Dead Leaves


Un trop long court-métrage pour les réfractaires ou un trop court long-métrage pour les fans, Dead Leaves (Hiroyuki Imaishi, 2004) est un anime déraisonnablement décomplexé, à l’extravagance folle et à la limite de l’indécence narrative. 52 minutes d’action brutes à découvrir sur Outbuster.

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Cerveau à ranger aux vestiaires

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Pour les fins connaisseurs, Hiroyuki Imaishi est un animateur prolifique de l’archipel nippon et réalisateur de la série de science-fiction Gurren Lagann (2007) et des deux films qui ont suivi ainsi que celle, plus comique, Panty and Stocking with Garterbelt (2010). Outbuster nous fait découvrir aujourd’hui Dead Leaves, son premier long-métrage en tant que réalisateur, à l’animation plus léchée que le scénario. Retro et Pandy, un garçon avec une télé à la place de la tête et une fille aux yeux vairons, se réveillent complètement amnésiques dans les rues de Tokyo. Après une épique course-poursuite liminaire entre la police et eux, les deux compères d’infortune se retrouvent enfermés dans une prison lunaire sordide, nommée Dead Leaves. Cherchant un moyen de s’échapper, ils vont soulever une révolte des prisonniers. C’est parti pour un combat sans répit où le nouveau couple tentera de recoller les souvenirs afin d’élucider le mystère de leur passé…

Disons-le tout de suite : malgré des prémisses alléchantes, le scénario n’est qu’un prétexte à enchainer les gunfights et les scènes de violence tantôt sexuelles, tantôt sadiques, à un degré zéro du plaisir coupable. Un excès de tous les instants, aussi bien dans l’animation hachée et effrénée que dans les rebondissements et explications scénaristiques toujours plus farfelus. Le film ne prétend ni au réalisme, ni au bon goût avec des blagues crues, scabreuses et scatologiques sont monnaie courante dans une prison où les gardiens ont pouvoir de vie et de mort sur les prisonniers ligotés et nourris, torchés et mis au travail de force, une foreuse en guise de phallus, deux gouttes au nez constantes, une odeur de merde pestilentielle, des pets, rots et vomissements constants…Les personnages ne sont pas très ragoûtants et même plutôt vulgaires ! La fuite des prisonniers pour leur liberté fait surgir tous les instincts humains les plus primaires, entre violence rageuse et réflexe pavlovien.

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Sans temps mort, le long-métrage est à l’image d’un ressort que l’on tend de plus en plus, au risque de le casser dans un final apothéotique et abscons. Toujours plus de sang, toujours plus de morts mais toujours plus de combats… Si on commence par être gêné au début du film, son rythme et ses propositions décomplexées finissent par nous faire sourire et emportent notre adhésion, à un moment où on ne sait plus si on rit de l’infortune des protagonistes ou du culot du réalisateur de nous proposer des images aussi insensées. Le travail graphique est à saluer, avec un refus des courbes et de la douceur. Le style est brut, géométrique et l’avalanche de couleurs vives ferait perdre connaissance à un épileptique. Si on savait que le style d’Imaishi était proche des cartoons américains (repensez à vos dessins animés d’enfance sur Cartoon Network), le réalisateur japonais dépasse toutes ses références en poussant les curseurs à fond, quitte à risquer l’overdose.

Ainsi, Dead Leaves ne prétend pas être autre chose que ce qu’il est : une barre compacte d’action, ne s’embarrassant ni de scénario ni de finesse, pour marquer la rétine durant 52 minutes sans retenue et qui font vraiment pas genre. Vous voilà prévenus !


A propos de Baptiste Salvan

Tombé de la Lune une nuit où elle était pleine, Baptiste ne désespère pas de retourner un jour dans son pays. En attendant, il se lance à corps perdu dans la production de films d'animation, avec son diplôme de la Fémis en poche. Nippophile invétéré, il n’adore pas moins "Les Enfants du Paradis", son film de chevet. Ses spécialités sont le cinéma d'animation et les films japonais. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rZQHW

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