The Complex 1


Film d’ouverture de ce vingtième festival de Gérardmer, The Complex marque l’occasion pour Hideo Nakata de continuer son exploration du film de fantômes au Japon, après quelques films américains, dont la très bonne adaptation ciné de Chatroom.

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Putain c’qu’il est blême, cet HLM !

Asuka est une jeune étudiante infirmière qui vient d’emménager dans un appartement avec ses parents et son frère, situé dans un grand HLM. Dans l’appartement voisin, qui est habité par un vieil homme solitaire, Asuka entend des sons étranges et glaçants, qui traversent les murs jusque dans sa chambre. Un jour, elle décide de se rendre dans l’appartement et découvre le corps du vieillard mort. Peu après, elle se lie d’amitié avec Minoru, un petit garçon qui joue toujours seul dans l’aire de jeux du quartier. Et puis un jour, la famille d’Asuka disparaît, et elle se retrouve seule, ne connaissant personne d’autre dans le coin que Minoru…

Hideo Nakata, c’est Ring, Dark Water… Autant de grands films qui ont fait à raison la renommée du bonhomme, dont la passion pour le film de fantômes est tout à fait honorable, car il s’agit d’un genre tellement éculé (notamment après les années ’50-’60) qu’il est devenu difficile d’en tirer quelque chose de potable et de prenant aujourd’hui. Et Dark Water, l’un des plus réussis de sa filmographie, a d’ailleurs eu le Grand Prix il y a pile dix ans, à ce même festival de Gérardmer. Dix années plus tard, donc, il revient présenter The Complex, en compétition officielle, qui ouvre le festival. Je ne suis pas un grand spécialiste du cinéma asiatique en général, mais je pense suffisamment connaître les films de Nakata pour pouvoir affirmer que le cinéaste ne s’est pas renouvelé avec The Complex. Pire, il s’est lui-même embourbé dans un standard qui, il y a dix ou quinze ans, était novateur, mais qui est passé de mode aujourd’hui. Du moins pour nous, occidentaux, et c’est justement ce qui est assez intéressant chez lui : il sait réaliser des films « à l’américaine », mais lorsqu’il retourne au Japon pour faire The Complex, pas de doute sur la marchandise, c’est du cinéma japonais tout craché.thecomplex2

Le point positif de ce film, c’est qu’il est magnifiquement filmé et mis en scène. Nakata utilise des plans larges très construits, parfois assez… complexes (on notera notamment les beaux mouvements de caméra), avec la même habileté que les plans plus serrés qui oppressent ou valorisent, c’est selon, sa galerie de personnages. On ne peut que saluer la performance technique de cet homme (et de son équipe) et sa maîtrise quasi-exemplaire de ce côté-là. Malheureusement pour le film, car j’ai bien dit « le point positif » et non pas « l’un des points positifs », tout le reste est vraiment très décevant, à commencer par le scénario. S’il tient la route pendant un certain moment, il devient vite très prévisible, et se termine de manière assez catastrophique… comme on peut déjà le prévoir au bout de 35 minutes. Les personnages sont assez simples, ce qui est habituel chez Nakata, mais cette fois-ci, les acteurs qui les incarnent ont du mal à se rendre crédibles, notamment Masanobu Katsumura, qui endosse le rôle du petit ami d’Asuka, qu’elle a rencontré dans rien moins que le lieu le plus sexy du monde : l’endroit où le vieux de l’appartement d’en face est mort. Minoru, l’enfant qui est au centre de l’histoire, aurait pu devenir effrayant, à l’image de Damien dans La malédiction, mais ressemble dans ses dernières apparitions à un nain défiguré à qui on aurait greffé le torse proéminent de Channing Tatum.

Avant le début de la séance, Nakata a dit au public de Gérardmer qu’il voulait « entendre leurs réactions ». Sur une heure quarante-cinq de film, il y a eu tout au plus, quelques rires dans la salle. Dommage, pour un habitué du festival, de décevoir autant des spectateurs friands de son cinéma, mais le fait est qu’à travers ce long métrage, il opère une sorte de contemplation de son art, ce qui est d’autant plus agaçant que le film est mauvais, et on trépigne donc en attendant la fin. Désolé, Monsieur Nakata, mais pour cette fois, on repassera.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.


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