mon casse-burnes pointilleux, il n’y a RIEN DU TOUT. Nothing, nada, peanuts. Il faut dire qu’Universal n’a jamais été très généreux là-dessus, mais quand on sait que même les Blu-Ray américains ont droit à une bande-annonce… Chucky 2 et 3 sont quand même les deux films pour lesquels la production a été la plus laborieuse, et il est vrai qu’une petite featurette sur le sujet n’aurait pas été de trop. Je ne parle même pas de commentaires audio de Don Mancini, des réalisateurs ou des acteurs, et encore moins des scènes coupées du 2 avec Chris Sarandon ! Bref, ce n’est pas la première fois qu’Universal nous frustre, et ce ne sera pas la dernière. Quand on voit que les trois opus les plus récents ont droit à pas mal de bonus de qualité, on espère sincèrement que lorsque le premier film ressortira en Blu-Ray, il sera doté de bonus de choix et qui arrêteront de décevoir ; mais ça, c’est le problème de MGM maintenant. Hi-de-ho !
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