On vous l’a déjà dit, après le succès de Shaun of the Dead, la nouvelle vague du cinéma d’horreur britannique s’est scindée en deux. D’une part des films très durs aux aspects sociaux très forts, et de l’autre des comédies plus légères et parodiques. Bienvenue au Cottage fait partie de cette dernière catégorie, héritée directement du succès du film d’Edgar Wright.
Partie de campagne
Réalisé par Paul Andrew Williams à qui l’on doit le thriller London to Brighton (2007) et le scénario de The Children – voir notre article – , Bienvenue au Cottage est un de ces films, qui, comme Shaun of the Dead et Severance, fait partie de la tranche comique de cette nouvelle vague du cinéma d’horreur britannique. Le sempiternel humour anglais, potache, aux dialogues savoureux, se marie en effet terriblement bien avec l’absurdité gore de l’horreur. Il y avait d’ailleurs déjà chez les Monty Python ou dans le Mister Bean de Rowan Atkinson, cette manière très particulière de faire rire le public sur des choses horribles. Par l’absurde, l’humour anglais permet presque toujours de faire passer la pilule des pires atrocités.
Le film raconte l’histoire de deux frères qui viennent de kidnapper la fille du parrain local. Ils se réfugient dans un village paumé pour faire le point et préparer la suite de leur opération. Ce qu’ils n’ont pas prévu, c’est que la jeune fille kidnappée est particulièrement robuste, que son père, en bon chef de pègre qu’il est, a des sbires chinois à sa solde, et que le fermier du coin est un dangereux psychopathe. Ce simple synopsis permet de mettre d’emblée en lumière ce à quoi le film peut ressembler. Parodie de film de gangsters mêlée à un bon gros survival gore et trash à souhait. Bien servi par des acteurs à la verve anglaise parfaite, dont le toujours parfait Andy Serkis – le Gollum du Seigneur des Anneaux, au cas ou vous n’êtes pas à la page – et le très drôle Reece Shearsmith, dans un rôle d’un grotesque absolu.
Paul Andrew Williams s’amuse avec les codes pendant une heure et demie, effectuant dans son intrigue des virages à 180° afin de s’amuser des spectateurs et les mener en bateau d’un genre à l’autre. Le film démarre en effet comme une comédie de gangster dont l’ambiance un brin décalée rappelle certains films des frères Coen tels que Fargo (1996) ou les micmacs façon Guy Ritchie. Très vite – dès l’arrivée du fermier psychopathe en fait – le film se mue en un survival grotesque à l’humour très référencé dont l’ambiance glauque n’est pas sans rappeler Massacre à la Tronçonneuse. Le psychopathe qui vit aux alentours de ce cottage a en effet quelque chose d’un Leatherface élevé dans un cartoon à la Tex Avery.
Comme Peter Jackson ou Sam Raimi avant lui, le réalisateur ne lésine pas sur les effets gore, ici utilisés pour déclencher le rire de par l’outrance de ses situations. En cela, le film fonctionne plutôt bien, et de bout en bout, maniant avec brio cette surenchère dans l’absurde jusqu’à ce final, déroutant, mais qui reste en mémoire. Sans être le meilleur film de ce dossier que l’on consacre à la Brit Horror, il nous semblait important de ne pas oublier ce petit film qui constitue l’une des meilleurs excursions du cinéma d’horreur britannique du côté de l’humour noir.