Open Grave


Si vous êtes en manque de récits high concept, Outbuster a de quoi vous rassasier avec l’américain un peu mal gaulé Open Grave, sur fond d’amnésie, d’apocalypse zombie, de charmants tas de cadavres humains, et même d’une asiatique muette qui écrit des trucs chelous en chinois.

Memento mori

Les films high concept (qui reposent donc sur un concept très vendeur, original ou percutant) c’est un peu comme le sexe : quand c’est bien fait, c’est vraiment super cool, quand c’est fait sans talent, on se fait lourdement chier…La méthode de production Jason Blum en a fait un de ses chevaux de bataille avec plus ou moins de réussite, ou des trucs comme Burried (Rodrigo Cortés, 2010). Dans le cadre de notre partenariat avec les fifous d’Outbuster, on a mis la main en VOD sur Open Grave, un film indépendant américain tourné par un Gonzalo-Lopez Gallego que je n’avais pas le plaisir de connaître jusque là. En termes de high concept, il se pose là.

Un amnésique se réveille dans une fosse commune de fortune, au milieu d’un bois. En se réveillant, il ressent une immense douleur à la tête, mais remarque surtout que les cadavres qui l’entourent sont des êtres humains et en fort sale état. Alors qu’il se demande ce qu’il peut bien foutre là, hirsute, une bonne âme lui lance une corde en de-spee avant de se tirer et lui permet de s’échapper de la fosse pour parcourir le bois. Il tombe alors sur une maison, habitée par un petit groupe, amnésique comme lui. Ils semblent tous avoir un lien les uns avec les autres mais lequel ? Et la question se corse lorsqu’ils commencent à comprendre que des zombies infectés émanent le territoire…Ce qu’il faut accorder à Open Grave, c’est la teneur visuelle au regard de l’étroitesse qu’on devine de son budget. Un grain d’image assez prononcé, une réalisation nerveuse, une lumière très soignée sachant créer des images fortes font du film un produit d’abord visuel pouvant absolument rivaliser avec un pourri Conjuring 2 : le cas Enfield (James Wan, 2016) sur grand écran par exemple. Encore une fois, l’occasion de douter d’un système de distribution qui ne permet pas forcément au public de voir les meilleurs films en salles…

Après Open Grave laisse quand même un sentiment mitigé. Son concept est bien géré et traite le film de zombies d’une manière originale et assez pessimiste, à la croisée de 28 jours plus tard (Danny Boyle, 2002), de Saw (James Wan encore lui, 2004), et de Memento (Christopher Nolan, 2000). Toutefois les influences ou souvenirs de spectateur sont un peu trop présents pour rendre la surprise intacte de A à Z, et le scénario aurait gagné à être un peu plus ramassé. La tension accuse un sacré coup de mou dans le dernier tiers, trop dispersé entre les différents protagonistes… Surtout, la narration aurait vraiment pu profiter de sa fin marquante pour ne pas faire trop de concessions sur le happy ending et foutre une claque au spectateur…On veut l’Apocalyspe nous, bordel ! Open Grave nous en livre un récit, zombiesque, retors et sombre, mais où la lumière et la confiance placée en la science (SPOILER ici  non pas responsable de l’infection mais visant à la guérir) demeurent des phares.


A propos de Alexandre Santos

En parallèle d'écrire des scénarios et des pièces de théâtre, Alexandre prend aussi la plume pour dire du mal (et du bien parfois) de ce que font les autres. Considérant "Cannibal Holocaust", Annie Girardot et Yasujiro Ozu comme trois des plus beaux cadeaux offerts par les Dieux du Cinéma, il a un certain mal à avoir des goûts cohérents mais suit pour ça un traitement à l'Institut Gérard Jugnot de Jouy-le-Moutiers. Spécialiste des westerns et films noirs des années 50, il peut parfois surprendre son monde en défendant un cinéma "indéfendable" et trash. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/s2uTM

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.