Festival de Gérardmer : putain 20 ans !


Ça y est, on y retourne. Après une édition 2012 qui a vu le triomphe de La maison des ombres et de l’excellent Babycall, le festival 2013 était très attendu pour fêter son vingtième anniversaire.

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Chroniques d’un hiver

Le festival, comme tous les ans, était accompagné tout du long par son fidèle compagnon le froid glacial, mais pour sa vingtième édition, il y a eu un invité surprise, un de ceux dont on aurait aimé qu’ils ne s’invitent pas parce qu’ils sont toujours un peu les relous de la soirée, les trouble-fête : il s’agit bien évidemment de la pluie. Les festivaliers se souviendront pendant longtemps des heures de file sous une flotte impossible à gérer, même avec un parapluie.

Et puis, il faut dire la vérité, on s’attendait quand même à mieux, cette année. On n’a pas tous les jours vingt ans, et alors qu’on pensait que l’équipe du festival allait mettre le paquet pour célébrer vingt années de frissons au bord de l’un des quinze plus grands lacs de France. S’il nous a réservé – comme chaque année, de toute façon – d’excellentes surprises, notamment hors-compétition, la compétition en elle-même a plutôt déçu. Neuf films, et très peu, au final, qui ont su séduire le public géromois. Pourtant, ça se vérifie chaque année auprès des festivaliers, il y a trois ingrédients qui doivent être dans les films pour qu’ils plaisent à Gérardmer : des frissons, du fun/du gore, et du spectaculaire. Succès garanti. Ce qui fait la force de ce festival, qui fait aujourd’hui partie des meilleurs dans son genre à travers le monde (et c’est mérité), c’est son habilité à montrer de tout, aussi bien des films contenant à la fois les trois ingrédients cités plus haut que des œuvres plus obscures, parfois expérimentales, qui déconcertent souvent. La sélection de cette année, particulièrement au sein de la compétition, était essentiellement composée de ces films déconcertants, mais malheureusement, la qualité n’était pas systématiquement au rendez-vous. On a donc vu des œuvres pas inintéressantes, mais qui se sont finalement révélées très plates ; je pense notamment à House of Last Things de Michael Bartlett, ou The Crack d’Alfonso Acosta – ce dernier était un véritable supplice qui a mis à l’épreuve la patience de chacun. Ce qui a valu au président du jury Christophe Lambert de pousser un petit coup de gueule quant à la qualité des films en compétition, peut-être un peu violent mais à raison.

Bien évidemment, il y a quand même eu une grande majorité de bons, voire parfois même de très bons films, mais ils étaient présentés, en très large quantité, dans la sélection hors-compétition. Doomsday Book, The Conspiracy, Room 237… Pour ne citer qu’eux, bien sûr, car la liste est longue, sans oublier le fabuleux Cloud Atlas, qui était le film-événement du festival (car présenté en avant-première nationale), mais plus encore, l’un des chefs-d’œuvre de cette année 2013. Une sélection hors-compet’ assez remarquable, donc, qui a été largement préférée à une compétition dont on ne comprenait pas forcément pourquoi certains films en faisaient partie. Peut-être que la pluie n’a pas vraiment aidé et nous a conforté dans cette idée assez pessimiste, il faut l’avouer.

Dernière petite note : le festival de Gérardmer est associé au festival Morbido (Mexico), ce qui a permis une rétrospective autour du cinéaste mexicain Carlos Enrique Taboada, sombre(ro) inconnu à l’intérieur de nos frontières, mais très célèbre au pays du mezcal. Ce réalisateur a signé quatre films d’horreur durant sa carrière, à tendance gothique Hammer-style/ Bava-style, tous présentés cette année. Une excellente nouvelle, puisqu’en plus de nous faire découvrir des œuvres totalement inconnues chez nous, le festival reprogramme la section Rétrospective, qui avait été zappée en 2012, et qu’on espère revoir lors des prochaines éditions.

Globalement, le festival 2013 s’est révélé être un assez bon cru, mais malheureusement inégal. Peut-être en attendions-nous trop pour ce vingtième anniversaire, mais même avec ça, les éditions précédentes ont fait preuve d’un choix plus judicieux en ce qui concernait les films en compétition. L’équipe annonçait il y a quelques semaines via sa page Twitter que le 21è Festival de Gérardmer aura bien lieu, et se tiendra du 29 janvier au 2 février 2014, et ce malgré les difficultés financières auxquelles il fait face, ce qui est compréhensible lorsqu’on voit la place de ce type de cinéma dans un pays tel que le nôtre. Tant que le festival tient bon, on y sera. Longue vie au cinéma fantastique, longue vie à Gérardmer, pour au moins vingt ans de plus !

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Films en compétition

The Complex de Hideo Nakata

House of Last Things de Michael Bartlett

Remington and the curse of the Zombadings de Jade Castro

The Bay de Barry Levinson

The Crack d’Alfonso Acosta

You’re Next d’Adam Wingard

Mamá d’Andrés Muschietti

Berberian Sound Studio de Peter Strickland

The End de Jorge Torregrossa

Films hors-compétition

Citadel de Ciran Foy

Cloud Atlas des Wachowski & Tom Tykwer

The Conspiracy de Christopher MacBride

Dagmar – L’âme des Vikings de Roar Uthaug

Doomsday Book de Kim Ji-woon et Yim Pil-sung

Forgotten d’Alex Schmidt

The Forest de Darren Lynn Bousman

Grabbers de Jon Wright

Hansel & Gretel Witch Hunters 3D de Tommy Wirkola

Henge de Hajime Ohata

Hôtel Transylvanie de Genny Tartakovsky

In Fear de Jeremy Lovering

La Maison au bout de la rue de Mark Tonderai

Modus Anomali : le réveil de la proie de Joko Anwar

The Pact de Nicholas McCarthy

Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux de Gilles Penso

Room 237 de Rodney Ascher

Slice & Dice: The Slasher Film Forever de Calum Waddell

Toad Road de Jason Banker

The Thompsons des Butcher Brothers

Vanishing Waves de Kristina Buozyte

V/H/S de Matt Bettinelli-Olpin, David Bruckner, Tyler Gillett, Justin Martinez, Glenn McQuaid, Joe Swanberg, Chad Villella, Ti West, Adam Wingard

Rétrospective Carlos Enrique Taboada

Hasta el viento tiene miedo (1968)

El libro de piedra (1969)

Mas negro que la noche (1975)

Veneno para las hadas (1984)

La Nuit Fantastique

Dead Sushi de Noboru Iguchi

New Kids Nitro de Steffen Haars & Flip Van Der Kuil

Iron Sky de Timo Vuorensola

Hommage à Simon Pegg

Shaun of the Dead d’Edgar Wright

Star Trek de J.J. Abrams

Paul de Greg Mottola

Valentin Maniglia


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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