Buck Rogers (Intégrale)


Bonne nouvelle pour les retraités et les amateurs de science-fiction, Buck Rogers au XXVème siècle dispose enfin d’une intégrale DVD à la hauteur de l’œuvre. C’est aussi l’occasion pour les autres de redécouvrir grâce à un support vieillissant mais encore digne de confiance cette série culte qui sait revêtir tout un tas d’aspects différents.

Buckrogers (6)

Anticipation vintage

Pour toutes celles et ceux de ma génération, je vais vous demander de penser très fort à Pokémon quand les jeux, le dessin animé et tous les produits dérivés ont débarqué en France. C’est bon ? Le pyjama Pikachu, la gameboy dans le cartable avec la version bleue et le bol de céréales le mercredi matin devant TF1 ? Vous y êtes ? Très bien. Maintenant, pensez à Digimon et à toutes ces séries qui ont mendié leur part du gâteau. Voilà. Et bien aujourd’hui je vais vous parler de la série Buck Rogers au XXVème Siècle qui à première vue semble être justement le Digimon de Star Wars. Filez piocher quelques fringues dans la penderie de vos parents et rejoignez-moi dans ma 2CV à remonter le temps, prenez un sandwich pour la route…Nous sommes en 1979, à ce moment là vous n’étiez même pas encore un éclair lubrique dans le regard de vos parents donc je vous déconseillerai toute interaction avec quiconque croisera votre chemin, il s’agirait de ne pas semer le merdier dans le continuum spatio-temporel. D’abord vous risqueriez de vous désintégrer en flinguant le revêtement des sièges arrières et surtout la dernière fois que quelqu’un a fait le cake avec notre frise temporelle, on s’est retrouvé avec des socialistes de droite au pouvoir, Donald Trump en tête des sondages et un Michel Sardou ayant percé les secrets de l’immortalité (rôh allez c’est bon revenez, j’allais justement commencer). 1979 donc, deux ans après le phénomène Star Wars qui a redonné un souffle à la science fiction en prenant à contre pied son imagerie jusque là propre et immaculée (et donc cheap jusqu’à la moelle). Puisque le grand public manifeste Buckrogers (2)enfin de l’intérêt pour les lasers, les vaisseaux qui font pew-pew et les costumes en chutes d’aluminium et que les nerds n’ont plus le monopole de l’hyper espace, autant s’engouffrer dans la voie. Buck Rogers est l’un de ces courageux héros ayant endossé le rôle d’éponge “en attendant l’épisode V”, personnage éponyme d’une série TV diffusée sur le réseau NBC de 1979 à 1981, créée par Glen A.Larson (K2000 & Magnum) et Leslie Stevens (Au-Delà du Réel).

Mais remontons encore plus loin, en 1928 plus particulièrement (le saviez-vous ? 1928 était une année bissextile). Buck Rogers est en fait loin d’être l’opportuniste que je semble décrire, puisque cette année là parait la nouvelle Armageddon 2419 A.D dans le magazine American Stories. Philip Francis Nowlan en est l’auteur et le héros de cette nouvelle est amené à devenir Buck Rogers, héros éponyme d’une série de comics paraissant dès 1929. Autrement dit, alors que la science-fiction était à l’image de notre univers, un vaste terrain encore vierge de toute expérimentation imaginaire, Buck Rogers est en quelque sorte le premier héros de SF. Malheureusement, seule son adaptation aussi télévisuelle que tardive nous intéressera cette fois-ci : dans un futur proche, donc en 1987 comme de bien entendu, le capitaine Buck Rogers est envoyé en mission spatiale. Et comme toute mission spatiale qui se respecte, la chose tourne au vinaigre et la traversée d’un champ d’astéroïdes compromet l’itinéraire de notre aventurier qui doit alors procéder à un détour, pas de quoi vous affoler, il reviendra vivant. En tout cas, ceci devait être la version officielle annoncée des trémolos dans la voix devant un parterre de journalistes, alors qu’en vrai chacun savait pertinemment que le pauvre homme avait dû périr les yeux exorbités et le corps flétri après un intense bouillonnement sanguin lui-même précédant une congélation immédiate mais probablement peu indolore. Alors qu’en fait, magie de la science fiction, notre héros s’est retrouvé en phase “d’animation suspendue”. Autrement dit, Buck Rogers n’a fait que ronquer pendant 500 ans jusqu’à ce que la série débute, au moment où son vaisseau est intercepté par l’empire Draconien qui le réveille et lui confronte à la dure réalité de la vie. Ses connaissances ont toutes disparu, la planète Terre n’est plus qu’une flaque de boue radioactive et la situation diplomatique de la galaxie est aussi fragile que le fémur de Kirk Douglas.

En effet, l’empire draconien et les Terriens sont en bisbille et Buck Rogers va se retrouver coincé entre ces deux entités. D’abord séduit par la princesse Ardala représentant les Draconiens, il est envoyé sur Terre pour servir de cheval de Troie à son insu. Parmi le peu de Terriens ne souhaitant pas sa mort, la colonelle Wilma lui accorde une chance de prouver son innocence. Buck Rogers saisit cette occasion et séduit à son tour Ardala et empêche in extremis l’attaque de la planète Terre. Rejoint par le sempiternel sidekick robot Twiki, notre ami est prêt pour l’aventure. Malin, intrépide, charmeur, notre agent secret britaniq pilote rencontrera sur sa route alliés et ennemis qui jalonneront l’intrigue de la série. Malgré l’imagerie cheap qui nous saute aux yeux aujourd’hui, Buck Rogers au XXVème siècle parvient à aborder des thématiques sérieuses nous permettant de ne pas céder à la moquerie. Surpopulation, lutte des classes, famine, voyages dans le temps, la guerre, rien de novateur certes mais l’univers de la série se prête très bien au traitement de ces thèmes. Si les gens veulent duBuckrogers (3) sérieux, ils n’ont qu’à lire des livres, ici c’est la télévision américaine alors ils n’allaient pas se priver pour céder à la franche déconnade, et c’est là où la série montre le mieux qu’elle peut survivre aux affres du temps qui passe et qui rend obsolète tout produit culturel qui a plus de cinq ans. En effet, jouant de sa popularité, la série fait parfois office de foire aux guests : Jamie Lee Curtis, Roddy McDowall, Gary Coleman et j’en passe des vertes et des pas mûres (enfin je dis ça, mais ils sont pas nombreux à être encore en vie en 2016).

Étonnamment, Buck Rogers au XXVème siècle se déguste comme du soylent green, avant de se coucher avec une petite infusion de camomille. La série balaye d’elle-même l’étiquette ringarde que l’on serait tenté d’y apposer de prime abord, et ça croyez-moi, c’est pas donné à toutes les œuvres de science-fiction. Elephant Films a une nouvelle fois fait du bon boulot, qu’il s’agisse du respect du format ou de la qualité visuelle, les conditions sont optimales pour découvrir la série ou bien pour s’y replonger. Si la curiosité l’emporte sur votre temps libre, l’intégrale DVD bénéficie d’une version longue et inédite du premier épisode pilote, ainsi qu’un court documentaire écrit par Alain Carrazé. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je retourne à la confection de mon cosplay pour la prochaine Comic-Con.


A propos de Nicolas Dewit

Maître Pokémon depuis 1999, Nicolas est aussi champion de France du "Comme ta mère" discipline qu'il a lui même inventé. Né le même jour que Jean Rollin, il espère être sa réincarnation. On sait désormais de source sure , qu'il est l'homme qui a inspiré le personnage du Dresseur "Pêcheur Miguel" dans Pokemon Rouge. Son penchant pour les jeux vidéoludiques en fait un peu notre spécialiste des adaptations cinématographiques de cet art du pauvre, tout comme des animés japonaises pré-Jacques Chirac, sans vraiment assumer. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rNYIu

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