Violence Voyager


Dans la programmation Mondovision de l’Étrange Festival, on aime bien sortir des sentiers battus pour proposer des films barrés, gore à souhait et sans aucune retenue. Parmi la sélection aux petits oignons de cette 24ème édition ressort la nouvelle odyssée animée de l’excentrique Ujicha qui, cinq ans après le génial Burning Buddah Man (2013), nous régale d’un parc d’attraction un peu particulier avec Violence Voyager.

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Dans un petit village perdu dans les montagnes du Japon, le jeune Bobby et son ami Akkun partent en randonnée à travers la forêt. Ils tombent par hasard sur Violence Voyager, un parc d’attraction secret dans lequel ils se risquent, en quête de sensation forte. Et ils vont être servis ! Car non seulement le gérant se trouve être un savant fou avide d’expériences sur les enfants, mais le parc abrite également une étrange créature robotique et meurtrière… Ujicha joue habilement avec son récit en débutant sur une ouverture choupinette et enfantine qui promet un récit pas si horrible que ça, avant de virer au gore le plus rebutant possible. Tout est fait pour vous horrifier, du chara-design des créatures aux mésaventures du jeune Bobby qui subira sévices après sévices. Il y a beaucoup de Junji Ito dans cette histoire, mangaka passé maître des histoires de fantômes et du Body Horror à côté de qui Stephen King fait pâle figure. Si la narration suit un fil plutôt classique, on regrettera un nombre conséquent de zones d’ombre dans le scénario, tout comme le sacrifice trop facile de certains personnages ayant pourtant un fort potentiel. De nombreuses questions nous viennent à l’esprit, de petites incohérences émergent de çà-et-là, tandis que les images dégoulinantes et parfois sexuelles défilent sous nos yeux. Mais on pardonne de ne pas saisir le moindre ressort scénaristique de ce conte cruel et ultra-violent, car la fascination pour l’univers développé est réelle, tout comme la qualité de l’animation si particulière d’Ujicha.

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Le réalisateur s’est fait remarquer dans son pays d’origine et de nombreux festivals pour son style particulier et son animation que certains ne considèrent malheureusement pas comme telle : des figurines de papier découpées et animées sur des fonds dessinés à la main, un peu à la manière d’un théâtre de marionnettes macabre et parfaitement maîtrisé. De ce fait, les visages des personnages restent inanimés de même que leurs mouvements, mais le montage et l’enchainement des scènes suffisent à faire vivre ces bouts de papier soigneusement élaborés et jamais identiques. Mieux encore, Ujicha s’amuse avec les matières pour plus de réalisme en utilisant des jets liquides poisseux afin de simuler les effusions de sang, de vomis et de pus. Le tout est sublimé par une ambiance sonore très travaillée et détaillée où le moindre bruit est amplifié pour donner vie aux figurines de papier. Un véritable tour de force, d’autant plus si l’on apprécie le style coloré et crayonné du réalisateur. Le résultat est là, aussi repoussant que réussi, qui éblouira tout fan de J-horror qui se respecte, et même les quelques curieux qui oseront s’aventurer dans ce parc si particulier, où, vous l’aurez peut-être compris, il ne convient pas d’amener vos enfants. Pour une sortie en famille, vous opterez plutôt pour un traditionnel Jurassic World, ou L’Île du Docteur Moreau dans lesquels Ujicha a puisé nombre de ses références pour créer son parc de l’extrême. 


A propos de Jade Vincent

Jeune sorcière attendant toujours sa lettre de Poudlard, Jade se contente pour le moment de la magie du cinéma. Fan absolue de Jurassic Park, Robin Williams et Sono Sion, elle espère pouvoir un jour apporter sa pierre à l'édifice du septième art en tant que scénariste. Les rumeurs prétendent qu'elle voue un culte non assumé aux found-footages, mais chut... Ses spécialités sont le cinéma japonais et asiatique en général.

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