L’héroïque et dysfonctionnelle famille de super-héros de Netflix fait ses adieux avec cette quatrième saison qui a pour mission d’offrir une conclusion satisfaisante à une série qui aura su renouveler à chaque temporalité et notamment lors de sa troisième saison. Alors mission accomplie pour l’Umbrella Academy (Steve Blackman & Jeremy Slater, 2019-2024) ?
Que la mif
D’abord pensé comme une adaptation en long métrage du comics indépendant du même nom, Umbrella Academy est devenue une série en live action, produite par Netflix en collaboration avec Universal. La première saison nous présentait une famille de super-héros dysfonctionnelle, forcée de se rassembler pour contrer une menace d’apocalypse. Le ton est léger sans pour autant négliger les moments graves du récit et la série profite de son excellent sens du casting et de caractérisation de ses personnages, Robert Seehan notamment, délivre une performance géniale, dans la lignée de son travail dans Misfits (Howard Overman 2009-2013). Si les trois premières saisons adaptaient plutôt fidèlement le comics, ce dernier n’étant pas encore terminé (l’arc de la Sparrow Academy que l’on retrouve dans la troisième saison se base en vérité sur un comics pas encore publié et qui ferait office de conclusion) il a donc fallu trouver une fin sans s’inspirer du comics. C’est peut être ce qui explique ce changement de format pour cette quatrième saison qui passe de dix à six épisodes, ce qui est rarement de bonne augure dans le monde merveilleux des séries télévisées. Il faut dire que Netflix est habitué à proposer des fin de séries bricolées pour contenter les fans et donner le change mais il est également possible que le manque de contenu à adapter ait influencé la durée de cette dernière saison. Difficile de définir un unique responsable pour cette fin en queue de poisson. Dans un article paru dans le magazine Rolling Stones, le comportement toxique et problématique du showrunner Steve Blackman a été révélé. Des tensions seraient notamment survenues autour de la question de la transition d’Elliot Page et de son intégration dans la diégèse de la série.
Sur ces six derniers épisodes, le manque d’inventivité pour pallier à l’absence de contenu à adapter se fait terriblement sentir et ce dans tous les domaines. L’une des plus grandes qualités de la série résidait dans sa direction artistique qui proposait toujours des décors avec une esthétique forte qui empruntait autant au steampunk qu’au cinéma de Terry Gilliam et qui réussissait surtout malgré la diversité de ses influences à proposer un univers toujours cohérent. Un véritable tour de force de production et de design que l’on retrouvait également dans le soin apporté aux costumes. Aussi, la série avait pour habitude de proposer de réjouissantes scènes musicales, bien souvent des scènes d’action d’ailleurs mais pas seulement, on pense notamment à ce joli moment de la première saison où la fratrie se retrouve, une fois adulte dans leur chambre d’enfant et que résonne dans la maison I Think we’re alone now de Tiffany Darwish. Un joli moment nostalgique où l’utilisation de musique pop dépasse le simple effet cool pour venir épouser les tourments des personnages. Tout comme dans la trilogie des Gardiens de la Galaxie (James Gunn, 2014-2023), Umbrella Academy ne cache pas l’aspect freaks de ses personnages et ne tente pas de lisser leurs défauts ni leur apparence hors norme, c’est notamment le cas via le personnage de Luther, sorte de Captain America simiesque. La diversité du cast force aussi le respect, là où Marvel Studios propose bien souvent une diversité de façade, ici, que ce soit dans les thématiques ou dans son casting, Umbrella Academy ne fait pas semblant et aborde des sujets comme le racisme ou la transition avec une aisance rare.
Tout ceci disparaît dans cette dernière saison qui nous propose de retrouver nos personnages favoris mais cette fois-ci privés de leurs pouvoirs. Si ce trope est un classique des récits de super-héros, souvent utilisé pour questionner le rapport de ces personnages à leurs pouvoirs, ici il n’en est rien, l’écriture, faible, ne nous propose que des parodies de ces personnages que l’on a tant appréciés. Surtout ce choix scénaristique prive la série de toute sa fantaisie et nous propose que des décors mornes et ordinaires, un comble. Même l’humour semble poussif et lorgne parfois vers le scato. Malgré le nombre réduit d’épisodes, la saison donne l’impression de faire du remplissage pour ne pas arriver trop vite vers une conclusion plus que décevante, désincarnée et surtout injustement déprimante. Une triste fin pour une série qui avait plus de personnalité que de nombreuses autres productions issues de la plateforme Netflix.