Les teasers nous annonçaient: « Le Rider va revenir… », c’est chose faite avec ce second film adapté de la série de comics Marvel, réalisé par le duo de réalisateurs le plus taré de l’histoire du cinéma, Mark Neveldine et Brian Taylor. Une histoire qui se déroule entre l’Europe de l’Est et la Turquie, relativement éloignée de la trame du premier film, mais qui se pose à un niveau clairement supérieur.
The Devil is in the details
Johnny Blaze vit en maintenant Europe de l’Est et essaie de tenir le Rider le plus possible loin de lui. Mais évidemment, le naturel étant plus fort, le Ghost Rider réapparaît périodiquement. Lorsque Moreau, un prêtre, se présente chez lui pour le charger d’une mission: sauver une gitane et son fils Danny des griffes du diable et de ses démons, Blaze va se retrouver tiraillé entre l’envie de faire disparaître à tout jamais le Rider hors de lui et le besoin de le garder proche pour affronter son pire ennemi. On se souvient que Nicolas Cage nous avait fortement déçu dans Trespass, son dernier film, moins dans Le Pacte, mais celui-là, on l’attendait au tournant: une suite à Ghost Rider! PTDR, comme l’a si justement dit mon arrière grand-mère, avant de mourir en se jetant involontairement sous un autobus en plein centre-ville de Roubaix. Et puis je me suis pris au jeu, jusqu’à découvrir que les deux réalisateurs du film n’étaient autres que Neveldine et Taylor, les deux cramés du ciboulot (comme le Rider, d’ailleurs) qui ont donné un nouveau souffle au film d’action des années 2000 grâce aux excellents mais tellement WTF Hypertension et Hypertension 2.
Neveldine/Taylor sont, et je le dis sincèrement, sans me cacher, de vrais génies, qui ont su prouver grâce à ces deux films (ainsi que grâce à Ultimate Game, leur autre film, néanmoins un cran en-dessous) qu’il existe encore des cinéastes ayant une préférence pour des genres qui sont aujourd’hui uniquement des genres « à blockbusters », mais qui, grâce à leur inventivité et leur débrouillardise, arrivent à accoucher d’excellents films, certes non dénué de défauts, mais qui ont des qualités cinématographiques évidentes. Réalisateurs, scénaristes, producteurs et directeurs photo sur ces deux films, Neveldine/Taylor montrent qu’ils peuvent apporter quelque chose de neuf à ce type de cinéma, un regard à la fois tendre sur les grandes heures du film d’action ricain (les Stallone, Schwarzenegger, Norris, Bronson, etc) tout en le révolutionnant entièrement, et ils n’étaient à l’évidence pas à court d’idées. Ces deux fous géniaux qui donnent une suite à l’un des pires nanars de Nic Cage, donc, ça promettait d’envoyer du lourd.
Ah, oui, j’ai dit « une suite » (et je le dirai encore par la suite), ce qui est tout à fait faux car bien que le film soit vendu partout comme un sequel de Ghost Rider, il apparaît plutôt au final comme un reboot, ou du moins une autre aventure du Rider sans aucun lien avec le premier film. Ce qui n’est d’ailleurs pas une mauvaise chose, puisque ce nouveau film nous permet d’oublier la grosse crotte pas très jolie que nous a laissée Mark Steven Johnson il y a cinq ans. Petit rappel: Mark Steven Johnson avait déjà réalisé une adaptation Marvel, qui n’est autre que… Daredevil, ce qui démontre bien que ce mec n’a pas pour habitude de tirer la chasse. Un reboot, donc, mais avec le même acteur principal; le rôle du diable, lui, passe de Peter Fonda (!) à Ciarán Hinds (!!), et on se retrouve embarqués dans une histoire qui prend à revers des films comme Da Vinci Code ou Légion, un délire complet sur fond de religiosité. Pour l’occasion, le Rider change de look, et les maquilleurs et designers numériques du personnage ne sont pas les branle-bites pas très doués qui ont officié sur le premier volet. Le double démoniaque de Johnny Blaze a un air bien plus menaçant dans cet opus, plus crade, bref plus approprié au personnage. Voyez plutôt:
Malgré tout, si Hypertension 1 & 2 se sont d’emblée posés comme des pointures (trop méconnues, hélas) du nouveau film d’action, il n’en sera pas de même pour ce Ghost Rider 2. Bien que je me sois trouvé très enthousiaste au sortir de la salle, le film n’est pas dénué de défauts, qui peuvent vraiment gêner parfois. Au niveau du script, notamment, le duo réalise pour la première fois un film dont ils n’ont pas écrit le scénario. Une approche plus hollywoodienne, renforcée par le fait que l’auteur principal du script est David S. Goyer, scénariste de renom, auteur de la trilogie Blade ou de Dark City; il est entouré ici de deux acolytes aux antécédents bien moins glorieux, Scott Gimple et Seth Hoffman, qui, eux, ont écrit de mauvaises séries comme Prison Break, Life ou la saison 1 de The Walking Dead. Là où le script pêche, ce n’est pas dans l’histoire en elle-même, plutôt simpliste mais décalée et efficace: c’est plutôt dans la manière de tourner les situations, les dialogues. Le trio de scénaristes n’a pas la plume cinglée de Neveldine et Taylor, du coup, il est impossible de prendre le film au premier degré au vu des situations et des dialogues à tendance comique, mais il est également difficile de le visionner au second degré, car certains éléments dérangent un peu trop.
Nicolas Cage, lui, est complètement taré, et nous revient en pleine forme! Vous l’aurez peut-être compris depuis le temps, mais c’est un acteur emblématique pour nous, à Intervista, et il est aussi bon ici qu’il ne l’était dans Drive Angry 3D, deux personnages pas si éloignés que ça, au final… Ciarán Hinds cabotine peut-être un peu trop avec ses grimaces à la De Niro, et c’est dommage car sans ça, il aurait pu être excellent. Un petit mot quand même sur l’apparition de Christophe Lambert dans le rôle du moine Methodius, notre Cri-Cri national et adoré qui nous offre un rôle dans la lignée de son interprétation légendaire de Raiden, mais dans un second degré assumé cette fois-ci. Ghost Rider: L’esprit de vengeance, finalement, est un film hybride: on y retrouve la folie créatrice et destructrice du duo Neveldine/Taylor (qui, bien que quelque peu assagie, se marie parfaitement avec le jeu décalé de Nic Cage), que renforcent la photo de Brandon Trost et le montage de Brian Berdan, qui ont tous deux bossé sur la duologie Hypertension. D’un autre côté, on ne retrouve pas du tout leur patte dans le script, dans les dialogues, laissant l’intrigue flotter entre le premier et le second degré, alors qu’il aurait plutôt dû jouer la carte de l’absurde à fond. Pour un film si étonnamment bon et jouissif, c’est dommage.
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