[Entretien] Tiffany Shepis, Scream Queen of the Dead


C’est l’une des dernières grandes scream queens, aux côtés de Debbie Rochon, à s’être fait un nom dans le cinéma d’horreur indépendant américain. Découverte à seize ans par Lloyd Kaufman, rien que ça, et après de nombreuses apparitions dans des clips pour Offspring, Run-DMC, ou encore les Destiny’s Child, la belle Tiffany Shepis a joué dans des dizaines de longs métrages plus ou moins farfelus. C’est avec franchise, lucidité et beaucoup d’humour qu’elle revient, pour nous, sur quelques aspects de sa carrière.

Tiffany Shepis dans “Victor Crowley” © Tous droits réservés

Quel est ton film d’horreur préféré ?

Parmi les grands classiques, c’est incontestablement Les griffes de la nuit. Mais récemment, j’ai beaucoup aimé Attack the block.

Et parmi ceux que tu as faits ?

J’hésite entre The Violent Kind, The Frankenstein Syndrome, The Hazing et Nympha.

En France, les fans du genre t’ont découverte avec Death Factory, qui est l’un des tout premiers films dont tu tiens le rôle principal.

Je frissonnais rien qu’à l’idée de jouer le monstre fou et bizarre du film. Au départ, le réalisateur et les producteurs m’avaient proposé de jouer l’une des filles « normales », et je leur ai répondu que je ne jouerais dedans qu’à la condition que je puisse avoir le rôle du monstre. Je n’ai jamais pensé que le personnage d’Alexa avait quelque chose de sexy, et pourtant, en y repensant, j’ai signé des centaines de DVD et de posters du film et on me pose toujours énormément de questions sur ce rôle… Peut-être que le débardeur et le ruban adhésif faisaient tout !

Pourquoi pas un Death Factory 2, alors ?

Tu sais que mon mari [Sean Tretta, ndlr] a réalisé ce film [The Death Factory Bloodletting, sorti en 2008, ndlr] ? On m’a demandé de revenir dans le rôle d’Alexa, mais le budget était très, très réduit, et je ne souhaitais pas tellement l’accepter une nouvelle fois pour presque rien. Cette suite, en tout cas, était bien meilleure que le premier Death Factory, mais il est clair que si j’étais revenue, ç’aurait été du cinéma de grande qualité ! (rires)

Tu as eu ton premier rôle dans l’excellent Tromeo & Juliet de Lloyd Kaufman. Est-ce que l’on peut dire que Troma a changé ta vie ?

J’ai eu le rôle de Peter alors que je séchais les cours pour essayer d’être figurante sur le film. Lloyd avait attribué presque tous les rôles, mais il lui restait celui de Peter, qui, pour moi, était prévu pour un mec. J’étais terrifiée. Je n’ai travaillé que cinq ou six jours sur le plateau, mais je venais tous les jours pour voir s’ils avaient besoin de moi. C’était mon tout premier film, et à mon avis, je n’aurais pas pu en faire un plus cool !

Est-ce que Lloyd Kaufman est aussi déjanté que le personnage qu’il laisse paraître ?

Lloyd est complètement cinglé lorsqu’il se présente à des festivals, des conventions, ou même lorsqu’on le croise dans la rue, mais à partir du moment où il est sur le set, il est entièrement focalisé sur son boulot. Il connaît une tonne de choses liées à la réalisation de films, et il attend que son casting et son équipe technique se donnent à 100%. Il est très sérieux en réalité, du moins c’est ainsi qu’il était sur Tromeo.

Est-ce que toi-même, tu es très sérieuse sur le plateau de tournage ?

Quand il le faut, oui. J’adore m’amuser pendant que je tourne un film, mais à partir du moment où j’entends « Silence, moteur », je change d’attitude, à tel point qu’il n’existe pas beaucoup de bêtisiers dans lesquels j’apparais !

Est-ce que la condition de la scream queen, dont tu es une excellente représentante, ne semble pas être menacée, notamment avec l’arrivée de plus en plus fréquente d’actrices porno ? Je pense par exemple à Piranha 3D

Avec ou sans pornstars, j’ai trouvé Piranha très fun, ça ne posait pas problème… Mais évidemment, j’aimerais que l’on utilise un peu plus souvent les « horror chicks », mais pour être honnête, il n’y en a plus tellement aujourd’hui. Nous ne sommes plus dans les années ’80, où il y avait une bonne vingtaine d’actrices qui étaient formidables, sexy et qu’on pouvait voir régulièrement dans les séances de minuit. Les scream queens, les vraies, sont une denrée rare.

Qu’est-ce qui fait une bonne scream queen, selon toi ?

Je n’en ai aucune foutue idée ! (rires) Je suppose que les ingrédients sont : crier, ne pas (trop) se plaindre, aimer le faux sang, aimer les fans et surtout, aimer le genre !

Que penses-tu du cinéma 3D, et de son accoutumance à toutes les sauces, y compris dans le cinéma d’horreur ?

A vrai dire, je n’ai pas tellement d’avis sur les films en 3D, tout simplement parce que… je ne peux pas les voir ! Ça craint, je sais, mais ma vue ne me permet pas de profiter de l’effet 3D prévu.

Que penses-tu de cette vague de films d’horreur qui sont très proches de la réalité, dans lesquels on montre la violence et le sexe de manière très crue et réelle ?

Tu veux dire lorsque tout est mélangé ensemble ? Dans ce cas, non, ça ne m’attire pas. Cela pourrait t’étonner, mais j’aime lorsque la violence est mélangée au cabotinage… Je ne suis pas fan de ces films qui veulent être trop réels.

Tu as joué dans plus de cent films en à peine plus de quinze ans, ce qui est assez énorme, et parmi eux, des bizarreries sans nom…

J’ai fini par jouer dans une tonne de bizarreries ! Parfois, le script est bien meilleur que le produit fini, parfois le script est nul, mais l’équipe est fun, et parfois, il s’agit juste d’une question d’argent. J’adore jouer, et parfois, il est très difficile d’attendre qu’on te propose un Frankenstein Syndrome ou un Hazing, donc tu te rabats sur un… Dorm of the Dead ! (rires)

Malgré ta carrière assez prolifique, as-tu parfois des périodes de vide ?

Je pense que chaque acteur dans chaque pays a du mal à trouver du boulot de temps en temps, et ce n’est pas différent ici. Heureusement, on me demande de jouer régulièrement dans quelques productions, même si pour ça, je dois travailler avec des pornstars qui essaient de s’approprier le label scream queen !

Et si je te proposais un rôle dans mon prochain film…?

Fais-le, et tu as intérêt à me faire jouer dedans ! J’espère juste qu’il s’agira de Dorm of the Dead 2… (rires)

Interview réalisée par Thibault Franquin
Traduite par Valentin Maniglia
Un très grand merci à Tiffany Shepis pour son temps et sa disponibilité.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.