Horreurs nazies – Le camp des filles perdues


Ce mois-ci, Artus Films nous gâte en raretés du cinéma de genre italien. Horreurs nazies, retitrage du film Le camp des filles perdues – Sadisme SS (plus racoleur que ça, tu meurs), est, comme son nom l’indique, une belle comédie romantique avec Meg Ryan, comme nous avons l’habitude d’en chroniquer dans ces pages. Allons, depuis quand faisons-nous de la publicité mensongère ?

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Salauds, ou les 90 minutes de pogrom

La nazisploitation, LE sous-genre par excellence du cinéma d’exploitation, est peut-être aussi celui qui repousse le plus, du fait des thèmes sensibles qu’il traite. Pourtant, tout le monde se souvient d’Ilsa, car jamais une représentation de la barbarie nazie n’aura connu de tortionnaire plus hot, plus sexy et mieux foutue que Dyanne Thorne, qui interprète la « louve des SS ». Seulement, si la série des Ilsa est devenue culte, il est loin d’en être de même pour les autres productions qui, après le succès du film de Don Edwards (mais cherchant aussi à surfer sur les films-scandales de Liliana Cavani et surtout de Pasolini), fleurissent par dizaines en Europe, et surtout en Italie, en cherchant d’aller toujours plus loin dans la surenchère de violence mais en étant toujours plus bas dans le budget et dans le talent. Artus Films nous en sort un bel exemple ce mois-ci, avec Le camp des filles perdues de Sergio Garrone, qui fait partie de ces titres cultes de la nazisploitation à budget zéro.Horreurs-02

Comme (presque) toujours, le film s’ouvre en avertissant le spectateur : « Les faits relatés dans ce film se sont réellement déroulés en Pologne ». Et comme (presque) toujours, l’avertissement aurait dû ressembler à : « Attention les cocos, le film que vous allez voir est un naze-isploitation ». Comme (presque) toujours, le pitch est celui-ci : des femmes juives sont prisonnières d’un camp en Pologne et servent à des expériences faites par des cinglés adorateurs du teckel à moustache, mais aussi à se faire ramoner la cheminée (et là, il n’y a aucun jeu de mots) par des soldats en permission qui semblent être sortis tout droit de Police Academy (sauf celui qui ressemble au chanteur de la Bamba triste), et qui se trouvent être, eux aussi, des victimes de l’expérience. Sergio Garrone, qui s’était d’abord spécialisé dans les fausses suites du Django de Corbucci (comme tout réalisateur de westerns spaghetti), s’est trouvé, avec ce long métrage, une petite vocation pour le film de torture nazi. Sauf que Sergio Garrone a toujours été meilleur dans ses westerns, de sympathiques petites productions qui ne rivalisent certes pas avec les Leone, les Sollima et compagnie, mais qui sont bien au-dessus de beaucoup d’autres.

En soi, le film n’a pas vraiment d’intérêt, puisque même (surtout, pardon) les scènes de tortures sont mal faites, notamment celle de la pauvre fille plongée dans une cuve d’eau brûlante, puis glacée, et qui finit par mourir gelée par un fabuleux jeu de champ/contrechamp (le gel étant représenté par du plâtre qui recouvre en partie de le corps de la fille et qui flotte dans l’eau). Je Horreurs-3Dpasse rapidement sur tout ce qui ne va pas dans le film, retenons surtout qu’il s’agit d’un bon gros nanar dans lequel on zoome sur tout et n’importe quoi (des fronts, le centre d’une croix gammée), dans lequel tous les acteurs, en plus d’être dans le non-charisme constant, sont laids (et les doublages, aussi bien l’italien que le français, n’arrangent rien), et dans lequel on trouve des répliques à se tordre.

Le DVD, en revanche, est on ne peut mieux fourni ! Sans miser sur la quantité en ce qui concerne les bonus, il cherche surtout la qualité : le film en lui-même profite des deux versions audio (l’originale italienne et la française) et du générique français d’époque (un fait tellement rare qu’il mérite amplement d’être mentionné). Côté bonus, on a droit aux habituelles photos et diaporamas accompagnés de la bande-annonce, mais les gourmands de cinéma de genre que nous sommes seront ravis puisqu’en plus de cela, on y trouve aussi la version originale italienne du générique d’ouverture, puis un long entretien avec le réalisateur Sergio Garrone et, cerise sur le gâteau, un documentaire de 52 minutes sur la nazisploitation présenté par Eric Peretti, que l’on retrouve souvent dans les bonus vidéo de cette maison d’édition. Chez Artus, ils savent que le cinéma de genre est un cinéma d’habitués et de passionnés, ils connaissent la frustration de ne trouver que de temps en temps des bonus satisfaisants sur tel ou tel film culte, bref, ils osent, et c’est ça qu’on aime !

Valentin Maniglia


A propos de Valentin Maniglia

Amoureux du bis qui tâche, du gore qui fâche, de James Bond et des comédies musicales et romantiques. Parle 8 langues mortes. A bu le sang du Christ dans la Coupe de Feu. Idoles : Nicolas Cage, Jason Statham et Michel Delpech. Ennemis jurés : Luc Besson, Christophe Honoré et Sofia Coppola.

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