Alice de l’autre côté du miroir 2


Une jeune fille voyage dans le temps à bord d’un engin steampunk pour sauver son ami déprimant à mort ? Vous l’aurez sans doute deviné (ou pas), nous allons parler d’Alice de l’autre côté du miroir de James Bobin, la suite du fameux Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton. Ou comment Disney tente de rentabiliser au mieux les suites et autres franchises, au point de faire d’une œuvre littéraire mythique un mélange visuel nauséeux sans aucun intérêt.


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Alice (fout la merde) au pays des merveilles

Je vais être honnête : Alice au pays des merveilles, réalisé six ans plus tôt par Daddy Burton, ne m’avait pas emballé malgré toute la communication extraordinaire qui annonçait sa sortie. Histoire bof, effets pas très beaux, personnages vraiment too much, le film était néanmoins sauvé par les incroyables décors, maquillages et costumes qui m’avaient transportée au pays des merveilles. L’annonce d’un second volet, adaptation du second livre, m’avait davantage plu. En effet, le film se voulait être le premier à s’attaquer à la fameuse suite, De l’autre côté du miroir de Lewis Caroll, un défi intéressant mené malheureusement par Disney dont les adaptations live ne font que se multiplier, et avec un goût assez douteux mêlant univers fantastiques sombres et merveilleux rose bonbon. De plus, le premier film faisait déjà la fusion entre les deux livres de Caroll de manière plus ou moins intelligente, sans pour autant exploiter la totalité des atouts du second volet. C’est donc toute joyeuse que je me suis aventurée dans les salles noires, avant d’en ressortir deux heures plus tard avec une migraine atroce.

3Le film s’ouvre sur une Alice (Mia Wasikowska) reconvertie en capitaine Jack Sparrow et aux prises avec de terribles bateaux pirates chinois. De retour à Londres, Alice, toujours aussi originale, veut faire honneur à son père décédé et continuer à voguer sur les océans asiatiques. Après quelques péripéties sans grand intérêt, elle suit un papillon bleu qui n’est autre qu’Absolem (regretté Alan Rickman, qui doit se retourner dans sa tombe en voyant que le film lui est dédié), traverse un miroir la menant dans une salle identique à la précédente le merveilleux en plus. Seule scène vraiment intéressante du film, on se retrouve plongé dans un muséum où animaux empaillés et tapis de peau prennent vie, et où la seule référence au livre original est faite : l’échiquier vivant et Humpty Dumpty (durée de la scène : deux minutes à tout casser). Alice fait une chute libre, Alice bouffe des fleurs, Alice retrouve tous ses copains, et là, c’est le drame. Au visionnage du premier film, je n’avais pas trouvé les créatures de synthèse d’une grande beauté, voire très (trop) kitsch. Dans Alice de l’autre côté du miroir, soit six ans plus tard, on passe cette fois le cap du mauvais goût, car rien n’a changé, plus grave, c’est pire. Ajoutez le fait que ces personnages soient devenus très secondaires et ne servent à rien si ce n’est contenter la fanbase de l’univers. Alice découvre qu’elle est revenue au bled pour sauver le chapelier mourant, prétendant que sa famille, décédée le jour de l’attaque du Jabberwocky, est toujours en vie. La seule solution pour sauver ce pauvre Johnny Depp surmaquillé faisant toutes les grimaces inimaginables pour son énorme cachet ? Remonter le temps bien sûr, afin de sauver sa famille ! Que cela ne tienne, rien n’est impossible au pays des merveilles, sauf que le temps se révèle être une personne, gardienne de l’équilibre temporel de cet univers. Ainsi débarque Sacha Baron Cohen en Temps, accompagné d’horribles créatures de synthèses, qui ne fait que ressasser les mêmes jeux de mots autour de son nom pendant tout le film : décevant de la part du génial Borat (Larry 4Charles, 2006). La suite de l’histoire se révèle navrante, pour la simple et bonne raison que tous les voyages d’Alice ne servent absolument à rien. Un énorme vide narratif, où Alice se retrouve spectatrice de séquences servant à nous résumer quelques épisodes passés de l’ensemble des habitants du pays des merveilles, de la Reine Rouge au Chapelier fou.

La narration du premier film était très simple, mais avait au moins l’avantage d’être divertissante. Cette suite pourrait presque paraître écrite par un fan, guidé par la simple question : « Et qu’est-ce qui s’est passé avant ? » Question intéressante si toute la narration du film ne se retrouvait pas finalement inutile et où la seule morale du film se résume sur le fait qu’on ne peut pas changer le passé, mais en tirer de bonnes leçons. Un thème tellement guimauve qu’on s’étouffe devant autant de niaiserie, et qui surtout fait perdre au concept de voyage dans le temps tout son intérêt ! De même, la machine à voyager dans le temps, ou chronosphère, m’a étrangement fait penser aux véhicules de Men In Black 3 (Barry Sonnenfeld, 2012) voyageant dans un océan d’images de synthèse, tel le TARDIS du générique de Doctor Who. Alice de l’autre côté du miroir est une déception tant sur le fond que sur la forme, où même les acteurs, enfouis sous des couches de maquillage, en font trop, beaucoup trop. Anne Hathaway semble friser l’anévrisme, Helena Bonham Carter enchaîne les hurlements et haussements de sourcils, Johnny Depp fait vraiment peine à voir. Seule Mia se détache du lot, incarnant une Alice mature et sure d’elle, mais qui finit tout de même par mener le pays à sa perte de par son hallucinante bêtise. La seule idée sympathique de ce dégueulis visuel se révèle être le réveil d’Alice dans un asile, où l’on pourrait croire que l’on va nous dévoiler que le pays des merveilles et son univers ne sont en réalité qu’une invention de 2l’esprit malade de la jeune fille… Mais non. Le plus insultant reste que le film n’a de fidèle au livre que son titre, dommage quand on sait tout le potentiel de cet ouvrage incroyable qui aurait pu être une bien meilleure base narrative pour ce retour au pays des merveilles.

Une suite commerciale dans la lignée des films live Disney, qui crache littéralement sur un classique de la littérature anglaise et tout son univers. Voilà ce qu’est Alice de l’autre côté du miroir, un film totalement regrettable qui ne donnera sûrement pas lieu à une autre suite, victime du très faible succès au box-office de ce deuxième épisode (ouf !). James Bobin quant à lui, fait désormais partie de ces réalisateurs qui, à défaut de se démarquer par un film original, récupèrent les grosses franchises de blockbusters pour en dupliquer la formule : perdant en qualité, régressant sur tous les plans. Il est donc d’autant plus inquiétant de le voir aux commandes du MIB 23, très attendu cross-over entre les hommes en noir et le duo de 21/22 Jump Street (Phil Lord & Chris Miller, 2012), mais ça, c’est une autre histoire. Bref, fuyez de toute urgence ce pays des merveilles, qui au mieux vous donnera une petite migraine, au pire des vomissements multicolores.


A propos de Jade Vincent

Jeune sorcière attendant toujours sa lettre de Poudlard, Jade se contente pour le moment de la magie du cinéma. Fan absolue de Jurassic Park, Robin Williams et Sono Sion, elle espère pouvoir un jour apporter sa pierre à l'édifice du septième art en tant que scénariste. Les rumeurs prétendent qu'elle voue un culte non assumé aux found-footages, mais chut... Ses spécialités sont le cinéma japonais et asiatique en général.


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