The OA – Saison 1 2


Sortie quasiment dans le plus grand secret, la nouvelle série fantastico-mystico-dramatique de Netflix renouvelle littéralement le genre. Sans tambours ni trompettes, The OA nous charme de par sa sobriété et une ambiance intimiste déconcertante malgré une narration parfois bancale. Voici notre chronique de cette première saison saisissante. 

Consommation de drogue vivement déconseillée

Annoncée en Mars 2015, la série conçue par Brit Marling et Zal Batmanglij était déjà à l’époque entourée de mystères. Si ce n’est son nom, nous ne savions en effet rien de ce que la série allait nous réserver et du sujet qu’elle allait traiter. Nous étions alors loin, mais alors très loin d’imaginer ce qui nous attendait ! Finalement rendue disponible en toute discrétion le 16 décembre dernier sur la plateforme Netflix, la série nous propose en effet un synopsis plus qu’étonnant. Brit Marling y incarne Prairie Johnson, une jeune femme portée disparue depuis sept ans et qui, au début du tout premier épisode, refait surface de la plus détonante des manières. Elle est en effet filmée par des badauds en train de sauter… D’un pont. Contre toute attente, la jeune femme s’en sort quasiment indemne. Ses parents la retrouvent grâce à ces vidéos amateurs qui circulent sur le net et tout comme le spectateur, ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Premier grand mystère d’une série qui en déborde littéralement, Prairie était aveugle au moment de sa disparition et pourtant désormais, elle peut voir… De retour chez ses parents, l’héroïne va alors se lancer dans une mission entourée de mystères et surtout de mysticisme : à l’aide d’un groupe complètement hétérogène recruté dans sa petite ville d’origine, Praire tente de retrouver les personnes avec qui elle était maintenue captive durant toutes ces années…

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Nous l’avons dit en introduction, The OA est une série qui mélange les genres. Lors de son tout premier épisode, le série ressort principalement comme un drame intimiste. Réalisé avec une sobriété frappante, ce drame se distingue de la plupart des séries populaires actuelles : elle n’en met pas plein les yeux, fait le maximum d’économies sur les effets de réalisation et de caméras, une mise en scène simple – voir simpliste – et un rythme lent qui prend le temps de poser les intrigues et de développer le récit. Certains seront d’ailleurs peut-être complètement déroutés par ce parti pris des réalisateurs, mais force est de constater que ce sont ces choix qui, dans la longueur, après plusieurs épisodes, font la force de cette série unique en son genre. Cette mise en scène intimiste permet d’ailleurs au spectateur d’entrer dans l’intimité des personnages. Un choix qui donne encore plus de force aux propos développés durant toute la durée de la série et qui renforce notre attachement aux différents personnages évoluant à l’écran. Sauf que ce drame intimiste sort finalement des sentiers battus dès la fin du premier épisode. C’est en effet une série beaucoup plus mystérieuse, mystique, qui est développée par la suite et qui n’hésite pas à aborder des sujets très rarement – voir jamais – développés à la télévision. A la tête de ceux-ci, puisque c’est le thème principal de cette première saison : les expériences de mort imminentes. Ces expériences peuvent être décrites comme des « visions », des « sensations » vécues par les victimes de mort clinique ou de comas profonds revenant finalement à un état de conscience suffisant pour pouvoir les décrire. The OA va beaucoup plus loin et essaie d’imaginer tout un univers de possibilités et de capacités chez les personnes ayant vécu ce genre de phénomènes. C’est d’ailleurs à travers ce thème d’expériences de mort imminente que les réalisateurs tentent des mises en scènes plus ambitieuses. On ne veut pas vous en dévoiler trop mais ce sont de véritables séquences fantastico-mystiques que nous propose Zal Batmanglij, éparpillées dans quelques épisodes de la série et pourtant véritables fils rouges de cette dernière. Pleines de couleurs et d’effets de mise en scène très particuliers, ces scènes vous donneront littéralement l’impression d’avoir été réalisées sous acide ! Si elles ne manqueront certainement pas d’en refroidir plus d’un, elles sont pourtant ce qui donne toute son identité si unique à cette série et je ne peux que conseiller à ceux qui seraient tenter d’abandonner en cours de route de s’accrocher jusqu’au dernier épisode car ils ne seront certainement pas déçus.

Du côté du casting, la co-créatrice de la série, Brit Marling – Another Earth (Mike Cahill, 2001), Sound of My Voice (Zal Batmanglij, 2012) – est époustouflante. Tout simplement parfaite dans son interprétation de cette jeune femme troublante et troublée, Marling donne littéralement vie à ce personnage on ne peut plus mystérieux. Du premier au dernier épisode, le jeu de Marling force le spectateur à s’attacher à ce personnage et son histoire rocambolesque. Le reste de la distribution est plus inégale mais tout de même capable de quelques fulgurances. La force de cette série est d’avoir su assembler un casting d’inconnus et de visages beaucoup plus familiers à la tête desquels on retrouve Scott Wilson, que certains reconnaîtront certainement comme le Hershel Greene de The Walking Dead. L’acteur américain joue le père de Prairie avec à ses côtés dans le rôle de la mère l’efficace Alice Krige. On y retrouve également l’acteur britannique Jason Isaacs qui avait prêté ses traits au personnage de Lucius Malfoy dans la saga Harry Potter. Cette fois-ci, l’acteur joue un scientifique ambitieux. Une ambition sans limite qui le pousse à des pratiques d’un autre temps, certains y verront un rappel aux expériences menées par les médecins nazis au cours de la Seconde Guerre Mondiale – et par qui passe les intrigues principales du récit de The OA.

The OA est donc à n’en pas douter une série remplie de qualités. Fascinante, mystérieuse, pleine de suspense, intimiste, subtile. La nouvelle série Netflix peut se targuer de bousculer les codes d’un genre se reposant trop souvent sur ses acquis. Surtout, seule série de cette trempe du catalogue Netflix, The OA nous emporte et nous émeut littéralement de par la force de son récit et la qualité indéniable de la mise en scène. Énigmatique à plus d’un titre, cette première saison parvient à entretenir le mystère sans lasser – malgré quelques longueurs – et emporte le spectateur dans son univers mystique. Grâce à cette mise en scène simpliste, les réalisateurs permettent aux spectateurs d’avoir l’impression d’être les témoins privilégiés d’une histoire hors du commun. Une histoire de mort, de retour à la vie, d’immortalité et d’anges. Cependant, il est indéniable que cette série n’est pas pour tout le monde et qu’elle ne conviendra pas à tous. Car si comme moi on peut y voir avant tout une série qui n’hésite pas à prendre son temps pour étayer son propos et développer le récit et ses personnages et des choix de mise en scène audacieux, d’autres auront certainement du mal à se laisser emporter et pourraient même décrocher dès les premières minutes du premier épisode de cette série audacieuse.


A propos de Flavien Albarras

Un amour infini pour le cinéma de Kubrick, une passion perverse pour les super-héros en slip moulant, un intérêt certains pour le cinéma indépendant et une curiosité malsaine pour le cinéma d'horreur, on peut dire que les goûts de Flavien sont le reflet du pandémonium qui règne dans sa tête.


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