Lost Identity (Wrecked)


Premier long-métrage du québécois Michael Greenspan, Wrecked (en V.F.: Lost Identity, puisqu’on aime bien donner des traductions merdiques qui traduisent rien du tout) est un huis-clos ayant bénéficié d’une très modeste distribution en salles outre-Atlantique, et est arrivé chez nous en DTV, disponible depuis le 13 septembre. Adrien Brody y tient le rôle principal, et poursuit sa carrière en toute logique.

“T’es mort!”

Là, normalement, c’est le moment où vous vous dites qu’on va complimenter le duo Michael Greenspan/Christopher Dodd, qui signe avec Wrecked son premier long-métrage, l’un étant à la caméra, l’autre à l’écriture. En fait, c’est un huis-clos comme on en a rarement vu, parce qu’on en a rarement vu d’aussi chiants. La trame du film, en soi, est plutôt sympathique: un homme dont on ne connaîtra jamais le nom se réveille couvert de blessures, sur un siège, dans une voiture, dans une forêt, sans aucun souvenir. Il ne sait pas ce qu’il fait là, il ne sait même pas qui il est. Toujours est-il que malgré qu’il soit assis à la place du mort, c’est le seul à être en vie: le conducteur est mort, ainsi qu’un deuxième passager à l’arrière. Vous aurez donc compris que le but pour cet homme est de se souvenir de son identité, et savoir comment il est arrivé là. Surtout qu’il se doute qu’il y a une histoire de braquage dans tout ça, s’il en croit les cartes d’identité et les sacs pleins de thune qui sont dans la voiture.

Le huis-clos est devenu l’une des nouvelles tendances du thriller: récemment, on a pu voir des films comme Devil, Buried, 127 heures ou Pandorum qui placent le huis-clos dans des endroits aussi variés qu’un ascenseur, un cercueil, un espace entre deux rochers ou un vaisseau spatial. Wrecked apporte sa pierre à l’édifice, en plaçant l’action dans une voiture (et, à plus grande échelle, une forêt). Le film est plutôt intriguant… pendant 15 minutes. Au-delà, on s’ennuie, on supporte les cris d’Adrien Brody – ah oui parce qu’au début, il a ses jambes bloquées, alors il met 45 minutes à les enlever de là. Bref, on suit le film passivement, on ferait autre chose devant notre écran de télé que ça changerait strictement rien à notre compréhension de l’histoire. Et puis il réussit à sortir de la voiture. Alors, qu’est-ce qu’il fait? Il ne va évidemment pas essayer d’aller vers la route, ça serait trop simple! Donc d’un joli coup de facilité scénaristique, il s’enfonce dans les bois (en rampant, quitte à ce que ce soit lent, autant faire les choses à fond), ne comprenant toujours pas ce qui est arrivé ni qui il est. Pratique, n’est-ce pas? Ah oui, détail important, l’homme voit apparaître à plusieurs reprises une fille qui, des fois parle, des fois parle pas. Sauf que quand elle parle, elle fait avancer le film. Alors bordel, pourquoi elle se tait le reste du temps?!

Pour ceux qui sont encore intéressés par Wrecked (?), je ne dévoilerai pas le pas-twist final, pour m’intéresser plutôt à Adrien Brody. Sachez juste qu’à la fin, on a quand même toutes les réponses, mais c’est pas faute de nous avoir, au choix: tapé sur les nerfs / profondément emmerdé / exténué tellement c’était vide. Adrien Brody, donc, est plutôt bon, mais est-ce que ça étonne vraiment? 127 heures n’était vraiment pas terrible, et James Franco pourtant excellent. Mais avec Wrecked, c’est une autre paire de manches, parce qu’en plus d’être vide, le film est plein d’incohérences! A tel point que le jeu d’Adrien Brody est finalement le seul élément positif du long-métrage, avec la mise en scène, pas tellement dégueulasse mais qui aurait pu être quand même un peu plus soignée. On sait combien Adrien Brody est dans sa période “Nicolas Cage” (au moment où ce dernier sort de sa période “lui-même”), en enchaînant les films inégaux (les très bons Splice et Cadillac Records, et les très mauvais The Experiment et Giallo, en passant par le sympathique Predators), et Wrecked fait partie de ceux qui sont du mauvais côté de la pente. On l’attend prochainement dans Detachment (avec Chrisina “OMFG” Hendricks et l’excellentissime Bryan Cranston) et dans Waco (aux côtés de Kurt Russell, Giovanni Ribisi et Sharon Stone), deux drames plutôt prometteurs.

En attendant, Wrecked reste une grosse tâche dans la carrière d’Adrien Brody, qui mérite bien sa distribution française en une sortie vidéo qui passera probablement inaperçue pendant longtemps, et dont la seule gloire est d’avoir un acteur oscarisé dans le rôle principal (la jaquette le fait bien ressentir). Remplissage, c’est ce qui caractérise le mieux le film de Michael Greenspan, et contrairement au personnage d’Adrien Brody, je conseille plutôt de passer sa route, et certainement pas en rampant. Pour les plus coriaces, le film est disponible en DVD  et Blu-Ray depuis le 13 septembre chez Initiative Cinema One, sous le titre Lost Identity. Au fait, y’a pas de bonus.

P.S.: ma curiosité m’a fait faire le tour des critiques du film, professionnelles et non-professionnelles. Quelques-uns aiment, fondent un raisonnement tout à fait respectable, beaucoup n’aiment pas. La critique que je retiendrai est sans hésitation celle de gaspisuc, utilisateur d’Allociné (et dont c’est l’unique critique à ce jour), qui a mis à Wrecked 5 étoiles sur 5, et voici sa critique retranscrite dans la plus grande fidélité: “surprenant, intense, emouvant. les dialogues, les musiques, les effets spéciaux vous tiennent en haleine. le plus beau film depuis titanic.”.

Continue comme ça, mec.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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