Sixième film de John Erick Dowdle, Catacombes nous emmène dans les profondeurs de Paris pour y découvrir un secret bien gardé mais terrifiant…
Libera te tutemet ex inferis
D’ordinaire méfiant envers les productions de John Erick Dowdle – Devil (2010) et En quarantaine (2008), le remake US de [REC], c’est lui –, je me suis volontiers laissé tenter par la bande-annonce de Catacombes, qui laissait prévoir un sujet passionnant, à savoir les phobies et traumatismes personnels qui se matérialisent – déjà utilisé dans deux piliers du film d’horreur des années 1990, Event Horizon (Paul W.S. Anderson, 1997) et Sphère (Barry Levinson, 1998). L’idée de découvrir sur grand écran une relecture des thèmes d’Event Horizon transposés dans les catacombes de Paris a fait frissonner mon esprit, encore enfantin, de cinéphage. Dans le film de Dowdle, notre héroïne s’appelle Scarlett (Perdita Weeks). Jeune archéologue, elle cherche à suivre les traces de son père et à continuer le travail auquel il a consacré sa vie : mettre la main sur l’un des objets les plus mystérieux et les plus convoités de l’Histoire, la pierre philosophale. Ses recherches vont la mener au plus profond des catacombes parisiennes, où l’alchimiste Nicolas Flamel aurait caché la pierre…
On sera plus tendres avec Catacombes qu’on ne l’a été (et qu’on continuera à l’être) avec la plupart des autres productions en found footage chroniquées sur Intervista. D’abord, parce que John Erick Dowdle a dû s’en prendre suffisamment dans la gueule avec ses autres films d’horreur, mais aussi parce que celui-ci est nettement plus réussi. C’est vrai qu’un found footage de qualité (bel oxymore), cela n’arrive que rarement, mais Catacombes peut se targuer d’être le petit dernier en date. Jolie plongée dans les profondeurs de Paris, le film a même la chance d’être l’un des trois seuls longs métrages à avoir pour décor les vraies catacombes de Paris, les deux autres n’étant d’ailleurs pas du tout des films d’horreur, puisqu’il s’agit de Paris (Cédric Klapisch, 2008) et Les Gaspards (Pierre Tchernia, 1974). Et il n’y a pas à dire, la magie opère complètement. Le cadre inédit, dont l’originalité est le gros point fort de cette œuvre qui mise beaucoup dessus pour créer son ambiance, dessert le film comme rarement dans ce genre. Il est inutile de chercher une quelconque comparaison avec The Descent comme l’ont fait jusqu’ici de nombreux critiques et spectateurs, le seul point commun entre les deux films étant le seul fait qu’il se déroule sous terre. Mais les catacombes de Paris délivrent un charme complètement opposé à celui des grottes du film de Neil Marshall : l’histoire, longue de plusieurs centaines d’années, qui se cache derrière le décor, rend le sujet du film irrésistible et, pour une fois, la mise en scène d’un film en found footage est lisible et rend hommage à la beauté inquiétante du lieu de tournage, certains passages dérangeront même les moins claustrophobes d’entre vous.
Catacombes est bien loin d’être un chef-d’œuvre, mais il reste un très bon film d’horreur qui remplit de manière intelligente son cahier des charges, notamment grâce à un script qui pioche autant du côté de l’horreur que du film d’aventure – la dernière partie du film a quelque chose d’Indiana Jones et la dernière croisade (Steven Spielberg, 1989) –, et il résulte du mélange de ces deux genres quelque chose d’aussi passionnant que terrifiant qui fait toute l’originalité du film, porté par un casting solide et des personnages jamais caricaturaux, jamais grotesques et absolument crédibles. Alors certes, on déplorera les jump scares trop faciles et une réalisation qui n’apporte rien de nouveau à ce que l’on a déjà pu voir cent fois dans les films de found footage, mais la singularité du sujet suffit à elle seule pour vous pousser à aller voir cette jolie petite découverte horrifique du moment.
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