Ce petit film de genre anglais mêle avec talent la teen comedy, le film d’action, la science-fiction et la comédie d’horreur familiale. Lors de son passage au Festival du Film d’Amiens, lorsqu’il lui a été demandé quel était selon lui les réalisateurs à suivre, Joe Dante n’a eu qu’un nom à la bouche : Joe Cornish. Le premier film de ce petit prodige est malheureusement un peu trop passé inaperçu lors de sa sortie en salle en France. Fais pas Genre vous propose donc une petite séance de rattrapage.
Ou comment niquer du Gollum de l’espace, t’as vu !
Si le nom de Joe Cornish ne vous dit rien, il n’est pourtant pas tombé de la dernière étoile. Le mec est plutôt bien connu en Angleterre, notamment en tant que comique, et puis surtout parce qu’il fait partie de la bande de Edgar Wright/Nick Frost/Simon Pegg à qui l’on doit les cultes Shaun of the Dead et Hot Fuzz ! Par ailleurs, il faut noter qu’on lui doit aussi le scénario des Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne de Steven Spielberg, qu’il a écrit avec le même Edgar Wright. Pas un petit nouveau donc. Néanmoins, Attack The Block est bel et bien son premier film. Un film qui n’est pas s’en rappeler l’esprit des films des années ’80, autant les comédies d’horreur à monstres façon Gremlins (1984) que les grosses machines à explosion type Die Hard (1988) ou bien encore la science-fiction à la E.T. (1982) !
Mais que raconte donc Attack The Block ? Eh bien c’est l’histoire d’une bande d’adolescents – pour être plus précis, d’un gang – de la banlieue sud de Londres qui doit faire face à une invasion de féroces extraterrestres qui débarquent sur terre après qu’un de leurs petits ne se soit fait dézinguer par l’un des caïds de la bande. Vous voyez le genre ? C’est un peu La Haine qui rencontre La Guerre des Mondes. On y retrouve l’atmosphère de la banlieue, les Wassup nigga et les t’as vu en fin de phrase: des répliques cultes qui fusent comme des cocktails Molotov dans la bouche de ces mecs de banlieue, interprétés par une galerie de jeunes acteurs inconnus mais tous véritablement excellents! Leur sens inné de la formule et de la punchline font d’eux des personnages attachants malgré leur violence irrationnelle qui peut en déranger plus d’un. Cette violence s’exprime d’ailleurs dès l’entrée du film, alors que la joyeuse troupe – casquettes et capuches bien portées sur le crâne, couteau à la main – s’attaque à une jeune femme du coin pour lui dérober son sac. Au même moment, une énorme comète vient s’écraser sur une bagnole juste à côté. Le caïd de la bande, Moïse, entreprend tout de suite d’aller voir qu’est-ce-que cela peut bien être – et accessoirement en profiter pour vider la caisse. Ni une, ni deux, il se fait directement attaquer par un étrange petit monstre qui le blesse au visage. “Putain c’était oiq ça les mecs?” “J’sais pas t’as vu, c’était genre un style d’orang-outan!” “C’était l’clone de Dobby l’elfe de maison!” “Ahaha, Moïse s’est fait schlasser par un Dobby!”.
Vous l’aurez compris, le film met en avant une grande part de la culture geek et populaire propre aux années 90 et 2000 dont les jeunes sont eux-mêmes issus. Tout y passe pour qualifier le petit extraterrestre. Après que le caïd du groupe lui ait “crevé sa race” et que ses parents semblent débarquer sur terre pour le récupérer, les jeunes affirment partir “à la chasse au Gollum”, mais les spécimens qui débarquent sont loin d’être aussi petits et nus que le gamin qu’ils ont dézingués. Ceux là, ils ont les crocs, sont velus sa mère, et ressemblent à “genre des putains de loups-gorilles” avec une caractéristique stylistique un peu fashion: “C’est pas des iench’ madame! T’as déjà vu un chien avec des chicots fluos, sans yeux et taillé comme un gorille! Essaie de lui refiler des Pedigree pour voir! C’est des putains d’aliens ma belle!”.
Même si la morale du film laisse à désirer – le premier alien qui se fait dézinguer n’avait rien demander à personne, ouais enfin, si, il a quand même niqué la Fiat du voisin t’as vu – on jubile très vite de voir ces caïds de banlieue s’armer comme ils le peuvent: de katanas d’exposition, battes de baseball, fusées à mèches et autres joyeusetés, pour aller dézinguer des loups-gorilles de l’espace sur leurs vélos et scooters. Mélange entre le film de survivants façon attaque de zombies (on pense bien sûr à La Horde (2008) de Yannick Dahan qui se passait aussi dans une banlieue), et les fresques apocalyptiques de science-fiction, Attack The Block combine des codes de genres déjà surexploités et épuisés tout en y injectant du sang neuf, propre à son époque. Si cela passe par son casting, bien sûr, cela vient aussi du scénario, habile, qui rend le film profondément de son époque, par des répliques qui font appel à la culture geek du moment, aux jeux vidéo à la mode et autres films devenus cultes pour la génération de ces adolescents. Je crois que c’est en ce sens que Joe Dante considérait Attack the Block comme l’un des films qui fait renaître l’esprit et le panache de certains films des années ’80. Passé inaperçu en France, le film a pourtant eu en Angleterre et aux Etats-Unis un certain succès en salles à tel point qu’il devrait très vite avoir une suite! Il s’agit à mon avis d’un film qui, grâce à la vidéo, peut être destiné à devenir culte. Et si des éditeurs de jeux vidéo inspirés en font un jeu de survie façon Left 4 Dead, il se pourrait bien que je sois moins productif ici pour aller en ligne dézinguer du Gollum. T’as vu.
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