Liberation Day


Présenté dans la section documentaire de cette nouvelle édition de l’Etrange festival, Liberation Day fait vraiment figure de curiosité filmique. Fais Pas Genre vous embarque vers des territoires inconnus.

This is not Propaganda

En août 2015, un concert a eu lieu à Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord – ou la République Populaire Démocratique de Corée ou RPDC – à l’occasion de la 70ème journée nationale de la Libération, anniversaire annuel célébrant la fin du règne colonial japonais. La particularité de ce concert est qu’il accueille pour la première fois un groupe occidental en Corée du Nord : Laibach. Liberation Day est le documentaire qui nous dévoile les coulisses de cette folle entreprise ; le désir d’un des réalisateurs, admirateur de longue date de ce groupe issu de la scène dissidente de l’ancienne Yougoslavie à l’imaginaire assumé et pleinement emprunté aux divers régimes totalitaires pour mieux dénoncer les cultes de la personnalité, la propagande ou les idéologies collectivistes de jouer dans un pays directement touché par les idéaux des membres du groupe.

Le film a pour personnages principaux les membres du groupe Laibach bien sûr mais aussi son co-réalisateur Morten Traavik. Habitué aux projets artistiques un peu barrés et en collaboration avec la RPDC – comme créer un festival de musique norvégienne en Corée du Nord ou une performance artistique et plastique impliquant des soldats norvégiens – Traavik et son compère Olte s’attachent ici à montrer l’envers du décor d’une telle entreprise, avec tout son lot de problèmes à régler ; de la technique aux négociations quotidiennes avec les représentants – police ? – culturels de Corée du Nord. Durant le documentaire, on peut voir Traavik, tour à tour, réalisateur, manager du groupe, scénographe mais aussi médiateur entre le régime et Laibach qui, à travers sa musique, remet en cause la stricte idéologie d’un pays très souvent diabolisé dans la presse occidentale mais dont au final on ne sait que peu de choses…Le tout sous un climat de tension entre les deux Corée puisqu’à l’époque, les soldats de Corée du Sud « bombardaient » les Nord-Coréens de K-Pop ; passage que l’on peut voir dans le film.

Le film est un OFNI – Objet Filmique Non Identifié – non par sa forme mais plutôt de par son contenu. Le spectateur se retrouve face à une sorte de making of de luxe qui se veut être également une farce subversive de par la proposition de remettre en question nos idées toutes-faites sur la Corée du Nord. Sans montrer que le pays est un véritable paradis, Traavik et Olte nous offrent un œil extérieur sur l’intérieur d’un des pays réputés les plus fermés au monde, bousculant beaucoup d’a priori et d’idées préconçues. Mais le visionnage de cet objet documentaire reste à certains moments perturbant. Le problème est de voir un pays qui a fait l’objet des pires critiques et attaques et qui a une manière bien à lui d’y répondre aux travers d’un regard neuf et affranchi de toutes idées politiques quelles qu’elles soient. Liberation Day se place comme la captation d’un choc culturel pour le moins inattendu mais surtout assez radical où l’humour croise souvent le malaise au détour de situations qui peuvent être considérées comme cocasses ; le tout rythmé par la musique de Laibach, des accordéonistes nord-coréens interprétant une reprise de Take On Me… Et un pet de chèvre.


A propos de Mathieu Pluquet

C'est après avoir découvert Le Voyage de Chihiro, Blade Runner et L'Exorciste que Mathieu se passionne pour le cinéma; depuis cette passion ne l'a pas quitté. Sinon il aime les comics, le café et est persuadé qu'un jour il volera dans le TARDIS et rencontrera le Docteur (et qu'il pourra lui piquer son tournevis sonique). Ses spécialités sont la filmographie de Guillermo Del Toro, les adaptations de comics et le cinéma de science-fiction.

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