Lifeforce


À l’occasion de sa sortie en Blu-Ray et DVD, retour sur  l’un des films oubliés de Tobe Hooper, le film de science-fiction vampirique Life Force, sorte de remake inavoué d’un classique du cinéma de genre italien signé Mario Bava, La Planète des Vampires.

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Stop ! Hammer time !

À force de se faire avoir, on ne projette même plus la moindre espérance lorsqu’un film de genre se présente. Après tout, le risque d’être déçu s’amenuise et la probabilité d’être agréablement surpris rend la séance valable. C’est tout bénef’ et ça nous distingue des âmes chagrines qui vont mettre des 4/10 à la pelle sur SensCritique parce qu’ils ont oublié comment être bon public. Mais je m’égare et c’est mal, je suis certes payé à la ligne mais je respecte les attentes de mon lectorat. Lifeforce (L’étoile du mal si on jette un œil au sous-titre français, pourquoi pas), donc, aurait pu marquer les esprits comme la première incursion de Tobe Hooper dans lifeforcebdcap4_originalle registre de la science-fiction en 1985. Manque de pot, le film n’a pas rentabilisé les coups de production et s’est retrouvé catapulté dans les oubliettes de sa filmographie. Qu’à cela ne tienne, sur Intervista on aime l’aventure.

Au cours d’une mission visant à identifier un étrange vaisseau spatial planqué dans la comète de Halley, l’équipage du Churchill découvre trois sarcophages en verre contenant ce qui semble être trois êtres humains. Perturbés par cette trouvaille, la fine équipe décide de ramener dans leur navette les trois corps avant de cesser de donner le moindre signe de vie au centre de recherches spatiales européen. Celui-ci envoie alors une équipe constater les dégâts, prévenir que : « ah ouais merde, ils ont brûlé », et ramener les trois sarcophages à Londres où les ennuis vont alors commencer. Allongée dans le bloc opératoire, celle que les scientifiques avaient nommée « Liv Tyler mais avec des gros seins » se révèle en fait être Mathilda May, à la grande stupeur du garde qui passait par là et qui en fera les frais en se faisant aspirer son énergie vitale. Bref, Mathilda May s’échappe en aspirant l’énergie vitale de deux autres gardiens laissant les scientifiques sur le baba, affirmant que ce qu’il vient de se passer n’est pas normal et que : « cette fille n’est pas une fille ». La belle affaire. Les principaux personnages se dessinent alors, le colonel pète-sec, le professeur qui a tout vu, le biochimiste très

lf18pragmatique, Mathilda May qui se balade toute nue à travers la lande anglaise et le rescapé de la navette qui rejoindra nos gais lurons plus tard dans le film avec tout plein d’informations pour relancer l’intrigue.

Ce dernier, non content d’être doublé par Richard Darbois, est en effet le déclencheur du changement de genre du film (prends ça la manif pour tous) qui passe alors de la SF au registre fantastique avec option vampire. Ma foi, pourquoi pas, nous sommes en 1985 : on venait de retrouver le Titanic, Indochine chante alors Canary Bay et les cinémas Pathé Gaumont fêtent la naissance de Léa Seydoux. Autant vous dire qu’on était prêts à tout. Bref, Lifeforce commence alors à nous montrer ce dont il est capable, à savoir basculer d’un genre à l’autre avec une cohérence bien solide sur les appuis et ferme sur les genoux. Car vous pouvez vous en douter, une alien bien gaulée dans la nature qui séduit ses victimes avant d’en faire des carcasses qui doivent faire de même pour survivre, ça dégénère vite en un gros bordel dans lequel tous les londoniens s’échangent des éclairs par les yeux en se pompant l’énergie vitale. On retrouve alors le setup

lifeforce5habituel des films de zombies avec les camps de militaires retranchés, les escapades risquées en ville, les sacrifices et tout le tintouin. Idem pour l’aspect vampire qui est ici habillement contourné : en effet, point de traces de dents et de litres d’hémoglobines sur la chemise en lin blanc, nos vampires sont des gens modernes et se contentent d’échanger des éclairs par les yeux pour aspirer l’énergie vitale de leurs proies, ce qui intègre parfaitement le mythe du vampire dans un film de SF.

Dans un vibrant hommage à la Hammer, notre réalisateur parvient alors à concilier trois figures majeures du cinéma de genre en un seul film, peut-être sorti un peu trop tard si l’on en croit la gamelle qu’il s’est pris à sa sortie en salles. Cependant, si vous êtes quelqu’un de goût, vous regarderez ce film, et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que c’est pas sympa de snober un film de Hooper, ensuite parce qu’il a étonnamment bien vieilli malgré des effets spéciaux un brin datés (quoiqu’ils représentent toujours une sacré performance dans la

17_originalmesure où c’est du fait main) et surtout parce que cette édition Blu-Ray rend parfaitement justice à la qualité du film. L’image est propre mais surtout cette édition comprend aussi bien les scènes coupées du film que quelques bonus sur la création du film. On regrettera éventuellement l’absence de Hooper pour nous parler lui-même de son film, mais l’ensemble des bonus fait ça très bien à sa place. Non et puis ça vous fera une pièce de plus à ranger dans votre coin d’étagère étiqueté : Films où Patrick Stewart a encore des cheveux, aux côtés de Dune. Sorti la même année, la vie est bien faite.

Nicolas Dewit


A propos de Nicolas Dewit

Maître Pokémon depuis 1999, Nicolas est aussi champion de France du "Comme ta mère" discipline qu'il a lui même inventé. Né le même jour que Jean Rollin, il espère être sa réincarnation. On sait désormais de source sure , qu'il est l'homme qui a inspiré le personnage du Dresseur "Pêcheur Miguel" dans Pokemon Rouge. Son penchant pour les jeux vidéoludiques en fait un peu notre spécialiste des adaptations cinématographiques de cet art du pauvre, tout comme des animés japonaises pré-Jacques Chirac, sans vraiment assumer. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/rNYIu

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