Albert à l’Ouest 2


Le voilà enfin, le nouveau Seth MacFarlane ! Lorsque l’on vous parlait ici-même, il y a un peu moins de trois ans, de Ted, on vous le vendait comme la meilleure comédie de l’année, chose assez remarquable pour un premier film. Seulement, il est souvent difficile de renouveler une réussite aussi remarquable, mais impossible n’est pas MacFarlane, et c’est à partir du 2 juillet que vous pourrez découvrir ce drôle de western, Albert à l’ouest, qui sera sans doute la meilleure comédie de l’année. Encore  une fois.

Le couple du film Albert à l'ouest, sur la place de la ville, devant un groupe de musiciens à l'arrière-plan.

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La Belle, la Brute et le Trouillard

La tête chapeautée de Seth MacFarlane s'élève au milieu d'un troupeau de moutons dans le film Albert à l'ouest.

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Stark est devenu depuis quelques années le nom par excellence des winners, des héros qui ont la classe et qui se pavanent : d’un côté, on a Ned Stark et toute sa clique, les padre du rap game de Westeros, de l’autre Tony Stark, le BG qui chille dans sa R8 en mode push it to the limit, they see me rollin’, they hatin’… Et puis il y a Albert Stark. Le plus grand couard de l’Ouest. Un berger incompétent comme pas deux dont les moutons sont incapables de rester groupir et se baladent dans le village ou se retrouvent coincés sur le toit de sa maison. Un éternel peureux, qui fuit les duels au soleil et qui a mis au point une chorégraphie un peu primaire avec son meilleur pote pour faire croire qu’ils se battent eux aussi lors des bagarres générales dans le saloon. Et c’est à cause de sa peur chronique de tout qu’Albert (Seth MacFarlane) se fait lâcher par sa meuf, Louise (Amanda Seyfried) ; et puisqu’il y a un million de façons de mourir dans l’Ouest, il pense d’abord à se suicider, pour finalement se raviser et se décider à partir en Californie. Lorsqu’il croise le chemin d’Anna (Charlize Theron), pourtant, il change progressivement d’avis ; ce qu’il ne sait pas, c’est qu’Anna partage déjà un mariage malheureux avec Clinch Leatherwood (Liam Neeson), le plus rapide tireur du Far West, bien décidé à reprendre ce qui lui appartient.

Pari compliqué que celui de vouloir réaliser un western de nos jours, vu la quasi-inexistence du genre depuis un petit bout de temps – dites-vous que Django Unchained n’était pas un western, et vous verrez que les quelques westerns sortis depuis Impitoyable (Clint Eastwood, 1992) sont tous très bons, mais sont tous très peu. Le poids qui reposait sur les épaules de MacFarlane était donc celui d’offrir à la fois un film de qualité qui sache satisfaire les amateurs de western et qui soit aussi drôle que Ted. Et lorsque défile le générique de début, on se sent un peu comme Eddy Mitchell, gamin, qui voyait Gary Cooper qui défendait l’opprimé : on regarde sur l’écran large les vastes étendues arides par-dessus lesquelles viennent s’imprimer, en lettres géantes, les noms des acteurs qui défilent en fondu. Le doute n’est pas permis : c’est un western à l’américaine qui nous sera proposé, pas encore un autre film qui s’amuse à singer Sergio Leone. Un long métrage qui présente autant de respect pour ses aînés qu’il prend du plaisir à tourner en dérision certains éléments propres au western – les évocations autour des photos de l’époque sont impayables, de même que les scènes au bordel.

Dans une foire du Far West, Charlize Theron tente une cible avec deux revolvers, sous le regard inquiet de deux hommes et d'une femme, scène du film Albert à l'ouest.

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Seth MacFarlane nous régale de bout en bout avec un humour qui ne verse jamais dans la parodie – le cas échéant, il aurait pu appeler son film Cowboy movie – mais qui préfère faire rire en utilisant surtout l’absurde, une petite dose de gore, beaucoup d’humour gras (qui force peut-être un peu trop sur la dose scato) et, évidemment, les excellentes blagues et références cinématographiques, parmi lesquelles la meilleure de l’histoire, et je pèse mes mots. Et si MacFarlane campe un personnage amusant sans qu’il ne devienne une révélation pour autant, c’est toute la galerie de seconds rôles qui brille par les explosions de rires qu’elle déclenche : Giovanni Ribisi et Sarah Silverman, géniaux en couple de braves catholiques fous amoureux qui ne veulent pas consommer avant leur union (elle est une prostituée), Neil Patrick Harris en insupportable moustachu imbu de lui-même qui danse et chante un mémorable hymne à la moustache… Sans oublier toute la galerie d’apparitions plus ou moins surprises, dont un Ryan Reynolds qui, encore une fois, n’a droit qu’à un plan. En face, le dosage est efficace puisque Liam Neeson et Evan Jones campent de vrais méchants, tandis que Charlize Theron est la cowgirl la plus sexy de l’histoire du western, avec un côté badass qui lui sied à merveille

Lorsqu’il vantait les mérites de Ted ici même il y a quelque temps, votre serviteur était bien loin d’imaginer ce que son réalisateur était capable de réserver pour la suite. Une excitation, de la peur et beaucoup de curiosité qui ont suscité un vrai intérêt pour Albert à l’Ouest – traduction dégueulasse de A Million Ways to Die in the West – et que la découverte du film a permis de calmer, prouvant ainsi que Seth MacFarlane est indéniablement le meilleur réalisateur de comédies américaines de sa génération.


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.


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2 commentaires sur “Albert à l’Ouest