Sur Fais Pas Genre, on est toujours à la recherche de films différents, bizarres. Aujourd’hui, on vous parle de Comet de Sam Esmail, première œuvre du créateur de la série Mr. Robot (2015) disponible sur Outbuster. Plongeons ensemble dans cette romance saugrenue et parfois à la limite du psychédélisme.
Romantisme Stellaire
Comet, c’est l’histoire de Dell, Kimberly et de leur relation. Une histoire d’amour de six ans née sous les étoiles et qui finit dans les larmes. Mais le vrai intérêt de Comet n’est pas dans sa banale histoire d’amour mais plutôt dans la forme que va prendre cette romance à l’écran. Non sans rappeler à certains moments Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry, 2004), entre autre dans sa narration, Sam Esmail déconstruit tout : les premiers instants de la relation entre Dell et Kimberly se mêlent aux derniers instants de leur relation avant de revenir à un événement de leur histoire et ainsi de suite. De par ce choix de structure, Esmail parvient à donner un souffle et une certaine énergie au film sans pour autant perdre le spectateur ainsi qu’une certaine profondeur à ses thèmes ainsi qu’à la relation dont on devient les témoins. Le long-métrage étonne par sa une mise en scène soignée et ingénieuse : des cadrages larges et excentrés – le film peut être vu comme une répétition de Mr. Robot – la photographie aux éclairages très tranchés, les transitions ressemblant à des bugs d’affichage ou à des problèmes de réception que l’on pouvait observer sur de vieilles télévisions ou bien encore la musique de Daniel Hart qui touche profondément et se marie parfaitement aux scènes.
Esmail parle de l’amour, tantôt comme un magnifique rêve, un fantasme joyeux, tantôt comme quelque chose d’assez dur. On oscille tout le temps entre diverses interprétations que l’on peut avoir d’une scène à l’image des hésitations éprouvées par Dell et Kimberly magnifiquement interprétés par Justin Long et Emmy Rossum. L’amour, ou du moins une relation amoureuse est comme un puzzle, un rubik’s cube que l’on peut aborder sous différents angles. Elle peut être sublime et douloureuse, onirique bien que cruellement réelle. Une relation répond à sa propre logique qui se créé au fur et à mesure que deux êtres se découvrent. En plus de ça, les émotions lui donnent une existence en dehors de l’espace et du temps. Grâce à ce jeu d’allers-retours, Esmail parvient à parler d’amour d’une façon quasi-pure et donne à son long-métrage une vraie identité, une vraie mélancolie ainsi qu’une certaine tendresse.
Malgré sa structure ingénieuse, ses effets et autres manipulations de l’image et du son, Comet n’est pas parfait. pour autant L’abondance de certains effets visuels – surtout les transitions – donne une impression de trop plein et va parfois à l’encontre du film et de son propos. Les personnages de Dell et Kimberly, bien qu’attachants, sont parfois très clichés : le jeune homme pessimiste, agaçant monsieur je-sais-tout et désabusé qui rencontre une jeune femme idéaliste, curieuse et candide sur les bords. La belle poésie du long-métrage tend parfois à se faner dès lors que la sauce ne prend pas toujours pleinement. Sans parler donc d’un chef-d’oeuvre, d’une oeuvre révolutionnaire qui change à jamais notre façon de parler d’amour et des relations conjugales, Comet demeure néanmoins un travail solide. Un premier essai qui nous transportera dans une romance de 90 minutes si l’on daigne lâcher prise.