Avenue 5 – Saison 1


Nouvelle création de Armando Iannucci (après Veep, 2012-2019) pour la chaîne télévisée HBO, Avenue 5 a débarqué en France depuis janvier dernier sur la plateforme OCS. Série comique typique de la chaîne, alternant ton humoristique et dramatique dans la même phrase, est-ce qu’elle réussit le défi aussi bien que ses aînés ? Il faut embarquer à bord pour le savoir.

Hugh Laurie en capitaine, uniforme bleu, au premier plan, derrière lui tout l'équipage : ils regardent tous au loin apeurés, scène de la série Avenue 5.

                                                 © HBO

La croisière s’amuse

Le Capitaine Ryan Clark guide un visiteur, homme blond assez gros, lunettes de soleil, chaîne en or, et son assistante asiatique sur le pont de son vaisseau qui ressemble à un bateau, scène de la série Avenue 5.

                                         © HBO

Le ton comique sur HBO possède depuis longtemps un goût bien particulier et reconnaissable entre mille. Mélange habile d’humour, de critique de la société et de drame, on se trouve à des kilomètres des habituelles sitcoms des autres chaînes télévisées. Pour leur première série comique et intergalactique, HBO propose avec Avenue 5 une virée dans l’espace à bord d’un vaisseau de croisière. Jusque-là tout va bien me direz-vous, mais un événement va faire tourner le voyage au cauchemar et forcer la station spatiale à rallonger son trajet de trois ans – créant une colère chez les passagers qui pensait être partis pour quelques mois seulement. Derrière un pitch à l’allure simpliste, la série va traiter de thématiques aussi variées qu’intemporelles grâce à une palette de personnages hauts en couleurs ! Que ce soit le personnage principal de Ryan Clark, capitaine ayant quelques secrets sur ses réelles compétences et interprété par Hugh Laurie, Herman Judd, millionnaire et CEO de l’entreprise qui organise la croisière, formidable Zach Woods en responsable du service client, ou encore Himesh Patel – vu récemment dans Yesterday (Danny Boyle, 2019) – dans le rôle d’un comédien de stand-up, la réelle réussite de Avenue 5 se trouve dans chacun des traits et personnalités de ces personnages. Les différents axes de scénario et mises en situations ne sont que des prétextes à faire interagir ces personnages ensemble, créant des dialogues aussi savoureux que désespérants à l’égard de la race humaine. Bien que la série soit futuriste, dans son traitement des espaces et des technologies, elle fait ressortir le plus préhistorique des comportements chez nos voyageurs : l’instinct de survie. De ce sentiment, la série va faire son terrain de jeu et pousser dans ses retranchements chaque protagoniste, un à un. Le paroxysme de cette manipulation est atteint dans le huitième épisode de cette première saison, où la bêtise humaine – nourrie aux télé-réalités et autres programmes foireux du genre – trouve une nouvelle définition… Avenue 5 se doit d’exister rien que pour ce huitième épisode – intitulé « This is physically hurting me » – qui, à défaut d’être l’épisode final de la saison, reste le point d’orgue de narration de cette première salve d’épisodes. Dans l’espace, personne ne vous verra être si stupide… Quoi que.

L'actrice Lenora Crochlow, l'air incrédule les mains sur les hanches dans la salle de contrôle du vaisseau, scène de la série Avenue 5.

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Si l’humour – à travers la critique d’une société égoïste et autocentrée – fonctionne à tous les coups, il est dommage de constater que cet effort n’a pas été réparti équitablement dans le reste de la production. Alors oui, un véritable travail esthétique a été apporté aux costumes et décors, afin de crédibiliser l’ensemble, mais cela reste un décor d’arrière-plan. Normal me direz-vous pour une série comique à petit budget, et dont l’intention est davantage cristallisée dans ses scénarios et son humour. Certes, mais il est d’autant plus dommage que l’effort mis en place dans l’ambiance ne serve jamais concrètement les mises en situations. On aurait aimé que les personnages s’amusent davantage avec ces gadgets et autres inventions futuristes, là où la série aurait pu (presque) exister dans un bateau et aurait connu la même finalité. De manière générale, la réalisation et autres éléments techniques de mise en scène sont en pilotage automatique, n’allant jamais plus loin que le simple champ et contre-champ. Encore une fois, normal me direz-vous, pour une série comique à petit budget et au format de trente minutes. Encore une fois, certes, mais on a déjà vu des séries comme celle-ci être innovantes dans ces procédés de mise en scène. Preuve, s’il en faut encore une, que Avenue 5 n’existe, et c’est tant mieux tant c’est sa qualité première, que pour son écriture soignée d’une société confiné et en crise face à un délai qui ne fait qu’éloigner l’espoir de retrouver leurs familles. Confinement intergalactique pour une série d’ores et déjà renouvelée pour une deuxième saison, que l’on espère à l’image de ses meilleures séquences : drôle, irrévérencieuse et profondément sarcastique sur un monde qui ne tourne pas rond – qu’il soit passé, présent ou futur.


A propos de William Tessier

Si vous demandez à William ce qu'il préfère dans le cinéma, il ne saura répondre qu'avec une seule et simple réponse. Le cinéma qu'il aime est celui qu'il n'a pas encore vu, celui qui ne l'a pas encore touché, ému, fait rire. Le teen-movie est son éternel compagnon, le film de genre son nouvel ami. Et dans ses rêves les plus fous, il dine avec Gégé.

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