[Masterclass] Alexandre Aja, L’Américain 1


A l’occasion de sa venue au Champs Elysées Film Festival dont il était le Président du Jury aux côtés de Nicole Garcia, Alexandre Aja a donné une masterclass dont voici la retranscription.

© Tous droits réservés / Wild Bunch Distribution (Kit Presse)

La Rencontre

« J’ai pas mal d’angoisses qui m’ont clairement servies à faire tous les films que j’ai fait jusqu’à maintenant mais les premiers traumatismes que j’ai connus viennent d’images de cinéma. J’étais enfant, et ces images ont pris une place très importante dans la construction de la personne que je suis, mais aussi dans l’imaginaire que j’ai développé par la suite. Je me souviens notamment avoir vu chez des amis de mes parents, avec leurs enfants qui étaient plus grands que moi – car je devais avoir quatre ans – Les Aventuriers de l’Arche perdue (Steven Spielberg, 1981) et l’image de l’officier qui est en train de fondre m’a vraiment beaucoup impressionnée. Quelques années plus tard j’ai loué par accident au vidéo-club Shining (Stanley Kubrick, 1980) à la place de Superman 2 (Richard Lester, 1980), j’ai mis la cassette et j’ai été dès les premières minutes du film totalement hypnotisé par les images et la musique, et j’ai découvert ce sentiment spécial d’être totalement fasciné et pétrifié à la fois, si bien qu’on ne trouve pas la force de faire les deux mètres qui nous séparent du magnétoscope pour stopper la lecture. C’est à ce moment là que je me suis rendu compte qu’en racontant ce que j’avais vu dans ces films à des copains à l’école, en essayant de leur transmettre cette peur, je réussissais quelque part à me séparer de ma propre peur. Puis appréciant cet art de raconter des histoires qui font peur, j’ai commencé à lire beaucoup de Stephen King et évidemment cela m’a nourri, j’ai très vite voulu devenir à mon tour un passeur, un raconteur d’histoires. Vers douze ou treize ans j’ai donc commencé à écrire des nouvelles avec des créatures, la première racontait l’histoire d’une femme zombie cachée dans une cave. C’est aussi le moment où je découvre les revues spécialisées, L’Écran Fantastique et Mad Movies. C’est d’ailleurs autour de la une de l’un de ses magazines, représentant Shoker (1989) de Wes Craven que j’ai rencontré Gregory Levasseur, mon meilleur ami avec qui je travaille toujours aujourd’hui. On était en sixième, dans la cour de récré, on a discuté du film et notre amitié est née. On a commencé à écrire ensemble, à créer des maquillages….C’est avec lui que je me suis bâti plus en profondeur une culture du cinéma de genre, écumant les vidéo-clubs à la recherche de la moindre pépite. Tous les deux, nous avions le même rapport au cinéma de genre, nous y recherchions l’expérience sensitive, le fait d’être pris par les tripes, d’être entraîné de l’autre côté du miroir. »

Des débuts sous Haute Tension

« On a commencé à écrire des scénarios de longs-métrages mais pas assez aboutis, on en a pris conscience et on a décidé de commencer par la voie traditionnelle du court-métrage. On a écrit un court-métrage autour du cannibalisme et je l’ai réalisé. On a été très surpris quand le film a été pris en sélection officielle au Festival de Cannes, cela nous a propulsé dans le grand bain, et on a commencé à nous parler de longs-métrages alors qu’on avait à peine dix-huit ans ! On a donc proposé l’un de nos scénarios, celui de Furia (1999) qui a été présenté au Festival de Paris où était remis par toute une ribambelle de financeurs, des chaînes de télévision notamment, une bourse du Meilleur Scénario, nous l’avons gagné et donc avons pu très vite financer la réalisation de ce film. On a ensuite rencontré un comédien, Stanislas Merhar, il s’était engagé sur le film et quelques mois avant il avait remporté le César du Meilleur Espoir Masculin. C’était donc une sorte d’alignement de planètes inespérés qui nous a permis de passer au long-métrage. Sur le plateau de Furia mon premier long-métrage j’étais extrêmement arrogant, très sûr de moi. J’avais vingt-ans et j’étais persuadé que mon film allait être un chef-d’œuvre qui allait aller à Cannes et que tout allait être très facile. Ça ne l’a pas été. Le film a eu beaucoup de mal à sortir, il lui faudra deux ans pour qu’il débarque en salles pour finalement être un échec, à peine cinq milles entrées. Je crois qu’on apprend énormément en prenant une gifle, comme ça, en pleine gueule. C’est une expérience assez traumatisante, mais qui m’a remis d’emblée les pieds sur terre. On gardait quand même un peu espoir, car Furia avait été très bien accueilli en Angleterre et aux États-Unis, par la critique notamment, on avait donc l’impression que son échec en France était dû à une sorte d’incompréhension du public pour la science-fiction et on espérait qu’il nous permettrait quand même de traverser l’Atlantique et réaliser les films de nos rêves. Donc pendant quatre ans, on a jamais arrêté d’écrire, plusieurs scénarios sont nés durant cette période et on a continué à se former techniquement en bossant sur des tournages en tant que réalisateurs de deuxième équipe… Puis finalement on a ressorti le scénario de Haute Tension qui existait depuis la mise en production de Furia puisqu’on l’avait imaginé comme une alternative si le film ne se montait pas. Mais l’idée d’aller ensuite travailler aux États-Unis était là depuis le début, car lorsque l’on écrivait on se rendait bien compte que nos histoires n’avaient rien de franco-françaises, il y avait bien sûr toujours quelque chose dedans très inspiré par le cinéma américain des années soixante dix et quatre vingt. Il y avait l’envie, c’était un rêve, on ne pensait pas vraiment qu’un jour se serait possible. On n’a jamais été très sûrs que cela arriverait, mais on l’espérait très fortement. Après Furia, vu son succès outre-atlantique, on a rencontré pas mal de producteurs là-bas et on a un moment cru que notre rêve allait devenir réalité et que l’un de nos scénarios, qui était un thriller de science-fiction, allait pouvoir se monter là-bas. Mais cela ne s’est pas fait et nous avons donc décidé de lancer la recherche de financement de Haute Tension en France. »

La Route du Succès

« Haute Tension a été conçu comme un film post-moderne, hommage à tout ce cinéma que nous aimions. Nous nous sommes rendus compte lors de la phase de casting qu’il était véritablement compliqué de trouver des comédiens français qui peuvent exprimer des choses physiquement, sans avoir nécessairement recours aux dialogues. Mais au contraire, Cécile de France – qui venait de jouer dans un court-métrage de genre vraiment pas mal – était exactement cette actrice capable de propulser des émotions physiques sans avoir recours à la parole. Malheureusement, à ce moment-là elle n’était pas aussi connue qu’aujourd’hui et les chaines de télévision voulaient des têtes d’affiches. Cécile venait juste de tourner trois films, quasiment l’un après l’autre, qui allaient sortir à quelques mois d’intervalle, elle m’a donc conseillé d’attendre un petit peu, en espérant que son nom dise enfin quelque chose aux financeurs après la sortie de ces films. Cela n’a pas manqué puisque ces trois films que sont  A plus Polux (Luc Pagès,2001), Irène (Ivan Calbérac,2001) et L’Auberge Espagnole (Cédric Klapish, 2002) l’ont véritablement propulsée sur le devant de la scène et la plupart des gens qui avaient refusé de produire le film à cause de son casting sont revenus vers nous immédiatement. Haute Tension n’était pas encore sorti, que Luc Besson qui avait produit le film, nous a proposé de réaliser pour le compte d’EuropaCorp, sa boîte de production, le film Banlieue 13. J’ai lu le scénario et j’ai très vite compris que ce film, si je le faisais, était à des années-lumières de mon univers et de ce que j’aime dans le cinéma. Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre quant à la réception critique et publique de Haute Tension. On a pesé le pour et le contre : Banlieue 13 était un gros film, à quinze millions d’euros, à la lisière du genre et du film d’action et à ce moment là on décide que c’est idiot de passer à côté de cette opportunité et on s’est mis à travailler sur le scénario du film, on allait vraiment le tourner, les repérages avaient commencé et le casting était terminé. Mais Cyril Raffaelli, le cascadeur star du film, en s’entraînant s’est sectionné le talon d’Achille. Nous n’avons pas eu d’autres choix que de décaler le tournage de plusieurs mois. Haute Tension est finalement sorti en France et a moyennement marché, on a fait quelque chose comme cent trente mille entrées, ce qui était beaucoup mieux que Furia mais pas non plus un grand succès. Mais le film a reçu un accueil critique très positif ce qui nous a vraiment étonnés car à l’époque il y avait eu plusieurs tentatives du même type qui s’étaient faites totalement assassinées par la critique. Et puis par la suite, le film a été un succès un peu partout dans le monde et il a été sélectionné dans plusieurs festivals, notamment à Toronto et Sundance où il a rencontré un franc succès. L’un des faits important pour le film c’est aussi qu’il a été un énorme succès en DVD, un marché qui fonctionnait encore très bien à l’époque et qui permettait au cinéma de genre d’exister d’une manière encore plus absolue qu’aujourd’hui. C’est vraiment ce film qui nous a permis d’être davantage pris au sérieux, cela nous a amené une crédibilité qui nous a permis par la suite de faire d’autres films, on a abandonné la réalisation de Banlieue 13 (Pierre Morel, 2004) parce qu’on a compris que le succès de Haute Tension allait pouvoir nous permettre d’enfin traverser l’Atlantique et d’y réaliser des films qui nous ressemblaient plus, qui nous faisaient vibrer. Nous avons enfin commencé à recevoir énormément de scénarios auxquels nous nous sommes intéressés, comme par exemple le film produit par Sam Raimi, Les Messagers (Oxide Pang Chun & Danny Pang, 2007). »

Le Maître Craven

« Wes Craven est très important dans notre parcours de cinéphiles et de cinéastes, au delà de Shoker – qui n’est pas son meilleur film – mais qui nous a permis de nous rencontrer, c’est véritablement notre amour commun pour le personnage de Freddy dans Les Griffes de la Nuit (1984) qui nous a faits devenir les meilleurs potes du monde. Et quelques années plus tard, on débarque avec le scénario de Haute Tension alors qu’il n’y a quasiment pas de cinéma d’horreur en France et qu’il est vraiment très compliqué d’en faire. Trouver des financements a été très compliqué, le film n’avait beau coûter que deux petits millions cela a été un parcours du combattant de plusieurs mois voire années pour trouver l’argent pour le faire. Alors que nous avions réussi à enfin boucler le budget, l’actualité nous rattrape, un mec en banlieue parisienne poignarde sa copine avec le masque de Scream (Wes Craven, 1996). A ce moment-là, l’une des chaînes de télévision qui s’était engagée sur le financement du film se retire, et le projet Haute Tension s’écroule. Le film a finalement pu se faire grâce à l’intervention salvatrice de Luc Besson, qui a décidé de produire le film, mais le destin du film est d’une certaine manière, lié étroitement à Wes Craven et à son film Scream. Quelques années après quand le film était enfin terminé et qu’il a été présenté au Festival de Toronto puis vendu aux États-Unis, nous avions prévus de faire toute une tournée pour rencontrer des agents et des producteurs de là-bas. Le premier rendez-vous que nous avons eu était avec Wes Craven. Je m’en souviens très précisément, je me souviens du jour, c’était un vendredi, c’est une rencontre qui a tout simplement changé ma vie et ma carrière puisqu’il va me proposer de réaliser le remake de La Colline à des Yeux (1977). Ce n’était pas mon Wes Craven préféré, et tant mieux. Je pense que s’il m’avait proposé de réaliser le remake d’un de ses autres films, comme La Dernière Maison sur la Gauche, que j’adorais, je lui aurais répondu « Mais pourquoi ? Il est déjà tellement génial ! ». Je pense que c’est justement parce que je considérais l’original comme assez faible, autant d’un point de vue de la direction d’acteurs que de la mise en scène que j’ai accepté de le réaliser. Avec Gregory Levasseur on aimait quand même le scénario, l’idée, les personnages, l’histoire, donc cela nous intéressait d’en réécrire une version.

C’est vrai que quand on regarde ma filmographie il y a beaucoup de titres qui se présentent comme étant des remakes mais je pense en réalité qu’ils n’en sont pas vraiment. Il s’agit plutôt de relectures. On ne peut pas vraiment dire que Piranhas 3D (2010) est un remake du film de Joe Dante et que Mirrors (2008) à quelque chose à voir avec le film coréen dont il s’inspire. On m’a souvent catalogué comme un réalisateur de remakes, j’ai d’ailleurs reçu pendant des années et encore aujourd’hui, tous les scénarios de remake de classiques du film d’horreur mais à chaque fois j’ai la même réaction : pourquoi faudrait-il refaire ce film ? Lorsque nous avons rencontré Wes Craven et qu’il a nous demandé si nous aimerions réfléchir à refaire une version plus actuelle de La Colline à des Yeux, nous avons vite compris que lui-même n’était pas pleinement satisfait du film qu’il avait réalisé des années plus tôt et voyait dans ce remake l’opportunité de faire mieux avec cette histoire. Et quand nous sommes revenus vers lui avec cette idée de baser le scénario sur l’histoire vraie de ces tests nucléaires effectués dans le désert et sur l’impact de ses retombées radioactives sur les humains qui y vivent, il a vraiment adoré ! Je crois que justement La Colline à des Yeux est l’un de ces films que l’on peut remaker, qui se prêtent bien à une relecture contemporaine. La réalisation du film a été assez folklorique, nous avons d’abord perdu une partie du financement puisque les frères Weinstein se sont retirés du projet au dernier moment. Puis il a fallu composer avec un tournage sous le ciel plombant du Maroc, qui faisait fondre littéralement les maquillages. Nous avons été aussi pas mal en désaccord avec Wes Craven sur les questions de scénario car nous voulions appuyer sur le sous-texte politique et polémique qu’offrait cette idée d’essais nucléaires, mais lui refusait cette direction en nous disant que c’était un « truc de français » et que les Américains ne comprendraient pas cette position anti-nucléaire et anti-américaine. On a quand même réussi à tourner le scénario que l’on avait écrit, mais le conflit a continué avec Wes jusque dans la salle de montage, où il nous a clairement dit que l’on s’était trompé de film et que l’on était partis dans une direction qui n’était pas du tout celle qu’il avait voulu que l’on prenne. Ce sont finalement les premières projections tests qui lui ont fait totalement changé d’avis, le public réagissait très bien aux sujets qui lui faisaient peur et les premiers retours saluaient son retour en grande pompe. Il a pris conscience qu’il s’était trompé sur nous et sur le film et à partir de là il nous a largement protégés, puisqu’il avait le final cut et c’est grâce à lui que nous avons pu faire le film que nous avions écrit. »

L’Américain

« Ma carrière américaine s’est faite un peu en plusieurs temps, d’abord je suis arrivé là bas comme le petit frenchy qui débarque, la nouveauté du moment, la curiosité, ce qui m’a permis de réaliser La Colline à des Yeux. Mais le succès phénoménal du film au box-office américain m’a propulsé très vite au rang de « réalisateur du moment » si bien qu’on me proposait absolument tous les films, mêmes ceux qui n’avaient absolument rien à voir avec le cinéma de genre, ou des gros blockbusters de super-héros Marvel. C’est un moment clé, une situation rêvée dont on croit qu’elle perdurera ou reviendra. La réalité, c’est qu’elle ne reviendra pas ! Nous avons décidé de refuser toutes ses offres et de proposer nous-mêmes des scénarios pour réaliser des films qui seraient les nôtres et pas ceux des autres et c’est comme ça que nous avons fait Mirrors (2008) avec Kiefer Sutherland. Je voulais vraiment ce comédien parce que je l’avais beaucoup aimé dans L’Expérience Interdite (Joel Schumacher, 1990) mais à ce moment de sa carrière il était complètement entré dans son personnage de Jack Bauer dans la série 24 heures chrono (2001-2014) et il était vraiment difficile pour lui de revenir à un registre de jeu différent, plus émotionnel, dans lequel il pourrait montrer quelque chose de l’ordre du vulnérable. Cela a donc été très compliqué pour moi durant le tournage de communiquer avec lui sur cette question du jeu et même si nous avons réussi par moment à retrouver la densité d’interprétation qu’il a pu avoir auparavant, l’acteur que je dirigeais n’était plus le même que celui que j’avais aimé dans d’autres films.

Puis est arrivé Piranhas 3D (2010), où après avoir tourné une première fois l’été dans le désert pour La Colline à des Yeux – ce qui est quand même vraiment absurde – nous avons une nouvelle fois tourné dans le désert l’été pour ce nouveau film, mais cette fois, parce qu’il manquait un peu de difficultés, nous tournions sur l’eau. Lorsque l’on regarde le film on a l’impression que l’on s’est vraiment bien amusé à le faire, c’est le cas c’est vrai ce fut un tournage très festif où l’équipe passait son temps libre à se baigner, c’était vraiment en tournage en maillot de bain. Mais ce fut aussi un tournage horrible pour plusieurs raisons : le désert, la chaleur, l’eau, la 3D – nous ne pouvions pas tourner en vraie 3D à cause des problèmes de réflexions sur l’eau, donc il fallait penser constamment en 3D sans la voir – des piranhas numériques et des enfants qu’il fallait gérer. Heureusement les Weinstein, qui produisaient le film, n’étaient pas présents sur le tournage, cela aurait encore ajouté des difficultés supplémentaires. Ils nous ont plutôt protégés pour ce tournage, en nous donnant un très bon budget et les meilleurs techniciens. C’est plutôt lors de la post-production que les rapports avec eux se sont dégradés, ils n’ont pas vraiment été aussi généreux quant aux compagnies d’effets numériques qu’ils nous ont choisies, qui étaient franchement bas de gamme. Ce fut un vrai fiasco. J’ai même un moment pensé retirer mon nom du film. Nous étions au mois de juin, le film devait sortir en août et quasiment aucun effet numérique n’était terminé, alors qu’il y avait plus de quatre cent plans truqués avec des Piranhas numériques ! »

Faire du Genre en France ?

« Je ne veux pas être totalement pessimiste vis-à-vis de la jeune génération qui souhaiterait réaliser ou produire des films de genre en France. Mais il faut quand même admettre que c’est vraiment très compliqué de trouver des financements en France pour ce genre de films. L’essentiel des financements des films français se fait avec les pré-achats des chaînes de télévision, qui elles, ne sont prêtes à mettre de l’argent que pour financer des films susceptibles de faire de l’audience en prime-time, donc forcément des comédies et non pas des films interdits aux moins de douze ans voir seize ans. Et puis il y a aussi, en plus de ça, un phénomène un peu difficile à expliquer pour moi, une question primordiale, à savoir : pourquoi le public français ne supporte pas les essais, n’est pas plus demandeur, ne répond pas présent en salles pour aller voir des films de genres français, en langue française. C’est un mystère. Je ne comprends pas pourquoi des films comme A l’intérieur (Julien Maury & Alexandre Bustillo, 2007) ou Martyrs (Pascal Laugier, 2008) n’arrivent pas à trouver leur public et ce malgré des critiques plutôt positives. Les films dépassent rarement les cent milles entrées, le marché du DVD n’existe plus vraiment, il n’y a donc plus vraiment de possibilité de faire vivre ses films puisqu’ils ne peuvent pas passer à la télévision. Même le modèle de Haute Tension, à savoir des petits films français qui sont rentables grâce aux marchés internationaux est en train de s’épuiser. Il manque un réel système propre à la France qui permettrait à ses films d’exister mais cela passe d’abord par des succès en salles pour que les producteurs aient l’idée de produire ce type de films. C’est étonnant que le public français ne réponde pas présent, d’autant plus que les films d’horreurs américains font de très bons scores dans nos salles. Donc je souhaite vraiment bon courage à ceux qui voudraient aujourd’hui se lancer dans la réalisation, l’écriture ou la production de films de genre en France car ce n’est pas gagné, il y a des brèches c’est vrai, j’ai vu un film de genre français réalisé par une femme à Cannes qui est absolument génial, Grave (Julia Ducournau, 2016) et peut-être qu’il y en aura d’autres. Mais on ne va pas se mentir, il est plus facile aujourd’hui de faire traduire un scénario en anglais que de chercher des financements français pour un film de genre en français. »

Propos de Alexandre Aja
Discussion animée par Fausto Fasulo, rédacteur en chef de Mad Movies
Enregistrement par Mathieu Pluquet
Retranscription par Joris Laquittant


A propos de Joris Laquittant

Sorti diplômé du département Montage de la Fémis en 2017, Joris monte et réalise des films en parallèle de son activité de Rédacteur en Chef tyrannique sur Fais pas Genre (ou inversement). A noter aussi qu'il est éleveur d'un Mogwaï depuis 2021 et qu'il a été témoin du Rayon Bleu. Ses spécialités sont le cinéma de genre populaire des années 80/90 et tout spécialement la filmographie de Joe Dante, le cinéma de genre français et les films de monstres. Retrouvez la liste de ses articles sur letterboxd : https://boxd.it/sJxKY


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