Suite du drolatique et efficace Minuscule – La vallée des fourmis perdues (Hélène Giraud &Thomas Szabo, 2013), Minuscule 2 : Les Mandibules du bout du monde (Hélène Giraud &Thomas Szabo, 2019) nous embarque cette fois-ci dans une longue aventure guadeloupéenne. Trop longue.
Fourmi paresseuse
On se souvient du premier opus, Minuscule, la vallée des fourmis perdues (Hélène Giraud &Thomas Szabo, 2013) qui avait rassemblé près d’un million et demi de spectateurs en France (plus de 4 millions dans le monde), raflé le César du meilleur film d’animation, porté haut les couleurs de la french-touch de l’animation à l’international… C’est dire si la pression devait être grande chez les créateurs de cet univers animé et animalier pour égaler la prouesse réalisée en 2013. On était cependant en droit d’attendre une suite de qualité, tant le monde créé et les techniques formelles utilisées laissaient entrevoir d’innombrables possibilités et exploitations. Une campagne de crowdfunding avait même l’occasion d’expliquer toutes les scènes non produites du premier film (pour cause de budget serré) que les créateurs souhaitaient reprendre dans le deuxième opus. Le matériau semblait là, et de bonne qualité…
Perdu ! Quelle ne fût pas notre déception devant les premières minutes de Minuscule 2 : Les Mandibules du bout du monde (Hélène Giraud &Thomas Szabo, 2019). Poussives et fades, les premières scènes n’ont fait que transformer notre émerveillement premier en ennui profond. Les séquences en prise de vues réelles avec des acteurs en chair et en os prennent beaucoup – trop – de place et on s’impatiente à retrouver nos minuscules héros. Il faut passer un prologue boursouflé par d’innombrables péripéties dispensables pour qu’enfin le récit décolle : voici notre héroïne coccinelle embarquée malgré elle dans un avion, direction la Guadeloupe. Et ses parents et amis de partir à sa recherche.
Le monde des humains était très vite évacué dans le premier opus, où le point de départ de la folle aventure résidait dans les reliefs d’un pique-nique abandonné avec hâte. Cela faisait le charme et l’inventivité de la proposition, on se retrouvait entre petites bêtes aux comportements anthropomorphiques et pleines d’humour. Maintenant, on se retrouve avec des personnages humains caractérisés à la truelle, simplistes à souhait, et sans une once de sympathie. Difficile de vouloir rester avec eux et on prend son mal en patience en attendant de retourner avec les coccinelles se parlant en langage de trompette et les fourmis aventureuses. Mais même là, on est déçus par cette banale histoire pleine de bons sentiments et ses gags éculés réutilisés plusieurs fois. Alors, si le long-métrage ne remplit même plus son rôle de cartoon, si l’histoire construite reprend sans nuance et avec maladresse les archétypes des productions américaines, si l’inventivité des créateurs se repose trop sur leur concept, il ne reste plus grand-chose d’appréciable dans ces 92 minutes interminables. C’est tout le paradoxe de cet objet qui se situe dans la moyenne basse des films en terme de durée, mais utilise tellement paresseusement le fantastique matériel à sa disposition qu’on voudrait qu’il soit plus court.
Saluons cependant le travail des animateurs, d’une grande finesse malgré des plans de coupe « bouche-trous » dont on ne sait pas bien s’ils sont là pour faire économiser de précieuses secondes d’animation ou pour enrichir le portfolio des régions partenaires. L’intégration des éléments 3D (animés ou non) dans les décors naturels filmés est très réussie. Quant au design sonore, incluant le « langage » des bêtes (globalement compréhensible pour tout un chacun), il témoigne d’une minutie apportée aux détails et à une création sonore exigeante, rare dans le cinéma quel qu’il soit. Dommage que tout ce labeur soit au service d’un rendez-vous manqué.