Upgrade 1


Plaisir coupable de l’Étrange Festival 2018 qui s’est terminé la semaine dernière, Upgrade (Leigh Whannell, 2018) sort ce mercredi en salles. Cette nouvelle production de Jason Blum s’aventure sur le terrain de la science-fiction dans ce qui pourrait être une relecture de L’Homme qui valait trois milliards (Kenneth Johnson, 1974-1978). Au programme : A.I. manipulatrice, vengeance et combats à couteaux tirés.

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Défaillance SySTEM

Figure de proue des productions Blumhouse de ces dernières années, Leigh Whannell a marqué le cinéma d’horreur des années 2000 et 2010 en s’attelant aux scénarios d’une partie de la saga des Saw et de la trilogie Insidous. Il passe pour la première fois derrière la caméra avec Insidious: Chapitre 3 (2015) qui nous avait laissé tellement indifférents qu’on avait même omis de vous en parler. Upgrade (2018), son second long-métrage dont il est question ici, était donc l’occasion pour lui de se détacher des habituelles sagas d’horreur pour faire ses preuves sur le terrain de la SF sanglante. L’histoire ? Dans un futur pas si lointain que ça, on fait la connaissance de Grey qui, perplexe devant les technologies envahissant son quotidien, roule sa bille en réparant des voitures « vintage » à moteur. Malheureusement pour lui, il perd sa femme et devient tétraplégique suite à l’attaque d’un gang armé. L’un de ses clients, le jeune génie de la technologie Eron, lui propose alors une expérience inédite et ultra-confidentielle : se faire implanter une intelligence artificielle dans la nuque qui lui permettra de reprendre le contrôle de son corps. Grey accepte, avec pour objectif de venger la mort de sa femme. Seulement il n’est pas au bout de ses surprises lorsque l’A.I. se manifeste dans son esprit, répondant au doux nom de STEM.

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S’il n’est pas question de relations amoureuses comme dans Her (Spike Jonze, 2014) ou de machine à tuer à la Blade Runner (Ridley Scott, 1985), Upgrade traite plutôt de la cohabitation dans un même corps entre l’esprit humain et une entité artificielle. Plus qu’une simple voix mentale, l’A.I. est aussi vitale à Grey qu’il l’est pour STEM, chacun répondant de l’autre pour agir et survivre. STEM ne peut prendre le contrôle du corps de son hôte seulement si ce dernier le lui autorise vocalement, de même que Grey ne peut pas se déplacer sans sa puce cervicale. Là où la question de la domination entre l’Homme et l’A.I. est souvent traitée dans les longs-métrages abordant cette thématique, Upgrade en évite tous les pièges durant les trois quarts de sa durée pour finalement y sauter les deux pieds joints. En ressort une montagne d’incohérences scénaristiques dont on se serait bien passé, et qui alourdissent le récit en plus de le rendre hors-sujet. Un raté final qui coûte cher à ce qui aurait pu être une bonne surprise. Dans son ensemble, aussi bien sur le fond que la forme, et malgré des effets spéciaux de qualité, l’univers assez séduisant n’est que trop peu exploité, que ce soit dans sa vision de l’humanité face aux nouvelles technologies ou dans l’utilisation des technologies fascinantes qu’elle met en scène. Les personnages se multiplient sans avoir vraiment de but, en suivant les schémas types, vus et revus dans les productions SF de ces dernières années. De l’ado geek-prodige qui passe son temps à tripoter un nuage (son cloud) à la femme dans le frigo qu’est l’épouse de Grey en passant par les méchants qui sont méchants parce qu’ils sont très très méchants, on lèvera à maintes reprises les yeux aux ciel devant les répliques clichées et les apparitions des personnages-objets qui ennuieront plus qu’ils n’intéresseront.

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Si l’objet n’est pas une franche réussite en terme d’écriture (notamment son dénouement) le réalisateur parvient toutefois à marquer les esprits avec plusieurs scènes de combats à la mise en scène réussie, rares moments où la figure de l’humain augmenté est plutôt bien exploitée. Les dialogues entre Grey et STEM, bien que nombreux et très envahissants, posent la question de la présence de la technologie dans notre vie quotidienne, et interroge sur les limites à notre dépendance technologique, de plus en plus problématique. On pourrait finalement reprocher à Whannell de ne pas assumer son concept jusqu’au bout en tombant dans le piège de l’A.I. maléfique et manipulatrice. Le film est également handicapé par un casting très inégal, où le sur-jeu côtoie le non-jeu, mené par un Logan Marshall-Green qui parvient à sauver le navire grâce à ses prestations physiques et sa répartie comique. Upgrade ne parvient donc pas à dépasser son statut de film à divertissement qui, à défaut de poser les bases d’un univers de science-fiction qui avait tout pour être original, préfère se conforter dans les rebondissements classiques d’un récit de vengeance un peu rigolo. On surveillera tout de même les prochains projets de Leigh Whannell, en espérant que le réalisateur puisse encore nous surprendre. Upgrade n’en reste pas moins sympathique à regarder, à condition que vous débranchiez votre cerveau pendant les deux heures qui suivront.


A propos de Jade Vincent

Jeune sorcière attendant toujours sa lettre de Poudlard, Jade se contente pour le moment de la magie du cinéma. Fan absolue de Jurassic Park, Robin Williams et Sono Sion, elle espère pouvoir un jour apporter sa pierre à l'édifice du septième art en tant que scénariste. Les rumeurs prétendent qu'elle voue un culte non assumé aux found-footages, mais chut... Ses spécialités sont le cinéma japonais et asiatique en général.


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