Ouvert 24/7


20 heures : arrivée au cinéma Grand Écran à Serémange-Erzange. Dehors, la température est plutôt supportable ; beaucoup de personnes discutent devant le cinéma, en profitent pour fumer une ou deux clopes avant de passer au guichet. Je vais à l’intérieur pour appeler Adrenalyn : il me dit qu’il arrive. On se retrouve une paire de minutes après, prêts à se présenter pour entrer dans la salle. Nous voilà finalement à l’intérieur. Et là, c’est le drame : la moyenne d’âge dans la salle s’élève à environ 70 ans ! Mais pourtant, pas d’erreur, c’est bien un film d’horreur qui est projeté. Après avoir discuté brièvement avec Thierry Paya, le réalisateur, le film va pouvoir commencer. Guillaume Colson, de l’équipe de Singapour 1939 Productions, vient présenter le film, avec humour et une casquette (mais sans la casquette aussi). 20 heures 40 : les lumières s’éteignent, c’est parti.

Meurtre et Moselle

Autant commencer par une phrase accrocheuse : Ouvert 24/7 est un film sacrément bien foutu. Le film de genre en France est en pleine renaissance, avec de grandes œuvres comme Martyrs, mais aussi d’autres productions beaucoup moins enthousiasmantes (on ne citera pas Frontières, promis). Le film réalisé par Thierry Paya s’inscrit définitivement dans la première catégorie. Décalé, barré, inventif, riche, bref un film comme on en voit rarement dans le paysage cinématographique français (j’oserais même dire, dans le paysage cinématographique mondial) ; une sorte de production Troma à la française. La Moselle est méconnaissable, le film aurait pu être tourné n’importe où, mais elle apporte un certain charme, presque américain (le café au bord de la route, par exemple).

Ouvert 24/7 est un film d’horreur à sketches, admirablement écrit par Colin Vettier. Trois histoires, liées entre elle par un fil conducteur. Un fil conducteur de camion, même, parce que c’est avec ce personnage que commence le film (je viens de signer avec cette phrase le pire jeu de mots de ma carrière déjà longue de 3 semaines). “Question de goût”, le premier segment, est une histoire de lesbian vampire killers : un couple de lesbiennes séduisent, puis tuent et mangent des hommes. Ce premier segment, en plus de m’avoir donné faim (la scène qui ouvre le sketch est vraiment appétissante), est, d’un point de vue esthétique, le plus beau à regarder : bien que tourné en mini DV, la lumière et la photographie ont été bien travaillées, et donnent à l’écran des images qui font penser au Dario Argento de Ténèbres, surtout pour les séquences en intérieur. Pour l’histoire, l’érotisme et le gore, on pourrait penser à une inspiration lorgnant du côté de Jess Franco (je parle de ses bons films, évidemment).

“Règlement de conte” est de loin le segment que le public a préféré : un conte moderne, une histoire que se veut l’inverse de ces fameuses histoires pour enfants, ou plutôt une parodie de celles-ci, car il faut prendre en compte le côté fantastique présent ici. Marie-Pierre Vincent est excellente en Tatie Saloperie, qui mange les enfants (c’est quand même une viande plus tendre que les hommes du premier segment) et qui lance parfaitement le boomerang ! Le sketch est très drôle (le chasseur de vampires, les références aux contes classiques et le VRP qui ressemble à Dany Brillant donnent un côté encore plus décalé au film), les acteurs très bons, et j’en profite pour rappeler l’apparition de Michelle Young, chanteuse américaine injustement méconnue chez nous ; sa prestation musicale dans le film vous donnera l’envie de la découvrir, sans aucun doute.

“Quand elles arrivent en ville”, enfin, n’a rien à voir avec Starmania, je vous rassure. Après avoir abordé le thriller horrifique et la parodie fantastique, Thierry Paya nous embarque dans un drame social très noir. Deux sœurs, Greta et Anna, viennent de tuer leur père, qui régnait en tyran sur elles, à l’écart du monde. Elles sont enfin libres, et vont pouvoir faire ce qu’elles ont toujours rêvé de faire : découvrir la ville, et peut-être rencontrer Marina Moon, leur chanteuse favorite, symbole de leur liberté. Un troisième segment tourné en platt (le patois mosellan), très sombre, avec un humour beaucoup plus distillé. Maude Galet-Lalande sera inoubliable en Marina Moon, et il faut saluer l’excellente prestation de Stéphanie “Scream Queen” Kern-Siebering dans le rôle de Greta.

Le film se conclut dans le bar où il a commencé ; le fil conducteur fait lui aussi ses adieux au public, et quels adieux ! Lloyd Kaufman joue le rôle du patron du bar, pseudo réalisateur Hollywoodien, qui va trouver le titre du film à travers plusieurs clins d’œil à ses propres productions. Et le gag final, la surprise de la toute fin… restera une surprise, allez voir le film pour la découvrir.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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