Remington and the curse of the Zombadings


Troisième film d’une compétition qui a déjà mal commencé, Remington and the curse of the Zombadings, film philippin au titre quasi-imprononçable, semblait tout posséder pour être un film plein de grand n’importe quoi délirant. Sur le papier, du moins.

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Mariage pour tous of the dead

S’il y a un mot, un seul, que les spectateurs du festival ont retenu, c’est « bakla ». Un bakla, en philippin, c’est le mot péjoratif pour désigner un homo. Et « bakla », on l’entend à foison, tout au long de ce film qui raconte l’histoire de Remington, un jeune macho qui habite avec ses parents dans une petite ville des Philippines, et qui s’est vu lancer, étant gamin, une malédiction qui va le faire changer de bord. Alors qu’un serial killer tue tous les baklas de la ville, Remington, qui en pinçait pour la jolie Hannah, va également se découvrir une attirance pour son meilleur ami Jigs, et cherche à stopper sa malédiction.

Quand on lit le résumé de Remington…, on est en droit d’attendre un film complètement délirant, quelque part entre Shaun of the Dead et n’importe quel film japonais complètement à la masse. Et finalement, il s’agit peut-être là de l’un des films les plus honteux jamais réalisés. C’est très rarement – voire jamais – drôle, filmé et monté un peu trop aléatoirement pour que l’histoire et la technique se marient. Et puis, chose très importante, les fameux zombies du titre apparaissent approximativement trois minutes vers la fin du film. Je n’ai pas vraiment envie de m’attarder sur ce qui aurait pu être « juste » un mauvais film, pour en venir au vrai sujet, à savoir ce qui fait de Remington… une vraie merde immonde. La vision de l’homosexualité dans le film est assez particulière : impossible de les louper, ils ont tous l’air de folles tout droit sorties du fan club officiel de Mylène Farmer ou d’une soirée dancefloor dans le Marais. Dans un premier temps, on assiste à la « transformation » de Remington ; tout le potentiel comique du film est éparpillé çà et là, dans quelques scènes montrant par exemple le héros se lever le matin, découvrant qu’il n’a plus aucun poil sur le corps, ou une fameuse danse aux attitudes girly, paillettes, arcs-en-ciel et licornes à l’appui. Avec ce type d’humour, le film restait mauvais mais arrivait à esquisser quelques sourires en se disant que les gags étaient bien trouvés.

Mais ça, c’était sans compter sur tout le reste. Il faut savoir qu’aux Philippines, l’homosexualité est punie par la loi si elle est publiquement affichée, et on attendait au moins du film de Jade Castro qu’il délivre un message allant dans un sens un peu plus humaniste. Et puis, il aligne les maladresses et le mauvais goût, et on ne sait plus quoi penser d’un film dont on ne sait pas très bien s’il sait où se placer, oscillant entre blagues démontrant par la moquerie le ridicule des homophobes et répliques à l’interprétation tendancieuse – « Tu ne mérites pas d’être gay », c’est dit dans le film, et tout le monde l’a retenue, celle-ci. Remington… s’enfonce tellement dans cette voie que le message final, qui semble défendre la différence d’orientation sexuelle – et encore, à ce stade, on n’en est plus tellement sûr, – n’a plus aucun impact. On en ressort avec un sentiment de honte en se demandant ce qu’un bakla occidental en penserait…


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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