Maniac 5


Après avoir réalisé le très moyen P2, déjà avec la collaboration d’Alexandre Aja, et l’encore plus moyen Engrenage Mortel, le français Franck Khalfoun retourne avec ses potes Aja et Levasseur pour Maniac, le remake du film culte de William Lustig. Quand on voit à quel point le fils Arcady arrive à se démerder pour pondre des remakes plus que corrects, on était en droit d’attendre beaucoup de celui-ci qui, après la première bande-annonce, semblait imposer un style tout particulier.

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The Killer inside me

Maniac, c’est l’histoire de Frank Zito, un serial killer mentalement dérangé, hanté par sa mère, qui scalpe des femmes pour donner des cheveux à des mannequins et les habits de ses victimes. Un jour, il rencontre une jeune artiste prénommée Anna. Alors qu’une relation sérieuse semble se profiler entre eux deux, Frank se bat pour contrôler ses pulsions meurtrières.

Ce qui me plaît chez Alexandre Aja, même s’il n’est pas un réalisateur et scénariste exceptionnel, c’est qu’il arrive à faire des remakes largement au-dessus du niveau des remakes de films d’horreur qui sortent habituellement. Il l’a prouvé avec La Colline a des Yeux et surtout, il y a deux ans, avec Piranha 3D – si l’on considère celui-ci comme un remake. Il semble être le seul à comprendre ce qui fonctionne réellement, ou ce que le public attend d’un tel type de films, à savoir garder l’histoire en y opérant un minimum de changements, innover et moderniser le film dans la mise en scène. En choisissant Maniac, il a la bonne idée de s’attaquer à un film culte, qui a une place dans le cœur des cinéphages déviants car il n’a rien perdu de son côté malsain et crade, mais qui n’est pas un classique, ce qui lui permet une plus grande liberté de ton – ce qu’il avait déjà fait sur Piranha 3D, à raison.

maniac-photo-50cefc066f4b9La réalisation, c’est son pote Franck Khalfoun qui s’y colle. Un choix pas très judicieux, aux premiers abords, vu ce qu’il a déjà fait auparavant, mais soit. Et puis le film s’ouvre, et on se prend au jeu dès les premières secondes. En caméra subjective (nous sommes Frank, donc), nous suivons une fille qui sort d’un bar. Elle sait que Frank la regarde, et essaie de l’éviter, mais il continuera à la suivre. Ça se soldera avec un coup de couteau dans la gorge et un scalp. Cette scène d’introduction pose déjà le ton du film. Un long-métrage qui promet de se détacher de l’original surtout d’un point de vue visuel : la caméra et les yeux de Frank ne font qu’un, et alors que dans l’original la mise en scène est plus « classique », ce film-ci fait preuve de belles prouesses techniques dans ses plans à la fois simples (car ils reflètent ce que voient les yeux)  et compliqués (pour les formules et les techniques qui ont dû être employées pour arriver à ce résultat, la caméra étant très fluide).

Durant un peu plus d’1h20, on sera immergés dans la tête et le corps de Frank. Elijah Wood, l’éternel gentil du cinéma au visage d’enfant, se transforme en cinglé psychopathe qui veut recréer la figure de la mère à travers ses victimes. Il vampirise le film, s’approprie complètement le rôle et livre une excellente prestation là où on l’attendait le moins. Physiquement à l’opposé de cette gueule de rital bourrue et moustachue de Joe Spinell (qui, dans le Maniac original, ressemblait plus à Ron Jeremy qu’à Frodon), ce Frank Zito version 2012 dégage quelque chose d’encore plus inquiétant et, paradoxalement, de plus humain, justement dans son air de gosse innocent un peu paumé – les filles qu’il rencontre lui diront à plusieurs reprises qu’il est « trop mignon », comme on le dirait à un gamin, – et y gagne en profondeur. A ses côtés, la jolie Nora Arnezeder, qui tire assez bien son épingle du jeu en succédant à Caroline Munro dans le rôle d’Anna. La mère de Frank est jouée, elle, par America Olivo, qui se fait baiser à tout va, comme d’habitude.

nora-arnezeder-dnas-le-film-maniac-de-franck-khalfoun-10813956onmlvQuand Aja fait appel à son équipe habituelle (Levasseur, Baxter…), ça implique aussi la présence incontournable du duo Nicotero/Berger au maquillage et aux effets sanglants. L’importante valeur ajoutée au film provient de ses effets gore, disséminés tout le long du film, aussi dérangeants que réussis – les scalps, notamment, sont très réalistes. Le dosage entre le numérique et les effets plus traditionnels est saisissable, mais très bien camouflé : rarement les deux se sont aussi bien mariés. Pour une fois, le numérique ne surpasse pas le traditionnel, et inversement.

Au final, donc, peu de différences entre les deux films, si ce n’est une fin un peu moins macabre et un changement de ville (New York pour le premier, Los Angeles pour celui-ci). Maniac version 2012 est un film très esthétisant, jusque dans le gore et la musique, et Franck Khalfoun réussit, en prenant pour modèle un film visuellement crade, à en tirer un long-métrage visuellement très beau tout en gardant tout le côté malsain et dérangé indispensable pour réussir un tel film. J’ai beaucoup d’affection pour le Maniac de Lustig, et n’aime pas spécialement valoriser les remakes, sauf miracle, mais j’affirme sans grande crainte que ce Maniac-ci est le meilleur remake horrifique vu depuis des années.

P.S. : Sauras-tu retrouver la référence cachée au Silence des Agneaux dissimulée dans le film?


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.


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5 commentaires sur “Maniac