Croisement entre le teen-movie écervelé et la comédie gore, on vous cause de ce film Netflix appelé Le Paquet (Jake Szymanski, 2018).
Bite Generation
Netflix a de pernicieux de réussir à vous faire cliquer sur l’icône d’un film ou d’une série dont vous n’auriez jamais envisagé la découverte. On peut refuser de faire confesse, nier en bloc, défendre la théorie du piratage ou bafouiller des « mon petit cousin utilise mon compte », chacun des abonnés possède des trucs dans son historique qu’il n’assume pas totalement d’avoir visionnés. Mais le géant du service de vidéo à la demande, grâce à ses supers algorithmes, connait nos failles et sait les utiliser. Alors comment expliquer qu’un après midi d’août, alors qu’il faisait bon flâner à l’extérieur, que ma pile de films à voir et à chroniquer commençait à ressembler à la tour de Pise, je me suis embarqué dans cette aventure sensorielle inédite, ce geste dément, cette pulsion déraisonnée de regarder Le Paquet ? Je crois bien que la théorie du complot, cette fois, tient parfaitement la route.
Nouvelle production Netflix qui ne fait pas genre – cela commence à être une habitude que de voir débarquer des films indépendants de genre sur la plateforme, puisqu’ils ne trouvent pas de distributeurs français – ce long-métrage réalisé par Jake Szymanski – réalisateur de Hors de Contrôle (2016) une comédie bas-du-plafond avec Zac Efron et Anna Kendrick – tire tout son potentiel attractif de son pitch brillant de bêtise : des jeunes adolescents se réunissent pour une virée en camping pendant le Springbreak, mais cette petite escapade va tourner au vinaigre quand l’un d’entre eux va accidentellement se couper… la bite. Alors qu’il est évacué par les secours, ses amis géniaux donnent aux pompiers la mauvaise glacière. Tout l’enjeu sera donc pour ses amis de ramener le membre coupé dans les temps pour que l’opération chirurgicale puisse avoir lieu. Ne vous détrompez pas, si nous vous parlons du film ce n’est pas parce qu’il est moins débile qu’il n’y paraît. Car débile, il l’est bel et bien. Déployant un humour scatophile et bien gras qui rappelle les bonnes heures des références du genre telles que American Pie (Paul & Chris Weitz, 1999) ou Supergrave (Greg Mottola, 2007). Toutefois, le film révèle aussi, pour notre plus grand bonheur, un certain appétit pour le gore à base de nombreux effets de prothèses et de maquillages assez réussis qui participent à l’ambiance de carnaval de cette comédie aussi loufoque qu’elle n’est idiote. De ces virages vers l’absurde jusqu’à ses rebonds fréquents vers la comédie d’horreur, le film avait toute sa place dans nos lignes. Il faut dire que l’on commence à vieillir et qu’il ne faudrait pas que notre boutique devienne le temple des vieux cons, chantre du « c’était quand même mieux avant« . Même si cela reste néanmoins évident que c’était vraiment mieux avant…
Sans s’imposer comme l’une des références des genres auxquels il s’acoquine, cette pochade écervelée pourra, si vous en avez besoin, réveiller l’adolescent boutonneux enfoui au fond de vous. Si toutefois, vous n’êtes pas assez idiot pour ré-invoquer cette part assez douloureuse de votre existence et que vous n’êtes pas encore à la merci des technologies d’hypnotisation ultra-efficace du démon Netflix, vous vous épargnerez surement l’heure et demie que constitue cet objet dont l’intérêt reste, malgré tout, assez mineur.