Deathgasm


Visible en exclusivité chez nos amis de Outbuster, Deathgasm est un projet un peu fou : un long-métrage horrifique qui se mêle à ce que certaines personnes considèrent comme le pendant musical de ce genre de films, le metal. Malgré une réputation commune et peu flatteuse de défouloir pour attardés et psychopathes en puissance, il faut bien admettre que le film de Jason Lei Howden se fraye un chemin dans nos cœurs à grands coups de guitares saturées, de riffs endiablés, d’hémoglobines et d’un esprit bis craspec, bien loin des clichés.

Mosh Pit

Brodie est le petit nouveau à Greypoint. Hébergé chez son oncle, grenouille de bénitier qui tente de baptiser son neveu dans son sommeil et martyrisé par son cousin, il trouvera un ami en la personne de Zakk grâce à leur passion commune pour le metal et autres joyeusetés sonores extrêmes. Mais quand nos deux metalheads réveillent des forces démoniaques après avoir joué une partition maudite, les démons peuplant leurs imaginaires deviennent réels. Issu du monde des effets spéciaux, Jason Lei Howden signe avec Deathgasm un premier film d’une honnêteté sans bornes. Le long-métrage se place comme un rejeton de Evil Dead (Sam Raimi, 1981) et Braindead (Peter Jackson, 1992) avec son côté rétro et son avalanche de scènes gore teintées d’un humour grinçant mais jamais ridicule. Ayant entre autre travaillé sur la saga Le Hobbit, on aurait pu attendre un déluge d’images de synthèse, il n’en est rien. Howden fait le choix d’effets pratiques à l’ancienne et se montre généreux et pour le coup très créatif. Têtes tranchées, démembrements, visages passés à la meuleuse ou destruction de boîtes crâniennes démoniaques avec des objets très très insolites…Tout semble être fait pour offrir un spectacle gore comme on en voit peu de nos jours et qui n’est pas sans rappeler le côté grand guignolesque de certaines séquences de Braindead. On rit à gorge déployée face à un tel spectacle et on en redemande !

Deathgasm se place aussi comme un vibrant hommage à la musique metal, le réalisateur disséminant tout au long du film des références avec goût et humour, témoignant d’un vrai amour pour ce genre mais aussi une vraie connaissance de ce dernier. Souvent incomprise, rejetée et méprisée, la musique metal est à l’image des personnages, tous porteurs de clichés liés aux metalleux avant d’en incarner l’exact opposé. Personnages solitaires et martyrisés, ces derniers deviennent des héros après avoir déclenché l’apocalypse ; source du problème – combien de fois il va falloir répéter de ne pas lire des vieux papiers ou manuscrits anciens parlant de démonologie en latin ! -, le metal est également ce qui sauve le monde de l’annihilation. Vecteur émotionnel, Howden montre aussi cette musique dans toute sa beauté, sa technicité, sa complexité mais aussi que tout le monde peut être touché par elle comme en témoigne le personnage de Médina qui, après l’écoute d’un album prêté par Brodie, va se révéler et devenir la mignonne petite blonde, reine du lycée, en un personnage véritablement badass et gagner en complexité.

Même si le film souffre de son faible budget et de certaines lacunes au niveau de son scénario et d’un visuel très cru, parfois sommaire, Deathgasm ne reste pas moins un film jusqu’au boutiste qui regorge en son sein de vraies idées de mise en scène et est diablement efficace avec un humour irrévérencieux comme seule la Nouvelle-Zélande en a le secret. Deathgasm est un pur divertissement. Une comédie horrifique qui fait la part belle à un genre de musique qui gagnerait à être plus connu tant il est riche. Bonne entrée en matière, le long-métrage ravira les aficionados déjà familiers des codes et verront leur plaisir décuplé face à cet objet filmique gore et créatif. 


A propos de Mathieu Pluquet

C'est après avoir découvert Le Voyage de Chihiro, Blade Runner et L'Exorciste que Mathieu se passionne pour le cinéma; depuis cette passion ne l'a pas quitté. Sinon il aime les comics, le café et est persuadé qu'un jour il volera dans le TARDIS et rencontrera le Docteur (et qu'il pourra lui piquer son tournevis sonique). Ses spécialités sont la filmographie de Guillermo Del Toro, les adaptations de comics et le cinéma de science-fiction.

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