La Famille Addams / Les Valeurs de la Famille Addams 1


Dans les films familiaux marquants de la décennie Ô combien bénie 90, en toute objectivité, je demande La famille Addams (Barry Sonnenfeld, 1992) et Les Valeurs de la Famille Addams (Barry Sonnenfeld, 1993) ! Retour sur ces deux métrages qui seront parfaits pour un Halloween en famille.

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Ma famille d’abord !

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Dans un manoir drôlement lugubre habite une famille des plus étranges, la famille Addams dont le couple central est celui de Gomez (Raúl Juliá) et Morticia (la magnifique Anjelica Huston, que nous avions déjà vu dans Les sorcières !) Addams. Ils vivent entourés de leurs deux enfants Puglsey et Mercredi (l’un des premiers rôles de Christina Ricci, que nous retrouverons notamment dans Casper), Max un homme à tout faire aux allures de Frankenstein, le Cousin Machin, qui effectivement ressemble à un machin, la Grand-Mère (mère de Morticia) et une main (La chose), en guise d’animal de compagnie. Pendant que les enfants jouent à décapiter des poupées, Gomez se souvient avec émotion de Fétide, son frère parti il y a une vingtaine d’années lors d’une dispute. Y voyant là une opportunité pour faire main basse sur la fortune, l’avocat de la famille trouve le sosie de Fétide, un certain Gordon et le fait passer pour ce dernier. Gordon finira par s’attacher à l’étrange famille. Voilà comment résumer – sans spoiler les rares personnes ne l’ayant pas vu – le premier film de la Famille Addams. Le deuxième se passe quelque temps après – vous verrez que la notion de temps est particulière chez les Addams – et nous y retrouvons Morticia, sur le point d’accoucher d’un petit bébé qui s’appellera Puberté, Puberté Addams. Mercredi et Pugsley voient d’un très mauvais œil l’arrivée de ce bébé, et tenteront – comme la plupart des grands frères et sœurs font aux petits – de le tuer, en vain. Gomez et Morticia décident alors d’engager une baby-sitter pour surveiller leurs petits démons et c’est alors qu’entre en scène Debbie (incarnée par Joan Cusack) – connue par les autorités sous le nom de la Veuve Noire, qui, comme les méchants du film précédent ne rêve que d’une chose, mettre la main basse sur la fortune des Addams. Pour se faire, elle expédie fissa Mercredi et Pugsley dans un camp de vacances pour jeunes enfants blancs et racistes – ce qui donnera lieu à des scènes hilarantes telle que les enfants Addams punis et obligés de regarder des Walt Disney et qui par vengeance sabotent le spectacle de fin de colonie en mettant le feu au camp et à leurs parents. Réalisés par Barry Sonnenfeld (le réalisateur de la trilogie des Men in Black et de Wild Wild West), La Famille Addams et Les valeurs de la Famille Addams, sont deux délicieux contes gothiques à l’humour noir parfaitement maîtrisé. Indissociables l’un de l’autre, les deux fonctionnent comme une entité et il est donc difficile de n’en voir qu’un à la fois tant ils fonctionnent comme un diptyque. La légende raconte même qu’il existerait un troisième film, un téléfilm, avec un casting différent, sorti peu de temps après. Mais je ne suis qu’humaine après tout et voilà un aveu de faiblesse : je n’ai pas réussi à dépasser les dix premières minutes, les quatre fois – oui, quatre ! – où j’ai lancé le truc. Alors, taisons-le.

Le scénario de La Famille Addams est signé Caroline Thompson, et si cela vous dit quelque chose c’est parce qu’en bon amateur de genres, vous avez dû voir son nom un certain nombre de fois dans les génériques, notamment ceux de Tim Burton, dont Edward aux mains d’argent (1990), L’étrange Noël de M. Jack (Henry Selick, 1993) ou encore Les noces funèbres (2004). La photographie quant à elle est signée Owen Roizman – à qui on doit également celle de L’Exorciste (William Friedkin, 1973) – qui s’inspire pour son éclairage merveilleux – notamment sur Anjelica Huston qui a le droit à de beaux flares pour accompagner son regard – de ceux propres aux longs-métrages des années 20/30 – essor du mouvement gothique, de la Hammer aux Universal Monsters – de films comme Le cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1920), de Nosferatu (Friedrich Murnau, 1922) de Métropolis (Fritz Lang, 1927) ou encore du premier Dracula (Tod Browning, 1935). En parlant d’Anjelica Huston, si sa performance est impeccable elle avoue dans des interviews avoir voulu s’éloigner de l’interprétation de la Morticia initiale (la magnifique Carolyn Jones), pour s’inspirer plutôt d’Edith Ewing-Bouvier une femme mondaine excentrique collectionnant les animaux empaillés qui était aussi la tante de Jackie Kennedy, ainsi que de Norma Bates. Le port d’un corset, de longs faux ongles éreinteront la comédienne, qui pourtant signera pour la suite. Notons également la formidable interprétation de Raúl Juliá – Victor Frankenstein dans La Résurrection de Frankenstein (Roger Corman, 1990) – en mari fou amoureux. Enfin et surtout, Christopher Lloyd, Emmet Brown dans La trilogie des Retour vers le Futur (Robert Zemeckis, 1985-1990) ou encore le méchant juge DelaMort de Qui veut la peau de Roger Rabbit (Robert Zemeckis, 1988).

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À l’origine de la Famille Addams est Charles Addams, un illustrateur qui officie dans le New-Yorker, dans les années cinquante. Bien que cette famille porte son nom, Charles assure de ne pas s’inspirer de sa propre vie – une rumeur, jamais avérée, raconte qu’il collectionnait cependant des instrument de tortures moyenâgeux et des animaux empaillés – mais seulement de sa ville natale, Westfield, dont le paysage est composé de manoirs victoriens et de cimetières abandonnés. Ce qui fait la force des cartoons d’Addams, c’est que la famille qu’il dessine est très unie, macabre oui, mais unie. Les parents s’aiment, soutiennent et encouragent leurs enfants. Ils ne sont pas diaboliques, n’invoquent pas Satan et accueillent avec plaisir les gens chez eux, sans les transformer en dîner. La famille Addams c’est surtout l’histoire d’une anti-famille typique américaine. Chez les Addams, ce sont les femmes qui décident, et qui semblent être les plus intelligentes. Vivant de ses rentes, le père erre oisif dans son immense manoir, le majordome est silencieux et le fils se fait mener à la baguette par sa sœur. Malgré tout, la famille est unie et traite tout le monde sur le même pied d’égalité. Pas de différence de traitement par les adultes pour les enfants à qui on parle normalement, et jamais le physique d’un personnage n’est moqué. Bien au contraire, si cela fait la particularité de chacun, les vraies valeurs de la Famille Addams, c’est bien de n’avoir que faire d’être gros, chauve, grand, mince, toutes les morphologies sont célébrées au sein de cette famille soudée. Charles Addams, porté par le succès de sa petite famille accepte alors que cette dernière, devienne une série télé (crée principalement pour concurrencer Les Monstres, une série télé mettant en scène des erzats des Universal Monsters). Tournée en noir et blanc, sous forme de sitcom – des rires ponctuant les bons mots de Mercredi Addams – la série connaîtra un sacré succès sur 64 épisodes. 10 ans plus tard, un téléfilm réunion, qui était à l’origine un épisode pilote proposant le reboot de la série avec les mêmes acteurs, sortira sous le titre de La Famille Addams : C’est la fête (Halloween with the New Addams Family, 1977). Vers la fin des années 90, une nouvelle série sera diffusée,  La Nouvelle Famille Addams (The New Addams Family), et connaîtra un certain succès. La famille Addams est également dérivée en deux séries d’animation, l’une en 1973 réalisée par Charles A. Nichols et l’autre en 1992, par Ron Myrick, qui sera elle diffusée en France. Enfin la lugubre famille est adaptée en comédie musicale en 2010, à Broadway. En 2017 le musical arrive au Royaume-Uni et en France en 2018, au Casino de Paris jusqu’au 4 Novembre. Un long-métrage d’animation est annoncé en 2019, avec notamment les voix d’Oscar Isaac, Charlize Theron ou encore Chloë Grace Moretz. Il n’est malheureusement pas réalisé par Tim Burton, dont le génie gothique me manque et à qui cette famille irait comme un gant…


A propos de Angie Haÿne

Biberonnée aux Chair de Poule et à X-Files, Angie grandit avec une tendresse particulière pour les monstres, la faute à Jean Cocteau et sa bête, et développe en même temps une phobie envers les enfants démons. Elle tombe amoureuse d'Antoine Doinel en 1999 et cherche depuis un moyen d'entrer les films de Truffaut pour l'épouser. En attendant, elle joue la comédie avant d'ouvrir sa propre salle de cinéma. Ses spécialités sont les comédies musicales, la filmographie de Jean Cocteau, les sorcières et la motion-capture.


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