American college


Redécouvert lors du dernier Festival International du Film d’Amiens American College, réalisé par John Landis et projeté lors d’une rétrospective qui lui est consacrée, est une comédie qui se situe au niveau zéro de la potacherie. A 28 ans le réalisateur en est à son troisième film dont le déjà potache Hamburger film sandwich et continue sur sa lancée de gamin mal élevé avec cette farce étudiante devenue au fil du temps un classique de la culture populaire et l’un des 26 films préférés de David Fincher, rien que ça.

American College

Delta, Omega mais surtout Bêta

Qu’on se le dise, bien que loin d’avoir un esprit de sérieux, la potacherie basique et primaire me passe au dessus de la tête, même si j’adore l’émoji “poop”. Tant mieux pour vous je vous épargnerai de fait un long paragraphe paraphrasant le moindre gag douteux à base de cul et de bière, vous laissant ainsi le plaisir de la découverte. American College (Animal House) c’est l’histoire d’une fraternité comme il en existe tant de l’autre côté de l’Atlantique au début des années 60, menacée de fermeture par le doyen de l’université lassé des dégâts que provoquent les étudiants. Loin de suivre l’exemple de Ferdinand et ses copains dans Peines d’amour perdues (Shakespeare, à peu prés 1598) les habitants de la maison ne se mettront pas à étudier en disant au revoir aux filles et à l’alcool. Bien que cela n’ait d’ailleurs pas marché non plus pour Ferdinand, ce qui lui vaudra sans doute la terrible punition d’être incarné par Kenneth Branagh (Love’s Labour’s Lost, 2000) plusieurs siècles plus tard dans une sombre comédie musicale… Mais je m’égare, revenons au film de Landis : la menace du doyen énerve encore plus les étudiants qui décident de foutre le bordel de façon un peu plus organisé tandis que l’autre côté, la fraternité Omega, un genre de petits chouchous premiers de la classe finissent par révéler leur côté fasciste et intéressés.American College

Ecrit à plusieurs mains, le scénario est librement inspiré des chroniques de Chris Miller dans le magazine National Lampoon, lui même spin-off du magazine The Harvard Lampoon, qui raconte les expériences, glorifiées, de Miller lorsqu’il fréquentait l’Université. Hormis cette petite trame historique, le scénario n’a ni queue (enfin si des queues on en cause pas mal) ni tête et est composé à 95% de facéties étudiantes et le film repose principalement sur le comique de répétition. John Belushi incarne d’ailleurs parfaitement le stéréotype “BDesque” de l’étudiant un peu concon et ne jurant que sur la bière. Si l’idée n’a pas traversé, à ma connaissance, l’Atlantique pour rejoindre nos fêtes étudiantes, le film bénéficie d’une scène culte la “Toga Party” une idée qui a continué de faire son chemin depuis puisqu’elle devenue une tradition. American College s’offre lors de cette même scène une bande originale qui à elle seule porte le film, la célèbre “Shout !” de Lloyd Williams, reprise plusieurs fois dans le film (mais nous on a La Boom). Basé dans les années 60 ce dernier ne manque pas d’anachronismes tant par la musique d’ailleurs que par les costumes ou accessoires utilisés mais je pense que tout le monde s’en foutait donc c’est pas grave. Enfin si un peu, mais on ne dit rien quand c’est Sofia Coppola qui le fait dans Marie-Antoinette alors que c’est beaucoup plus grave.

American CollegeAmerican College est un film fondateur, lançant la mode du “gross-out movie” qui aura fait depuis de trop nombreux petits, inspirant notamment les frères Farrelly (Dumb and Dumber, Mary à tout prix) ou encore Jude Appatow (40 ans toujours puceau, Crazy Amy).De nombreux teen-movies autour des fraternités ou des clivages dans les lycées / universités verront également le jour suite à ce film (plusieurs Bring It On, tout au long des années 2000, notamment mais encore  Damsell in distress, 2011, ou même Monsters University, 2013) ainsi que certaines séries dont la délicieuse Scream Queens que je vous encourage sincèrement à regarder. Classé parmi les plus grands films comiques selon l’American Film Institute il est également souvent cité par un certain Homer Simpson qui lui voue un culte.  American College est donc un film mettant de bonne humeur, parfait pour un vendredi soir entre copains avec des pizzas, si vous ne saviez pas quoi faire pour fêter la fin des partiels.


A propos de Angie Haÿne

Biberonnée aux Chair de Poule et à X-Files, Angie grandit avec une tendresse particulière pour les monstres, la faute à Jean Cocteau et sa bête, et développe en même temps une phobie envers les enfants démons. Elle tombe amoureuse d'Antoine Doinel en 1999 et cherche depuis un moyen d'entrer les films de Truffaut pour l'épouser. En attendant, elle joue la comédie avant d'ouvrir sa propre salle de cinéma. Ses spécialités sont les comédies musicales, la filmographie de Jean Cocteau, les sorcières et la motion-capture.

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