World War Z 1


Elle était attendue, cette adaptation du best-seller de Max Brooks ! Après les nombreux aléas qui ont repoussé sa production puis sa sortie, l’occasion nous est enfin donnée de voir Brad Pitt dézinguer du zombie… ou pas.

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Gerry s’en va-t-en guerre

World War Z, c’est d’abord un livre écrit par Max Brooks (fils de Mel, et déjà auteur de l’amusant Guide de survie en territoire zombie), encensé par la critique et les lecteurs à travers le monde. Best-seller + zombies, comment Hollywood aurait pu ne pas se ruer sur l’occasion d’adapter un nouveau livre à succès ? Alors que c’est Leo DiCaprio, via sa société de production Appian Way, qui devait produire l’adaptation, c’est finalement Plan B, la société de l’autre beau blond d’Hollywood, Brad Pitt, qui obtient les droits pour mettre en route World War Z, le film. Si le livre est une collection de points de vue et de témoignages de multiples personnages provenant des quatre coins du monde, le long métrage se concentre plus sur l’aventure d’un seul homme, Gerry Lane, agent de l’ONU chargé de trouver un remède à l’épidémie qui a déjà transformé la majeure partie de l’humanité en zombies et qui ne cesse de prendre de l’ampleur. En acceptant cette mission, Gerry va se retrouver aux quatre coins du globe pour mettre un terme à la contamination, en Corée du Sud, en Israël et en Grande-Bretagne.

World War Z

Alors que la zombimania contamine le monde entier depuis quelques années – la série The Walking Dead étant son meilleur exemple – on ne cesse de voir les salles de cinéma et les étagères de DVD de la Fnac envahies par les morts-vivants ; cette année déjà, Warm Bodies a été un succès assez conséquent à travers le monde en engrangeant plus de 100 millions de dollars pour un tiers de budget. Et si World War Z fait déjà bien mieux quelques semaines seulement après sa sortie américaine, la qualité n’est pas forcément au rendez-vous. En fait, je suis prêt à parier beaucoup sur le fait que le making-of sera bien plus passionnant que le film lui-même, tant la production a été chamboulée maintes fois, et il est dommage de gâcher (même à moitié, comme c’est le cas ici) une telle opportunité. C’est le gros problème du réalisateur Marc Forster, qui a été, il y a quelques années, le réalisateur de tous les records sur un James Bond, Quantum of Solace : plus jeune réalisateur d’un épisode de la saga (39 ans), unique réalisateur à ne pas être issu d’un des pays du Commonwealth (il est suisse allemand), il a signé l’épisode le plus court de toute la série, mais aussi… le plus mauvais. Et ce film-ci témoigne une fois de plus des qualités et des défauts de ce cinéaste.

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En oubliant complètement le fait que ce n’est pas du tout d’une adaptation fidèle, et en prenant le film pour seul objet d’analyse, la première chose qui frappe (en dehors des effets, mais j’y reviendrai tout à l’heure) sont les changements de rythme mal opérés : pour quelques séquences impressionnantes (l’époustouflante séquence d’invasion à Jérusalem par-dessus tout), il y a beaucoup d’ennui, de dialogues qui font avancer l’intrigue mais qui n’installent aucune tension ni ne vont chercher les sentiments et les états d’âme des personnages, chose primordiale dans ce type de films : un cinéaste comme Zack Snyder y est arrivé avec brio avec L’armée des morts. On se retrouve devant un film très froid, chose qui ne pénalise pas le genre en soi (un exemple parmi d’autres serait de citer le merveilleux Dellamorte Dellamore de Michele Soavi), sauf lorsque « froid » est synonyme du mot « aseptisé », comme c’est le cas ici. Dès la première séquence, et malgré le spectacle qu’elle offre, on sait pertinemment que quelque chose cloche. Ne vous attendez pas à voir du sang, il n’en coule pas une seule goutte ; à tel point que lorsque Gerry ampute le bras d’une soldate israélienne, elle s’en sort sans jamais saigner, pas même sur le bandeau qu’elle porte à l’endroit de la blessure, sur le bras. Forster essaie de s’en tirer par un jeu de montage assez maladroit, mais en finissant par montrer (même très furtivement) le membre amputé qui ne saigne pas du tout, tout cela ne présente alors plus aucun intérêt. Et l’on retrouve cela tout le long du film : les zombies sont filmés de loin lorsqu’ils dévorent les humains, aucune morsure n’est montrée explicitement… À ce stade, ce n’est plus de la suggestion, mais bel et bien de l’autocensure pour que le film puisse être projeté au public le plus large possible dans son pays d’origine, que l’on sait très strict sur ce qui est montré à l’écran. Malheureusement, cela confirme de façon sûre que l’ingrédient central et essentiel d’un film de zombies est le gore, et que faire un film de ce type sans inoculer un seul effet sanglant condamne de fait cette œuvre, et ce de manière irrévocable. Ne vous attendez donc pas – et c’est mon point de vue que je vous donne là, de vous à moi – à voir débarquer en vidéo, dans quelques mois, une version « unrated », car le simple aperçu du bras qui cautérise le plus rapidement du monde est la preuve que si d’aventure Paramount venait à sortir une version non censurée, elle n’aurait rien de plus à offrir niveau hémoglobine.

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Alors que le livre appartenait sans conteste au genre de l’horreur, son adaptation filmée relève plus du thriller médical – et encore, il est difficile de lui donner un seul genre définitif, tant il lorgne vers tous les horizons, révélant un manque cruel d’identité. Malgré les maladresses de la mise en scène et le manque de souffle qui, bien que surtout palpable dans la dernière partie, avant un final qui emprunte énormément à un certain film avec Will Smith, gangrène la totalité du métrage, World War Z n’est pas mauvais. Il se regarde même avec un certain plaisir, mais ne fait pas partie de ces films auxquels on pardonne aisément leurs défauts, car les deux heures ne nous offrent pas que des moments agréables, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un film qui surprend. Sauf que si on pense aller voir un film d’horreur, c’est « rated ».

 


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.


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