Comme des bêtes


Le studio Mac Guff et Universal (Moi moche et méchant) livrent à nouveau son savoir-faire avec le réjouissant Comme des bêtes, réalisé par Chris Renaud et Yarrow Cheney. Comme quoi, on sait aussi s’aimer trans-atlantique.

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Mondo cane

Moi moche et méchant premier et second du nom ont pour de bon propulsé sur le devant de la scène le studio français Mac Guff, non sans une certaine surprise que des personnages pourtant au design sommaire et inélégant (m’enfin, les Simpson aussi me direz-vous) puissent rencontrer un tel succès, notamment marketing. Sur les écrans comme dans les rayons de supermarché, les Minions sont apparus comme un véritable phénomène social…Tel que les Américains en ont l’art et la manière de les faire. Bien que leur premier long-métrage soit en réalité Le lorax (2012) et que le studio existe depuis 1986, la curiosité était légitime de voir si la créativité de Mac Guff saurait rebondir après le bruit culte et monoculaire qu’il venait de commeDesBetes-2016créer. Comme des bêtes, co-réalisation de Chris Renaud et Yarrow Cheney, est le nouveau fruit de la collaboration entre Mac Guff donc et Universal dont il est une des filiales. Et le fruit est assez mûr pour être goûté et apprécié malgré l’omniprésence des Pixar, Disney, et autres Dreamwork sur le marché de l’animation.

Max, fox terrier tranquille de son état, vit une idyllique relation maître-chien lorsque ce calme est troublé par l’arrivée d’un nouveau gros camarade dans son foyer. Jaloux en diable, il va faire un coup de pute à Duke…Qui va lui retomber dessus lorsqu’ils vont se retrouver tous les deux embarqués par la fourrière…Une fourrière dont ils vont être sauvés par un gang d’animaux libertaires, refusant l’emprise des humains…Un gang dont Max et Duke vont devenir les captifs puis les ennemis et desquels ils seront sauvés par la bande d’amis de Max, dont la charmante mais carrément prout-prout Gidget…Une Gidget dont…Non je déconne, c’est un résumé déjà assez relou comme ça. Film d’aventures, de gangsters, d’amitié mais flirtant largement avec l’horreur et le thème du freak (le basset hound estropié, l’aigle mangeur, la communauté sous-terraine son rite d’initation flippant avec le croc d’une vipère non moins angoissante) Comme des bêtes réunit plusieurs éléments et références, comme c’est la coutume dans les (bons) films d’animation. Assez riche cinématographiquement parlant pour alterner émotion et plaisir d’action, et dressant en filigrane une assez touchante secretlifeofpets2-1460x950-1467741812vision du lien indéfectible entre l’homme et ses camarades poilus, plumés ou autres, où chaque animal et pas seulement le chien est le meilleur ami de l’homme, il apporte juste ce qu’il faut de discours pour intéresser l’adulte derrière lequel se cache l’enfant que nous sommes tous un peu au fond.

Au premier abord, difficile d’établir ce qui appartient au vrai talent hexagonal ou au savoir-faire américain d’Universal, dans ce film visuellement parfait et au scénario béton ne comportant aucune erreur…Si ce n’est un générique, dans lequel 80% des noms sont bien franchouillards ! Sur cette seule base, Comme des bêtes peut et doit se voir comme une preuve de la vigueur de l’animation française, dont on ne doutait pas en sachant le nombre de nos compatriotes embauchés par les grands studios de l’autre côté de l’Atlantique, voire même au Japon, si on considère dans une très large mesure le projet La tortue rouge (2016) de Michaël Dudok de Wit en association avec les studio Ghibli. Cette vigueur sera t-elle assez forte pour un jour, s’éloigner de la main-mise américaine et proposer une vraie vision française qui égalera les plus belles réussites animées de l’Oncle Sam ? Car en l’état, malgré ses qualités, Comme des bêtes est bien calibré selon les règles américaines jusqu’au choix de son action qui se déroule à New-York, et ne dispose, de plus, pas de la même profondeur que des œuvres Pixar comme Wall-E (2008, Andrew Stanton)… Dans un avenir lointain, peut-être pas tant que ça, nous aurons, j’espère, la chance de voir un long-métrage aussi fort et beau que ceux qui nous ont marqués.


A propos de Alexandre Santos

En parallèle d'écrire des scénarios et des pièces de théâtre, Alexandre prend aussi la plume pour dire du mal (et du bien parfois) de ce que font les autres. Considérant "Cannibal Holocaust", Annie Girardot et Yasujiro Ozu comme trois des plus beaux cadeaux offerts par les Dieux du Cinéma, il a un certain mal à avoir des goûts cohérents mais suit pour ça un traitement à l'Institut Gérard Jugnot de Jouy-le-Moutiers. Spécialiste des westerns et films noirs des années 50, il peut parfois surprendre son monde en défendant un cinéma "indéfendable" et trash. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/s2uTM

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