Carnage


Sorti en vidéo chez Rimini Editions début décembre 2016, nous ne voudrions pas chez Fais Pas Genre que vous passiez à côté de Carnage (The Burning). Non, détrompez-vous, il ne s’agit en aucun cas du film de Polanski ou d’une autre adaptation de la pièce de Yasmina Reza mais d’une ressortie d’un slasher emblématique des années 80 dont étaient à l’initiative un certain duo de frères peu connus à l’époque : Bob et Harvey Weinstein.

Holiday in the Blood

Contextualisons dans un premier temps. Carnage sort en salles en 1981, réalisé par un certain Tony Maylam en plein dans cette époque fascinée par les emblématiques slashers que sont Halloween (John Carpenter, 1978) ou encore Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), sans compter tous les autres slashers, ceux dont on parle beaucoup moins, sortis entre 1980 et 1981. Nous vous parlions d’ailleurs de l’un d’entre eux sur Fais Pas Genre à l’occasion d’une ressortie vidéo : Massacres dans le train fantôme (Tobe Hooper, 1981) il y a peu. A l’origine, le film, Carnage, s’appelait The Cropsy Maniac, le nom « Cropsy » s’inspirant directement d’un surnom – Cropsey – donné à un tueur opérant dans la région de Staten Island dans les années 70. Ce dernier tuait et kidnappait les enfants et les corps n’étaient jamais retrouvés, un véritable croquemitaine en somme. Bob Weinstein trouve en ce fait divers une incroyable occasion de livrer sa première production. Mais de quoi est-il question ? D’un surveillant vachard et alcoolique dans un camp d’été : Cropsy. Ce dernier sera victime d’une mauvaise blague des jeunes enfants pensionnaires qui aura pour conséquence de l’envoyer directement à l’hôpital terriblement brûlé. Il en sortira cinq ans plus tard, complètement défiguré et rongé par la haine. Dès sa sortie, il prend la direction du camp Blackfoot et choisit d’y tuer un maximum d’adolescents. Son arme de prédilection ? Un sécateur qu’il maniera avec dextérité et adresse… Pour votre plus grand plaisir !

Très vite, les frères Weinstein choisiront de ne pas réaliser le film eux-mêmes et confieront le scénario à Tony Maylam, britannique qu’ils connaissent pour avoir distribué en salles deux de ses documentaires : Genesis in concert et White Rock traitant des jeux olympiques d’Innsbruck. Le film se tournera très rapidement en cinq semaines, histoire qu’il puisse sortir pour l’été 1980. En effet, les producteurs craindront que le slasher soit passé de mode si le projet venait à ne sortir que l’année suivante et de plus, ils constatent avec dépit l’arrivée d’un autre projet reposant sur le mythe de Cropsey. Le slasher en question s’appellera Madman sera réalisé par Joe Giannone  et sortira en salles en 1981. Du côté de l’équipe, les frères Weinstein pourront compter sur la présence de Tom Savini pour les effets spéciaux, ce dernier accumulant les expériences de Zombie (George Romero, 1978) ou Maniac (William Lustig, 1980) entre autres mais il faut aussi souligner qu’il vient de signer les effets spéciaux de Vendredi 13 ! Par ailleurs, Savini refusera d’œuvrer à la suite, Le tueur du Vendredi (Steve Miner, 1981) malgré les nombreuses sollicitations des producteurs. Il prétextera ridicule que Jason, déjà mort, revienne dans cette suite et succède à sa mère. Cette décision profitera à Carnage dont il juge le scénario plus stimulant. Il donnera vie à Cropsy à travers un maquillage de grand brûlé efficace.

Sur les écrans américains, Carnage ne sera clairement pas un succès, ne ramenant que 700.000$ de recettes. Il faut dire que dans ces années 80, il y a pléthore de slashers et que rien que dans cette année 1981, on en compte plus d’une dizaine ! The Prowler, Les yeux de la terreur, Massacre dans le train fantôme, Le tueur du Vendredi, Halloween 2, Graduation Day, Terreur à l’hôpital central, Happy birthday : souhaitez ne jamais être invité, 13 morts et demi (Student Bodies), Final exam…Le public est lassé et seuls les précurseurs du genre –  comme Psycho de Hitchcock en 1960, dans une certaine mesure de La dernière maison sur la gauche de Wes Craven en 1972 ou encore de Black Christmas de Bob Clark en 1974 – subsistent et survivent à cette vague, en l’occurrence les deux suites respectives d’Halloween et de Vendredi 13.  Néanmoins, les Weinstein rembourseront peu à peu leur budget profitant d’une ouverture du marché étranger. Le film se fera remarquer au Japon. Puis, la vidéo et le marché VHS en pleine expansion feront le reste. Carnage deviendra un classique dans son domaine grâce à des qualités remarquées par un bon nombre de cinéphiles : une cohérence dans l’histoire, une réalisation soignée… En 2011, il sera question d’un remake avec Jaume Collet-Serra (Esther, Instinct de survie) à la réalisation. Le film survivra à la vague de remakes de la fin années 2000 : Black Christmas (Glenn Morgan, 2007), Le bal de l’horreur (Nelson McCornick, 2008), Halloween 1 et 2 (Rob Zombie, 2007 et 2009), Vendredi 13 (Marcus Nispel, 2009), Meurtre à la Saint-Valentin (Patrick Lussier, 2009). Néanmoins, il y a fort à parier que le projet d’une suite soit ré-envisagé dans les prochaines années à venir. D’ici là, vous aurez tout le temps le (re)découvrir cet emblématique slasher dans une édition combo Blu-Ray/DVD soignée avec en prime en bonus quelques scènes coupées puis une interview inédite de Cropsy – Lou David – himself !


A propos de Showzlanjev Isir

En parallèle d'une carrière psychosociale, Isir a hérité d'une pathologie incurable, à savoir visionner des films par lot de six. Il ne jure que par Sono Sion, Lynch, Polanski et voue un culte improbable à Fievel. Il aime aussi les plaisirs simples de la vie comme faire de la luge, monter aux arbres et manger du cheval.

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